Après le choix difficile d’un Premier ministre en la personne de Michel Barnier, le temps presse pour cet homme politique de droite, bien rompu à l’exercice des compromis, puisqu’il a été négociateur de l’UE pour le Brexit, pour former son prochain gouvernement.
Michel Barnier, décrit par les médias comme l’un des derniers barons du Gaullisme, s’est d’abord assuré le soutien de sa famille politique « Les Républicains » (LR), qui lui ont donné leur accord pour lui fournir quelques ministres.
Instruit par le Président de la république à l’effet de former un gouvernement qui réunit les conditions pour être « le plus stable possible et se donner les chances de rassembler le plus largement », le nouveau premier ministre français a également gagné la confiance des partis du centre.
Vendredi dernier, il a reçu son prédécesseur Gabriel Attal, à la tête des députés « Renaissance », puis les cadres de sa famille politique : les présidents des groupes LR de l’Assemblée et du Sénat, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, et le président LR du Sénat, Gérard Larcher. Il a poursuivi ses consultations dimanche, avec notamment le président du parti « Horizons », Edouard Philippe, puis avec François Bayrou, patron du Modem.
Assurant faire les choses « méthodiquement et sérieusement », M. Barnier a affirmé à la presse avoir fait un tour d’horizon du patchwork politique français et qu’il continue cette semaine d’écouter et de rencontrer un maximum de sensibilités partisanes avant d’annoncer sa liste « la semaine prochaine ».
Bien qu’il fasse partie de la droite, M. Barnier, qui appelle de ses vœux un gouvernement rassembleur, devrait veiller à un savant dosage de partis face à une Assemblée nationale où aucune majorité claire n’est possible suite aux dernières législatives de juillet. Il devra également composer avec le bloc de gauche, qui revendique la position de première force politique du pays, mais dépité de ne pas avoir obtenu le poste de Premier ministre.
Dans sa première sortie médiatique après sa nomination, M. Barnier a affirmé ne pas vouloir se priver des compétences de ce bloc politique, se disant disposé à ouvrir son gouvernement à « des gens de gauche ».
« C’est le moment que chacun se retrousse les manches », a-t-il déclaré sur TF1, assurant qu’il respectera « toutes les forces politiques » et que « tous les citoyens sont importants ».
Répondant à cette invitation, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure a affirmé à la presse qu’il refuse de rencontrer M. Barnier avant la déclaration de politique générale que ce dernier fera à l’Assemblée nationale début octobre et exclut donc toute participation du PS à l’exécutif. Cependant, certaines personnalités qui émargent à gauche laissent la porte ouverte à une participation à titre individuel au prochain gouvernement, notamment d’anciens ministres et députés.
La délicate question du casting s’avère donc une équation complexe pour le nouveau locataire de Matignon qui devra, selon les observateurs, veiller aussi à un équilibre subtil dans la représentation des territoires, car la présence des seuls « Parisiens » dans l’équipe gouvernementale ne répond pas au souci de cohésion et à l’esprit « rassembleur » qui devraient présider au choix des futurs ministres.
En attendant les noms, M. Barnier rappelle à chacun de ses interlocuteurs ses priorités de politique générale que sont le service public, la sécurité, l’immigration, la santé et la décentralisation qu’il souhaite porter avec un gouvernement pluraliste qui serait idéalement composé de sociaux-démocrates et de la droite républicaine.
Jeudi, le président français a affirmé que son pays vit « une ère nouvelle avec un Parlement qui représente la France dans sa diversité et qui va supposer des compromis ».
Interpelé par des journalistes sur le nouveau paysage politique français, M. Macron a répondu que « c’est dans la durée, dans la pratique, que les choses vont se faire naturellement. Mais j’espère aussi que les compromis se tisseront pour le pays parce que c’est ce dont on a besoin ».
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