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Précipitations : Allons-nous vers la fin des années de sécheresse ? [INTÉGRAL]

Précipitations : Allons-nous vers la fin des années de sécheresse ? [INTÉGRAL]

Après 6 ans de sécheresse, les récentes pluies nourrissent l’espoir d’un retour durable des précipitations et d’un essoufflement de ce cycle prolongé. Éclairages de la DGM.

Alors que des averses orageuses accompagnées de grêle et de rafales de vent ont eu lieu ce mercredi dans plusieurs provinces du Royaume, le niveau de réserves et des retenues de barrages a – au même jour – atteint 27,5%, dépassant légèrement le pourcentage enregistré durant la même période de l’année dernière. La Direction Générale de la Météorologie (DGM) annonce par ailleurs de fortes averses orageuses attendues cette fin de semaine sur les régions Sud Est et les reliefs de l’Atlas : « A partir de vendredi 6 jusqu’au lundi 9 septembre, le Maroc connaîtra à nouveau une montée du front intertropical (FIT) vers le Nord de nos provinces sahariennes, combinée à une descente de masses d’air froid en altitude liées à l’approche d’une dépression atmosphérique sur l’extrême Nord du Maroc. Ce phénomène contribuera à l’occurrence d’averses orageuses pouvant être localement fortes sur le Nord-Est des provinces sahariennes, le Sud-Est du pays et les reliefs de l’Atlas, ainsi que leurs versants Est ».
 
Août le plus humide depuis 1981
« Il est recommandé de faire preuve de vigilance et suivre de près les bulletins météorologiques émis par la DGM, qui assure une veille continue de la situation météorologique », poursuit la même source. En prenant en compte les pluies enregistrées durant le mois d’août, quel bilan pluviométrique de l’année en cours par rapport aux années précédentes ? « Bien qu’août 2024 ait été exceptionnellement pluvieux sur certaines régions du Maroc, se classant comme le deuxième mois le plus humide depuis 1981, l’année 2024 reste globalement sèche jusqu’à présent, marquant ainsi la sixième année consécutive de sécheresse depuis 2019. Ces précipitations ponctuelles sont insuffisantes pour inverser la tendance nationale. Leur répartition inégale dans le temps et l’espace ne permet pas de faire une conclusion finale », nous répondent les experts de la DGM.Pourtant, tout espoir n’est pas perdu de voir ce dernier cycle de sécheresse se terminer durant l’hiver prochain.
 
Retour des pluies ?
D’après l’étude réalisée par le Centre Commun de Recherche (JRC) de la Commission Européenne et publiée en janvier 2024, les cycles de sécheresse dans la région méditerranéenne, y compris au Maroc, sont souvent associés à des anomalies de température et de précipitations. Les auteurs indiquent toutefois qu’après des périodes prolongées de sécheresse sévère, il est possible de voir un retour à des conditions pluviométriques normales, bien que ces cycles soient désormais perturbés par les effets du changement climatique. Selon nos interlocuteurs à la DGM, « le Maroc traverse actuellement sa sixième année consécutive de sécheresse, ce qui soulève l’espoir quant à un éventuel retour à des niveaux normaux de précipitations. Les cycles climatiques, influencés par une variété de facteurs globaux et régionaux, rendent les prévisions climatiques saisonnières particulièrement complexes. Un retour à la normale est possible si des systèmes dépressionnaires et d’autres phénomènes favorables aux précipitations se manifestent plus fréquemment dans les mois à venir ».
 
Enjeu vital
 
En attendant, et surtout en espérant, que les pluies soient de retour dans les prochains mois, les spéculations vont bon train sur les réseaux sociaux, principalement en réaction aux multiples vidéos où apparaît le fruit des dernières averses enregistrées dans le Royaume. « C’est un plaisir de voir l’eau revenir dans les oueds, même si ces pluies ne durent pas longtemps et font parfois des dégâts. A voir combien la situation est grave au niveau des retenues de barrage et des réseaux d’approvisionnement en eau potable, on se rend compte chaque année du rôle que la pluviométrie joue dans notre économie et notre sécurité », écrit un internaute en commentaire d’une vidéo illustrant le retour de l’eau dans un des affluents du Oued Ghriss. Les averses orageuses parfois intenses qui sont enregistrées et prévues durant ce mois de septembre rappellent par ailleurs un autre enjeu : la lutte contre les conséquences des crues et des inondations. D’où l’intérêt de conjuguer espoir avec prudence et vigilance.

