Le Maroc renforce son engagement climatique avec l’adoption d’une stratégie ambitieuse de Finance Climat à l’horizon 2030. En impliquant davantage le secteur privé, le pays se donne les moyens de relever le défi des financements nécessaires pour atteindre ses objectifs.
Le Maroc est un acteur engagé dans cette lutte, comme en témoignent son adhésion à l’Accord de Paris et l’adoption d’une stratégie bas carbone à l’horizon 2050. Cependant, les objectifs climatiques ambitieux du pays nécessitent des financements considérables. Ce besoin en capitaux constitue un des principaux défis pour atteindre ses engagements nationaux et internationaux, tels que la Contribution Déterminée au niveau National (CDN).
La stratégie de finance climat élaborée par le Maroc s’inscrit dans une dynamique mondiale où, entre 2021 et 2022, 1,3 trillion de dollars ont été mobilisés pour financer des projets climatiques à travers le monde, avec près de 50% provenant du secteur privé. Toutefois, au Maroc, la part du secteur privé dans le financement climatique ne représente encore que 25% à 30%, un chiffre inférieur à la moyenne observée dans d’autres pays de la région MENA.
Le premier pilier concerne les solutions de marché intégrées. Ce pilier se concentre sur la création d’un marché financier intégré et sur la sensibilisation des acteurs privés aux opportunités de financement vert. Il s’agit de proposer une offre de financement complète, combinant des instruments financiers adaptés et des services extra-financiers, afin de répondre aux besoins du marché et d’encourager les investisseurs à s’engager dans des projets à impact environnemental positif.
L’un des axes majeurs de ce pilier est l’identification des projets climatiques attractifs. Il vise à faciliter la compréhension et l’identification des projets climatiques par les investisseurs privés, qui doivent combiner rentabilité financière et impact positif sur le climat, en se concentrant sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Le gouvernement marocain prévoit également de regrouper les projets de petite taille et d’offrir une assistance technique pour améliorer leur bancabilité.
Le pilier inclut également la promotion des instruments financiers verts. L’un des principaux défis pour le secteur financier marocain réside dans le manque de sensibilisation aux instruments financiers verts. Ce volet met l’accent sur la communication autour des produits financiers existants, tels que les obligations vertes ou les prêts pour des projets écologiques. L’objectif est de renforcer la confiance des investisseurs en leur fournissant des outils et des informations claires sur les financements climatiques.
Enfin, il s’agit de développer des instruments financiers innovants. Le Maroc aspire à étoffer son offre en introduisant des solutions telles que les FinTechs ou les marchés volontaires de carbone. Ces innovations permettront de développer des produits financiers accessibles au grand public, notamment pour l’achat de véhicules électriques ou pour des travaux liés à l’efficacité énergétique.
L’un des leviers clés consiste en la mise en place de mécanismes de partage des risques, tels que les partenariats public-privé (PPP) ou les dispositifs de financement mixte (blended finance). Ces instruments sont conçus pour attirer des capitaux privés en rendant les projets moins risqués pour les investisseurs, tout en augmentant leur attractivité économique.
Le Maroc prévoit également d’introduire des incitations fiscales et des simplifications administratives pour encourager les acteurs privés à adopter des solutions de financement vertes. Des labels verts, des obligations de reporting et des objectifs d’investissement vert pour les institutions financières seront également mis en place.
La stratégie met l’accent sur l’importance de mesurer et d’atténuer les risques liés au climat dans le secteur financier. Bank Al-Maghrib travaille déjà à l’élaboration de normes pour évaluer ces risques et s’assurer que le secteur bancaire est résilient face aux défis climatiques.
La mise en place d’une taxonomie verte est essentielle pour définir ce qui constitue un « investissement vert » au Maroc. Ce cadre garantira que les projets financés répondent aux normes internationales en matière de durabilité, tout en assurant un suivi rigoureux des flux de financements climatiques.
Il est également prévu de renforcer les compétences des acteurs financiers à travers des programmes de formation sur la finance climatique et la gestion des risques. Un cadre de coopération internationale sera développé pour que le Maroc reste aligné sur les meilleures pratiques mondiales.
La stratégie finance climat 2030 représente une opportunité unique pour le secteur privé de jouer un rôle central dans la lutte contre le changement climatique. En offrant un cadre de financement clair et en réduisant les risques pour les investisseurs, elle permet au Maroc de se positionner comme un acteur majeur de la finance verte en Afrique et au-delà.
Cependant, pour atteindre ces objectifs, l’engagement du secteur privé et des partenariats solides entre acteurs publics et privés seront cruciaux. En mobilisant jusqu’à 50% des financements nécessaires auprès des investisseurs privés d’ici 2030, le Maroc pourra non seulement honorer ses engagements climatiques, mais aussi créer des opportunités économiques durables pour les générations futures.
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