Israël, en guerre contre le Hezbollah, accuse le mouvement libanais d’acheminer des armes via le principal poste-frontière entre la Syrie et le Liban.
Son armée n’a pas commenté dans l’immédiat cette frappe, qui intervient après que 310.000 personnes, principalement des Syriens, ont fui ces derniers jours la guerre entre Israël et le Hezbollah au Liban pour se rendre en Syrie.
La frappe israélienne fait suite à une nuit de bombardements intenses sur la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah, où le chef du mouvement Hassan Nasrallah a été tué le 27 septembre dans un raid dévastateur israélien.
D’après le site américain Axios, qui cite des responsables israéliens, Hachem Safieddine, potentiel successeur de Hassan Nasrallah à la tête du Hezbollah, aurait été visé par ces bombardements. L’armée israélienne, interrogée par l’AFP, n’a pas confirmé.
Selon l’agence de presse officielle libanaise ANI, « des avions de combat ennemis ont mené un raid sur la zone de Masnaa, entraînant la coupure de la route internationale » entre la Syrie et le Liban. C’est dans cette zone située dans la vallée de la Békaa que se trouve le principal poste-frontière avec la Syrie.
« La route qui mène au principal point de passage humanitaire pour des milliers de Libanais vers la Syrie est désormais coupée après une frappe israélienne », a déclaré à l’AFP le ministre libanais des Transports Ali Hamieh.
Dans le même temps, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi est arrivé vendredi à Beyrouth.
Sa visite intervient alors que le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, devait diriger vendredi la grande prière hebdomadaire et prononcer un prêche qui pourrait donner le ton des plans de l’Iran, après une attaque iranienne de missiles mardi contre Israël.
Cette rare prise de parole devait aussi intervenir trois jours avant le premier anniversaire de l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza, le 7 octobre 2023.
Au lendemain du début de cette guerre, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en soutien au Hamas, son allié. Après des échanges de tirs transfrontaliers entre les deux camps, Israël a intensifié sa campagne de bombardements au Liban depuis le 23 septembre ciblant selon son armée des centaines de cibles du Hezbollah.
L’armée israélienne a mené dans la nuit de jeudi à vendredi des raids intenses contre la banlieue sud de Beyrouth, dévastée et désertée par ses habitants.
Des images de l’AFP montrent des boules de flammes géantes s’élevant du secteur, avec une épaisse fumée et des fusées éclairantes.
« Le sol a tremblé sous nos pieds. Le ciel s’est illuminé » à cause de la force des frappes, a confié à l’AFP Mohammed Sheaito, un chauffeur de taxi de 31 ans.
Jeudi, l’armée israélienne a affirmé qu’elle continuerait à infliger des « coups sévères » au Hezbollah, après trois jours de combats au sol contre le mouvement islamiste armé dans le sud du Liban qui ont coûté la vie à neuf de ses soldats.
Selon des chiffres officiels, près de 2.000 personnes ont été tuées au Liban en un an de violences transfrontalières entre le Hezbollah et l’armée israélienne, dont plus d’un millier depuis le 23 septembre. Le gouvernement libanais estime à environ 1,2 million le nombre de déplacés.
Près d’un an après le début de la guerre à Gaza, Israël avait annoncé à la mi-septembre déplacer l’essentiel de ses opérations vers le front nord, à la frontière libanaise.
Il a affirmé qu’il combattrait le Hezbollah jusqu’à la « victoire », afin de permettre le retour d’environ 60.000 habitants des régions frontalières déplacés depuis un an par les tirs de roquettes incessants du mouvement chiite vers le nord de son territoire.
La guerre désormais ouverte entre Israël et le Hezbollah s’accompagne d’une escalade entre Israël et l’Iran, qui a tiré mardi près de 200 missiles sur le territoire israélien, entraînant des menaces croisées de représailles entre les deux pays et de nouvelles craintes concernant un embrasement du Moyen-Orient.
L’Iran a affirmé riposter à l’assassinat de Hassan Nasrallah et à celui d’Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas tué le 31 juillet dans une attaque à Téhéran imputée à Israël.
« Nous pouvons éviter » une « guerre totale » au Moyen-Orient, a affirmé jeudi le président américain Joe Biden.
Il avait dit être « en discussion » avec Israël sur d’éventuelles frappes contre les installations pétrolières de l’Iran, un pays qui fait partie des dix plus grands producteurs de pétrole. Les cours du pétrole avaient bondi après cette déclaration.
En Cisjordanie occupée, l’Autorité palestinienne a annoncé jeudi soir la mort de 18 personnes dans une frappe israélienne sur le camp de réfugiés de Tulkarem. L’armée israélienne a affirmé y avoir « éliminé » un chef local du Hamas, Zahi abd al-Razaq, alias Zahi Oufi.
Une offensive israélienne se poursuit parallèlement sur la bande de Gaza, dévastée et assiégée depuis un an.
LibérationRead More