Si elle décide de migrer vers la peinture à l’huile, laissant de côté son land acrylique, l’artiste n’oublie pas son approche géométrique qui n’est pas à redéfinir. Elle s’y emploie avec grande finesse et le prouve dans ce « Interlude » qui se tient à la galerie casablancaise 38 du 17 octobre au 16 novembre. On nous parle de maturité, mais une maturité qui s’inscrit dans la continuité. En 2022, nous parlions d’elle en ces termes. Plagions-nous alors.
Sa relation avec l’art ressemble aux rapports d’un couple qui donne pour surprendre. Humaine à outrance, elle constate, rend compte et donne à réfléchir. Elle convoque le mécanique pour ensuite l’adoucir, se jette à bras-le-corps dans des décompositions vertigineuses, pose son empreinte sur des surfaces qui ont du mal à s’aplatir. Partageons ce fragment d’un poème que l’artiste choisit de ne pas titrer : « Et moi je rêve de silence / Pendant que je me transforme en bruit / Mon essentiel est habité par des envies qui ne sont pas miennes / Je les traine comme des chaines. » C’est que ça bouillonne dans l’esprit de cette grande fille qui sait de quoi elle cause : dessinatrice, peintre, sculpteure et installatrice, elle n’oublie pas de fouiner dans l’univers du digital.
Un « plusieurs en un » qui la rapproche du multilinguisme plastique qu’elle compte continuer à déclamer. Elle use du présent narratif que seuls les esprits au passé simple voient en parfait conditionnel. Elle se raconte, nous conte, clame l’immédiat qui la fait avancer. Mohammed Kacimi disait : « Je suis un peintre qui cesse de parler au nom des ancêtres. Je suis plus intéressé par la mutation, le questionnement. L’interrogation d’une pensée envoûtante, sorcière, magique, déroutante, souvent en anachronisme avec mes préoccupations temporelles. » Alors, les œuvres de Meriam s’identifient-elles à une quelconque mutation et spécifiquement à l’art contemporain ? Si le contemporain est fraîcheur, elle y a contemplativement sa place. S’il est générique, elle l’accompagne tout au plus. Aucune comparaison avec d’autres artistes qui nagent dans pareilles eaux n’est à conseiller face à ce qui ressort de la fluidité hachée et agréablement soutenue du langage de Meriam Benkirane. Subjectivité et continuel mouvement prennent à la gorge cette agitatrice qui sait respirer du nez.
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