Selon des sources bien informées, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est entretenu, récemment, avec son homologue marocain, Abdelouafi Laftit. Paris sollicite la coopération de Rabat pour accélérer la cadence de renvoi des migrants illégaux. Détails.
Fraîchement nommé à la tête du ministère de l’Intérieur, Bruno Retailleau fait désormais de la question migratoire une priorité. Conservateur assumé, l’ancien sénateur LR veut à tout prix s’attaquer à l’épineux dossier des migrants illégaux, notamment ceux faisant l’objet de l’obligation de quitter le territoire nationale (OQTF), dont il veut accélérer l’exécution. Cela a été au cœur d’un entretien entre le locataire de Place Beauveau et son homologue marocain, Abdelouafi Laftit, apprend-on de sources bien informées.
Il s’agit du premier contact direct entre les deux responsables. Le nouveau ministre de l’Intérieur veut se montrer ferme sur cette question en allant jusqu’au bout dans les procédures de refoulement des migrants sommés de quitter le territoire. En France, on ne parle que de cela. On se plaint de la faible cadence d’expulsion des migrants clandestins dont certains commettent parfois des actes criminels.
Retailleau veut prolonger la durée de rétention administrative des personnes sous OQTF et appliquer la directive dite « retour » pour précipiter le renvoi des migrants clandestins. Le ministre vendéen n’exclut pas d’envoyer les irréguliers dans des pays tiers à l’image de ce que voulait faire le gouvernement britannique au Rwanda avant de se rétracter. Encore faut-il une étroite coordination avec les pays d’origine. Un défi majeur pour le nouveau ministre qui fait manifestement appel à la coopération du Maroc dans ce domaine. Il est en quête des fameux laissez-passer consulaires indispensables au rapatriement des personnes indésirables dans l’Hexagone.
Ce sujet devrait être au cœur des discussions, lors de la prochaine visite du président Emmanuel Macron au Maroc, prévue à la fin du mois. Jusqu’à présent, on ignore si Bruno Retailleau sera aux côtés du Chef de l’Etat français, lors de son déplacement. « La délégation officielle, qui accompagnera le président, n’est pas encore connue », confie une source marocaine.
Le Royaume, rappelle notre interlocuteur, a montré, par le passé, sa prédisposition à coopérer avec volontarisme pour le rapatriement des migrants expulsés. En témoigne le cas de l’Imam Hassan Iquioussen qui a fini par être rapatrié, en janvier 2023, à la mère patrie, alors que la crise diplomatique entre Rabat et Paris battait son plein. « Cela montre à quel point les autorités marocaines sont engagées vis-à-vis des pays partenaires, encore faut-il qu’il y ait une étroite coordination pour examiner minutieusement les profils des personnes refoulées », insiste un autre haut responsable.
Du côté français, l’optimisme reste de mise. Lors de son dernier déplacement au Royaume, l’ancien ministre Gérald Darmanin a salué la coopération franco-marocaine dans le domaine sécuritaire qu’il considère exemplaire. « Sans nos amis marocains, et l’excellence de la police judiciaire marocaine, la France serait plus en danger qu’elle ne l’est », a-t-il déclaré après une rencontre cordiale avec Abdelouafi Laftit.
Darmanin avait également fait part de sa volonté de réunir les services techniques des deux ministères pour traiter ensemble des sujets d’intérêt commun. Une ambition que porte son successeur.
Ce dossier épineux ne date pas d’aujourd’hui. Dès 2021, alors que la pandémie réduisait fortement la mobilité entre les deux pays, à cause des restrictions imposées aux frontières, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, avait fait savoir que le Maroc coopère pleinement lorsqu’il avait réagi à la réduction des visas aux ressortissants marocains en représailles à la prétendue faible coopération du Royaume dans l’exécution des OQTF. Chiffres à l’appui, le Chef de la diplomatie marocaine a indiqué avoir, à l’époque, plus de 400 laissez-passer consulaires en quelques mois.
Actuellement, sous pression au moment où l’affaire du meurtre de Philippine par un ressortissant marocain, visé par une décision d’expulsion, a provoqué l’indignation en France. Très médiatisée, cette affaire a été au cœur des débats à l’Assemblée nationale. Dès sa première apparition à l’Hémicycle du Palais Bourbon en tant que ministre, Bruno Retailleau a dit être assuré et qu’il ne se résignera pas à l’inaction.
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