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Interview avec Nasrallah Belkhayate : Afrique-Chine, nouveau cap et des perspectives prometteuses

Interview avec Nasrallah Belkhayate : Afrique-Chine, nouveau cap et des perspectives prometteuses

Au lendemain de la tenue du 40ème Sommet du Forum sur la Coopération Chine-Afrique (FOCAC), Nasrallah Belkhayate, affectueusement appelé « Champion de l’Afrique », fondateur de la Fondation de l’Africanité et initiateur du « Trophée de l’Africanité », aborde, dans cet entretien, les enjeux et les perspectives des relations entre le continent et l’Empire du Milieu, un partenariat désormais tourné vers le new deal gagnant-gagnant. Explications.

Quel regard portez-vous sur les relations sino-africaines après la tenue du FOCAC 2024 ?
 
Les résultats fructueux du Sommet du Forum sur la Coopération Chine-Afrique (FOCAC 2024) marquent une étape décisive dans la consolidation des relations sino-africaines. Ce forum a, une fois de plus, prouvé être un catalyseur essentiel pour le développement mutuel et la coopération intercontinentale. Les annonces faites par les autorités de Pékin, notamment un soutien financier aux pays africains pour environ 50,7 milliards de dollars sur trois ans, en vue de la mise en œuvre de dix plans d’action de partenariat, montrent bien que les deux parties entendent hisser plus haut leur partenariat.Naturellement, il ne faut pas aussi passer sous silence quand la Chine dit vouloir appliquer un traitement tarifaire nul sur 100% de ses importations en provenance des pays les moins avancés (PMA) avec lesquels elle entretient des relations diplomatiques, dont 33 pays africains. C’est un signal fort dans la consolidation de cette coopération. Autrement dit, les engagements pris par les leaders chinois et africains, lors de ce Sommet, soulignent une volonté partagée de renforcer les liens économiques, commerciaux et de développement.D’ailleurs, les accords conclus sur des initiatives stratégiques qui englobent l’infrastructure, l’éducation, la santé et la technologie, essentiels pour le progrès et l’autosuffisance du continent africain, constituent des éléments fondateurs de la nouvelle dynamique dans les relations entre les deux parties.
 

A la veille du Sommet, un Rapport avait été publié sur cette coopération Afrique-Chine. En peu de mots, que retenez-vous de ce document ?

C’est une étude intéressante puisqu’elle met en lumière le partenariat économique sino-africain, lequel connaît une avancée majeure malgré les défis mondiaux. On retiendra de ce rapport que la Chine est devenue le plus grand investisseur en Afrique parmi les pays en développement, avec un stock d’investissements directs dépassant les 40 milliards de dollars. Les entreprises chinoises ont contribué au développement d’infrastructures essentielles, telles que des zones de coopération économique ayant attiré plus de 1000 entreprises et créé plus de 1,1 million d’emplois locaux.Comme l’indique le rapport, les investissements chinois ont joué un rôle central dans la modernisation industrielle de l’Afrique. En introduisant des modèles comme les parcs industriels, la Chine a aidé les pays africains à améliorer leur capacité de production et leur position dans la chaîne industrielle mondiale. Ce soutien est essentiel pour transformer les économies africaines et promouvoir une industrialisation durable.Mais malgré les avancées, plusieurs défis demeurent. Il est nécessaire d’améliorer le climat des affaires, de surmonter les obstacles financiers et de renforcer l’entretien des infrastructures. Le rapport recommande aux parties prenantes chinoises de continuer à soutenir l’industrialisation en Afrique en investissant dans des secteurs clés, tout en promouvant des réformes pour optimiser l’environnement d’investissement.
 

Concrètement, peut-on qualifier aujourd’hui de partenariat d’exception la coopération entre le continent africain et la Chine dans un contexte géostratégique mondial flouté ?
 

