Journée de l’habitat : Des progrès tangibles mais l’équilibre se fait encore attendre

Chaque année, le premier lundi d’octobre marque une date cruciale dans l’agenda international : la Journée mondiale de l’habitat. Instaurée en 1985 par l’Assemblée Générale des Nations Unies, cette journée est bien plus qu’un simple rappel de l’importance du logement. Elle offre une plateforme mondiale pour sensibiliser les gouvernements, les acteurs urbains et les citoyens à la nécessité d’améliorer l’accès à un logement adéquat et à des services de base pour tous. Alors que le monde continue de se remettre des chocs causés par la pandémie de Covid-19, l’édition de cette année se penche sur un thème d’une actualité brûlante : “Des économies urbaines résilientes : Les villes, moteurs de la croissance et de la reprise”.
 

L’accès au logement occupe une place centrale dans l’objectif n°11 des Objectifs de Développement Durable (ODD), qui vise à créer, d’ici 2030, des villes et communautés inclusives, sûres, résilientes et durables. Cet objectif est crucial pour la transformation des sociétés urbaines mondiales, confrontées à des défis croissants liés à la densité de la population, à l’étalement urbain et aux inégalités sociales. Offrir un logement adéquat, abordable et adapté ne se limite pas à améliorer les conditions de vie, mais constitue également un puissant levier pour lutter contre la pauvreté, réduire les disparités socio-économiques et renforcer la cohésion sociale. En investissant dans le logement, les États peuvent atténuer les effets des migrations rurales-urbaines, souvent à l’origine de la prolifération des bidonvilles et des habitats informels.

De plus, l’accès au logement est indissociable des enjeux environnementaux. En intégrant des normes de construction durables et en promouvant des pratiques écologiques, les politiques de logement contribuent directement à la réduction de l’empreinte carbone et à l’adaptation aux changements climatiques. Les infrastructures de logement, lorsqu’elles sont bien conçues, favorisent une meilleure gestion des ressources énergétiques et hydriques, tout en minimisant les risques liés aux catastrophes naturelles. Cela est d’autant plus pertinent dans les régions vulnérables aux phénomènes climatiques extrêmes, comme certaines zones côtières ou arides.

Ainsi, l’objectif n°11 des ODD, à travers une approche intégrée du logement, est au cœur d’une stratégie globale visant à bâtir des villes plus résilientes, capables de répondre aux besoins démographiques et climatiques de demain. En adoptant une telle vision, les États participent non seulement à la construction d’environnements urbains viables, mais aussi à l’émergence d’un monde plus équitable et durable.
 

Au Maroc, l’urbanisation rapide a entraîné une pression accrue sur les ressources en logement et les services publics. Conscient de ces enjeux, le gouvernement marocain a multiplié les initiatives pour répondre à la demande croissante en matière de logement, tout en luttant contre l’habitat insalubre. Parmi ces initiatives, l’adoption de projets ambitieux de création de nouvelles villes, telles que Tamesna et Tamansourt, visait à absorber le boom démographique urbain et à offrir des conditions de vie adéquates aux populations.

Le programme d’aide au logement, soutenu par l’État, a été lancé début 2024 et a rencontré un fort engouement, avec plus de 1,5 milliard de dirhams alloués à plus de 18.000 bénéficiaires jusqu’au 31 juillet 2024. Ce programme, qui vise à soutenir jusqu’à 110.000 familles par an, sera reconduit en 2025 et se poursuivra jusqu’à l’expiration de la Loi de Finances 2028. Ce soutien direct à l’accession au logement renforce les efforts nationaux pour améliorer l’accès au logement, en particulier pour les familles de la classe moyenne.

En parallèle, pour éradiquer l’habitat insalubre, notamment les bidonvilles, le PLF 2025 intégrera un programme de relogement ambitieux visant à reloger 120.000 familles à travers le pays. L’objectif est de déclarer toutes les villes marocaines «Villes sans bidonvilles » d’ici 2029, un programme initialement lancé en 2004, récemment relancé avec un nouveau mode de financement adapté aux besoins actuels. Des expériences pilotes, à Casablanca et Rabat, ont déjà été lancées en début d’année et sont appelées à se généraliser pour accélérer l’éradication de ce fléau.
 

Le Mondial 2030, pour lequel le Maroc est co-hôte, agit comme un levier de développement majeur pour le pays. Selon la lettre de cadrage du PLF 2025, datée du 6 août, cet événement offre une opportunité unique pour renforcer les infrastructures urbaines, développer les villes hôtes et améliorer leur attractivité. Ce projet sera l’occasion pour le Maroc de mettre en valeur ses atouts économiques, sportifs et culturels, tout en renforçant son positionnement sur la scène internationale. Le gouvernement s’engage donc à accélérer les programmes de développement au cours des six prochaines années, garantissant que les villes marocaines soient prêtes à accueillir dignement cet événement historique.

En outre, l’Exécutif poursuivra la déconcentration administrative, avec un accent particulier sur la révision des structures organisationnelles et la mise en place de représentations administratives régionales, dans le but de transférer davantage de compétences aux services déconcentrés. Cette réforme vise à renforcer l’efficacité de l’investissement régional et à soutenir le développement local.

La Journée mondiale de l’habitat de cette année met en lumière l’urgence de créer des villes capables de répondre aux besoins d’une population en croissance tout en restant résilientes face aux crises à venir. Avec des programmes ambitieux tels que l’éradication des bidonvilles, le soutien massif au logement et les préparatifs pour le Mondial 2030, le Maroc trace une feuille de route claire vers un avenir urbain durable et inclusif. En unissant ses efforts autour de ces grands chantiers, le Royaume se positionne comme un acteur clé dans la transformation des villes et la promotion de politiques de logement équitables et résilientes.