Le gouvernement dément catégoriquement les rumeurs selon lesquelles le Maroc retournerait à la subvention publique des hydrocarbures. Il serait question d’un plafonnement des prix comme c’est le cas en Belgique. Explications.
La rumeur a enflé ces dernières semaines sur un éventuel retour à la subvention des prix des hydrocarbures. Mais du côté du gouvernement c’est un non catégorique. Il n’est pas question d’un quelconque retour aux subventions publiques mais plutôt d’un plafonnement des prix des hydrocarbures comme c’est le cas en Belgique notamment. Une solution pour laquelle la majorité comme l’opposition sont favorables.
Aucun retour en arrière possible
Dans un entretien accordé à nos confrères du journal « Les Ecos », Aziz Rabbah, ministre de l’Energie, des Mines et du développement durable a mis fin aux spéculations des médias nationaux en rejetant l’éventualité d’un retour en arrière. Il explique notamment que la libéralisation des prix est « irréversible » et confirme que le gouvernement, par le biais du ministère des Affaires générales, est en train de travailler sur un système de plafonnement des prix à la vente. D’ailleurs, le ministre des Affaires générales, Lahcen Daoudi, a enfoncé le clou en parlant d’un sujet « non discuté » et de « simples rumeurs ».
Aussi, la majorité comme l’opposition parlementaire sont d’accord sur la nécessité d’établir des mesures de plafonnement des prix des carburants et d’évaluer l’efficacité de la politique de libéralisation du secteur des hydrocarbures. C’est notamment le cas du Premier secrétaire de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) qui a insisté auprès de nos confrères de TelQuel sur l’urgence de tout remettre à plat et de donner la possibilité aux autorités d’intervenir, notamment sur le volet logistique et transport en cas de hausse vertigineuse des tarifs. De ce fait, Driss Lachguar impute la responsabilité au parti de la Lampe et en première ligne à l’ancien Chef du gouvernement Abdelilah Benkirane. « Pour nous, il faut revenir à l’origine du problème. Quand le gouvernement Benkirane avait décidé de libéraliser les prix, nous avions dit qu’il fallait mettre en place des mécanismes d’accompagnement, et donner les moyens au Conseil de la concurrence pour qu’il puisse s’acquitter de sa mission. Imaginons que, demain, on se retrouve avec un litre d’essence à 30 dirhams. Comment va-t-on se comporter ? », souligne-t-il.
Les 17 milliards de dirhams de bénéfices en trame de fond
Du côté de la Fédération de la Gauche Démocratique (FDG), son représentant à la commission des Finances, Omar Balafrej, a déposé trois recommandations qu’il aimerait voir intégrées aux dix-neuf déjà inscrites dans le rapport sur le prix des carburants.
Il suggère, en premier lieu, d’adopter, d’ici fin juin, une loi de finances rectificative, afin d’inclure une contribution exceptionnelle des entreprises pétrolières. « Les dix-sept milliards de marges qu’elles ont réalisées depuis la libéralisation sont une base de travail qu’on peut discuter, mais il faut que le gouvernement prenne au sérieux cette proposition », a déclaré Omar Balafrej à nos confrères de TelQuel.
Il souhaite, avant fin mai, que les opérateurs du secteur restituent au minimumles trois milliards de dirhams que l’État leur avait alloués en 2014-2015 pour augmenter leur capacité de stockage. Enfin, à la même échéance, le parlementaire demande à ses pairs de lancer une commission d’enquête qui poursuivrait le travail de la commission d’information, en auditionnant notamment les dirigeants des groupes pétroliers.
Il est à rappeler que le Parlement a rendu public un rapport sur les prix des carburants qui a démontré une augmentation des marges engrangées par les distributeurs depuis la libéralisation des prix en 2015. Les parlementaires y ont calculé la différence entre les tarifs à la pompe – incluant les marges réalisées avant la libéralisation -, et ceux affichés actuellement, qui frôlent parfois un dirham. Sur les quinze jours suivant le 2 novembre – les cours internationaux avaient amorcé leur hausse -, le litre d’essence se vendait en moyenne à 10,84 dirhams, alors que le prix théorique calculé par la mission est de 9,97 dirhams. C’est d’ailleurs Omar Balafrej qui a donné une estimation selon laquelle les pétroliers auraient encaissé 17 milliards de dirhams additionnels par rapport à ce qu’ils gagnaient avant la libéralisation.
Source:lesinfos.ma
Source url:https://bit.ly/2s5pMYH