En effet, un certain nombre de spécialistes ne cachent pas leur inquiétude quant à l’utilisation excessive de ces outils de communication dans les écoles, compte tenu de leur impact potentiel sur la santé physique et psychologique des élèves, ainsi que sur leur capacité à se concentrer et à assimiler les cours.
Pour Mohamed Bentaleb, assistant social au ministère de l’Education nationale, du Préscolaire et des Sports, l’utilisation des téléphones portables dans les établissement scolaires « remet en cause les valeurs de socialisation de l’individu au sein de la famille comme à l’école et s’impose, désormais, comme un espace de socialisation numérique qui conteste les valeurs des institutions sociales traditionnelles ».
Dans une déclaration à la MAP, il a souligné que l’utilisation excessive du téléphone portable « constitue un risque pour la santé physique et psychologique de l’apprenant » et engendre chez certains élèves des troubles visuels, qui les empêchent de suivre les cours, voire de les écrire et les mémoriser ensuite.
Selon lui, les lumières du téléphone affectent également l’activité cérébrale et causent des troubles du sommeil et des insomnies, entraînant une léthargie, un manque de concentration, des retards et des absences chez les apprenants, ce qui conduit à de mauvais résultats scolaires en fin de parcours.
De son côté, Fatiha Melloul, psychologue clinicienne, a affirmé que l’usage des portables au sein des écoles « nuit au processus éducatif et occasionne une perte du temps scolaire et une baisse du niveau académique », impactant du même coup le prestige et la place de l’école en tant qu’espace d’apprentissage. Elle a mis en garde contre les effets nocifs de ces outils technologiques sur le corps éducatif, au vu des flots d’images et de contenus malveillants qu’ils peuvent charrier, notant que les groupes de discussion entre élèves doivent faire l’objet d’un contrôle et d’un encadrement contre les abus.
Mme Melloul a estimé que la dépendance totale aux appareils intelligents pour copier des leçons et faire des recherches empêche les enfants de développer leurs compétences en matière d’écriture, de concentration et de créativité, au risque d’atrophier leurs facultés personnelles et leurs qualifications mentales et de réduire leurs capacités motrices.
Elle a fait savoir que certaines études ont révélé que l’utilisation du téléphone portable par les enfants entraîne l’hyperactivité, la distractivité et des symptômes d’autisme chez les personnes normales, en raison de la stimulation intense exercée sur des centres nerveux au détriment d’autres.
En sa qualité de spécialiste en coaching scolaire, elle a soutenu que cette question doit être gérée dans le cadre d’une approche participative et interactive entre les parents d’élèves et le corps pédagogique, tout en prévoyant des démarches préventives strictes et des mesures coercitives lorsque cela s’avère nécessaire, afin de préserver les intérêts de l’élève en matière de santé, d’éducation et d’apprentissage.
Dans le même ordre d’idées, M. Bentaleb, également président de l’Association marocaine des cadres de soutien psychosocial et scolaire, préconise l’adoption d’un langage plus proche de cette tranche d’âge et d’approches de communication qui ne soient pas perçues par l’apprenant comme « un langage menaçant ».
À cet égard, il a insisté sur la nécessité d’élaborer une charte éthique entre l’enseignant et ses élèves au début de l’année scolaire, comprenant des règles pour l’utilisation du téléphone (pas d’accès aux plateformes de communication, pas d’accès à Internet, mettre l’appareil en mode avion…).
M. Bentaleb a aussi noté que cette approche permet à l’enseignant d’utiliser le téléphone pour participer, avec les apprenants, à la réalisation d’exercices pratiques, à la révision des leçons ou à la présentation d’un document.
Quoi qu’il en soit, de nombreux pédagogues et experts en psychologie sociale s’accordent à dire que la décision d’interdire les téléphones portables dans les établissements scolaires devrait être prise en tenant compte des besoins spécifiques, du contexte, de l’âge et du niveau de maturité des élèves.
Ils appellent également à la mise en place d’une approche équilibrée et de solutions alternatives réfléchies qui protègent les élèves des méfaits des appareils intelligents, tout en leur permettant de bénéficier de leurs avantages, en tant qu’outils efficaces pour soutenir l’éducation et fournir diverses ressources numériques aux enseignants et élèves, selon des contrôles pratiques et conditionnels qui rendent l’expérience éducative plus riche et attrayante.
Par Hosna Afaino (MAP)
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