Dans ce monde incertain où les frontières des puissances se redessinent sans cesse, la coopération entre le continent africain et la Chine, bien qu’encore jeune, peut être qualifiée de partenariat d’exception. Cette alliance se déploie comme une fresque mouvante, où chaque coup de pinceau semble dessiner une dynamique de puissance et de dépendance dans un contexte géostratégique flou.Les paysages géopolitiques actuels sont marqués par une incertitude croissante et une redéfinition des alliances. Alors que les grandes puissances occidentales s’enlisent dans leurs crises internes et leurs hésitations, la Chine, avec sa vision audacieuse et son appétit insatiable pour l’expansion, se positionne comme un acteur déterminant. L’Afrique, de son côté, émerge comme un continent aux ressources inestimables, à la fois pour ses matières premières et pour ses marchés en pleine expansion.Néanmoins, ce partenariat, bien que prometteur, n’est pas exempt de contradictions et de défis. La Chine, en s’ancrant profondément dans le continent, suscite des interrogations sur le respect de la souveraineté et la dépendance économique croissante des pays africains. Cette dynamique, empreinte de tensions et de promesses, illustre les complexités d’un partenariat né dans l’effervescence des nouvelles réalités géostratégiques.Cependant, la Chine est aujourd’hui le premier partenaire commercial du continent africain depuis 2008. Les échanges commerciaux ont atteint 282 milliards de dollars en 2023, selon des données publiées par l’administration générale de la douane chinoise.
 

Pourtant, la Chine est souvent accusée de vouloir piller les ressources, pour ne pas dire les matières premières du continent, au profit de ses industries. Quelle est la réalité par rapport aux autres puissances mondiales ?
 

La Chine, souvent accusée de vouloir exploiter les ressources africaines pour alimenter ses propres industries, se trouve au centre d’une polémique où la notion de pillage est régulièrement avancée. Toutefois, il est crucial de dépasser cette vision simpliste héritée d’un passé colonial troublé qui, plutôt que d’éclairer, risque de freiner la montée d’une nouvelle Afrique résolue à se redéfinir.Dans un monde où les puissances globales, anciennes ou émergentes, cherchent toutes à maximiser leurs avantages économiques, il est essentiel de comprendre que la coopération entre nations ne s’apparente pas à un simple jeu de gagnants et perdants. Il n’existe pas de diktat dans ces relations internationales. Il s’agit plutôt d’une stratégie complexe où chaque partie œuvre pour gagner la confiance de l’autre tout en poursuivant ses propres intérêts.La Chine, dans ce cadre, se présente comme une opportunité pour l’Afrique. Elle propose des partenariats qui, bien que motivés par des intérêts économiques réciproques, offrent également des possibilités de développement local significatif. En effet, les projets d’infrastructure et d’investissement dans divers secteurs peuvent jouer un rôle crucial dans la transformation économique du continent, à condition que cette dynamique soit accompagnée d’une stratégie nationale cohérente et d’une compréhension collective des enjeux.Ainsi, loin de se cantonner à un rôle de simple exploiteur, la Chine peut, en réalité, constituer une chance pour l’Afrique, à condition que cette opportunité soit saisie avec discernement.

Bon à savoir
Qualifié de Champion de l’Afrique, Nasrallah Belkhayate est une figure marquante dans le paysage du développement africain. Reconnu pour son engagement indéfectible en faveur du continent, il a été récompensé par le « Prix Spécial Africain du Meilleur Artisan des initiatives de développement et de restauration de la dignité africaine ». Dans ce sens, il a mené plusieurs actions dont la « Fondation de l’Africanité » qu’il préside, une organisation qui vise à valoriser le continent africain et à soutenir des initiatives locales. Il est également l’initiateur du « Trophée de l’Africanité » pour récompenser les personnes et les organisations qui œuvrent pour le développement de l’Afrique. En termes de Leadership et vision, Belkhayate est reconnu pour son leadership visionnaire et son engagement à promouvoir l’unité et la prospérité en Afrique. En la matière, il a des liens étroits avec Dakar, au Sénégal, où il a étudié. D’ailleurs, son père était enseignant dans ce pays. Bien qu’il soit fortement impliqué dans le développement de l’Afrique en général, il est également un citoyen marocain et soutient activement le développement de son pays.

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