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Enchères : Veni, vidi, … vinyles !

Enchères : Veni, vidi, … vinyles !

Le marché des vinyles rares et des CD dédicacés séduit les collectionneurs, mais attention aux pièges. Entre authenticité et état de conservation, ce milieu exige expertise et vigilance pour espérer transformer ces trésors en fortune. Plongée dans un univers où chaque détail compte.

 
 
Dans la pénombre feutrée d’une salle des ventes casablancaise, le temps suspend son vol. L’air vibre d’une tension palpable, mélange d’attente et d’appréhension. Dans ce palace hautement étoilé, pas de toiles de maîtres ni de bijoux rutilants, mais des trésors d’un autre genre : vinyles rares et CD dédicacés, témoins d’une époque révolue, prêts à changer de mains pour des sommes parfois mirobolantes.
 
Ici, les collectionneurs avertis songent encore à un épisode qui s’est déroulé il y a quelques années à Paris: le marteau du commissaire-priseur s’abat dans un claquement sec. « Adjugé vendu pour 12000 euros ! » La salle retient son souffle. L’objet du désir ? Un vinyle des Beatles, pressage original de 1968, dont la pochette n’a jamais été ouverte. Pour le collectionneur qui vient de l’acquérir, c’est le Graal, la pièce manquante d’un puzzle patiemment assemblé au fil des années. Le marché des enchères ne connaît pas le mot impossible.
 
Mais attention, collectionneurs en herbe ou chevronnés, le chemin vers la fortune grâce à vos trésors musicaux est semé d’embûches. Pour chaque pépite qui s’arrache à prix d’or, combien de disques dormant dans vos tirroirs ne valent guère plus que le prix d’un café dans un quartier huppé ?
 
« Le marché des vinyles et des CD de collection est un microcosme fascinant, mais impitoyable », confie Mathieu, un Français expatrié au Maroc, adepte des « khourdas » de Derb Ghallef.  « La rareté ne fait pas tout. L’état de conservation est primordial, tout comme l’authenticité pour les pièces dédicacées ».
 
Prenez ce CD de Michael Jackson, signé de la main du King of Pop lui-même. Sans certificat d’authenticité, sa valeur s’effondre. Les faussaires excellent dans l’art de la contrefaçon, au point que même certains experts s’y laissent parfois prendre. Alors, comment naviguer dans ces eaux troubles ?
 
Première règle d’or : la documentation. Chaque disque, chaque signature doit avoir son histoire, sa provenance clairement établie. Les maisons de ventes sérieuses exigent des preuves irréfutables avant de mettre un lot aux enchères. Pour le collectionneur privé, c’est un travail de fourmi, un patient assemblage de preuves et de témoignages.
 
Deuxième commandement : l’état de conservation. Un vinyle des années 60 conservé dans sa pochette d’origine, jamais joué, peut valoir une petite fortune. Le même disque, écouté mille fois, rayé par des aiguilles maladroites, ne vaudra que quelques dizaines de dirhams. Pour les CD, méfiez-vous des rayures, ces ennemies invisibles qui peuvent transformer un trésor en vulgaire frisbee.
 
« L’œil du connaisseur fait toute la différence », explique Mathieu. « Il faut savoir repérer les défauts invisibles pour le profane, mais rédhibitoires pour un collectionneur averti. Une pochette légèrement cornée, une étiquette mal centrée, autant de détails qui peuvent faire chuter le prix d’un vinyle rare de plusieurs milliers de dirhams », continue-t-il.
 
Le marché évolue aussi au gré des modes et des redécouvertes. Tel groupe oublié des années 70 peut soudain revenir sur le devant de la scène, propulsant la valeur de ses vinyles originaux vers des sommets inattendus. À l’inverse, certaines valeurs sûres d’hier se retrouvent aujourd’hui boudées par les collectionneurs.
 
« Il faut avoir du flair, de la patience, et une solide connaissance du marché », résume le mordu de vinyles. « C’est pour cela que j’adore chiner à Casablanca. Les meilleures affaires se font souvent là où on ne les attend pas. J’ai vu des collectionneurs dénicher des pépites dans des brocantes de village, pour quelques euros, et les revendre des années plus tard pour des sommes à cinq chiffres. »
 
Mais gare à l’excès d’optimisme. Pour chaque success-story, combien de déceptions ? Le marché des enchères musicales est un terrain de jeu pour initiés, où l’émotion doit céder le pas à la raison. Ce CD que vous pensiez être une pièce unique ? Il en existe peut-être des centaines d’exemplaires identiques. Ce vinyle que vous gardez précieusement depuis des décennies ? Sa valeur réelle est peut-être bien en deçà de vos espérances.
 
Alors, collectionneurs de tous horizons, avant de penser aux millions que pourraient vous rapporter vos trésors musicaux, prenez le temps de vous informer, voire de vous former. Fréquentez les salles des ventes, échangez avec les experts, plongez-vous dans les catalogues spécialisés. La connaissance est votre meilleure alliée dans ce monde où la frontière entre le trésor et le boulet est parfois ténue.
 
Houda BELABD
 

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