 

Omar ASSIF

3 question à Lhoussaine Youabd, chef de service à la DGM « Les récentes averses dans le Sud du Maroc sont influencées par la mousson de l’Afrique de l’Ouest »
Les averses enregistrées durant cet été ont toutes quasiment été localisées au Sud du Maroc. S’agit-il d’un phénomène influencé par la mousson des régions tropicales de l’Afrique de l’Ouest ?
 
Effectivement, les récentes averses dans le Sud du Maroc sont influencées par la mousson de l’Afrique de l’Ouest. Ce phénomène peut entraîner des remontées d’air humide vers le Nord, provoquant des averses, notamment lorsque le Front Intertropical (FIT) se déplace vers le Nord durant l’été. Ce mouvement correspond à la montée du FIT au Nord du Sahara. Ce front, qui se déplace vers le Nord ou le Sud selon les saisons, est un système météorologique clé dans les régions tropicales et subtropicales.Le FIT joue un rôle crucial dans la formation de nuages orageux et de perturbations atmosphériques. Cette année, le Sud du Maroc a connu une montée exceptionnelle de ce front, entraînant la formation de masses d’air instables et chargées d’humidité, ce qui a provoqué de fortes pluies et des orages violents.
 

Est-ce comparable aux phénomènes qui produisent les pluies tardives qui ont parfois lieu durant le mois de mai ou de juin ?

Les pluies tardives en mai ou juin ne peuvent pas être attribuées à ce phénomène. Elles résultent plutôt d’une instabilité due au passage de systèmes frontaux, tels que des dépressions atmosphériques accompagnées de masses d’air froid en altitude, favorisant la formation de nuages convectifs orageux. D’autres facteurs locaux, comme le relief et la température de surface, jouent également un rôle important dans ces précipitations.
 

Les pluies automnales qui sont enregistrées au Maroc prennent souvent la forme d’averses. S’agit-il du même phénomène climatique qui donne lieu à des averses orageuses en été ?
 

Les pluies automnales sous forme d’averses au Maroc résultent souvent d’une instabilité atmosphérique similaire à celle qui provoque des averses orageuses en été. Toutefois, la cause principale peut varier. En automne, les averses sont souvent provoquées par le passage de systèmes dépressionnaires en provenance de l’Atlantique, qui amènent des masses d’air froid en altitude. Ce phénomène, combiné à l’air encore relativement chaud près de la surface, crée un contraste thermique qui favorise la formation d’orages et d’averses. Bien que le mécanisme soit comparable, les conditions météorologiques spécifiques diffèrent selon la saison.

Prévisions : Températures supérieures à la normale pour septembre et octobre
Élaboré par la Direction de la Météorologie Nationale, le « bulletin de prévision saisonnière » informe sur l’état climatique probable pour les trois prochains mois, concernant les températures et les précipitations sur le Royaume. Ce bulletin est une « compilation expertisée de plusieurs modèles dynamiques et statistiques, en plus de l’influence de certains modes de téléconnexion à l’échelle globale et régionale. La prévision des précipitations saisonnières s’applique généralement à la saison pluvieuse de septembre à mai ». La prévision saisonnière est délivrée sous forme probabiliste selon trois états : inférieur à la normale, proche de la normale et supérieur à la normale. Pour la période qui s’étend d’août à octobre 2024, le bulletin de prévision saisonnière indique que « l’analyse de l’ensemble des prévisions de précipitations et de températures issues des différents modèles climatiques, avec le suivi du système climatique global » évoque une probabilité de températures « supérieures à la normale saisonnière sur le Royaume ».a

Prédire la pluie : Entre progrès scientifique et imprévisibilités atmosphériques
Grâce aux progrès technologiques, prévoir la pluie sur plusieurs jours est désormais possible. Pourtant, la prédiction météorologique à moyen et long termes reste un défi complexe. Pour y parvenir, les météorologues s’appuient sur l’observation des phénomènes atmosphériques tels que la température, la pression et l’humidité, collectées à travers des satellites, radars et ballons-sondes.Ces données sont ensuite traitées par des modèles numériques basés sur des équations physiques, simulant l’évolution des systèmes météorologiques. Des supercalculateurs analysent ces millions de données en temps réel, permettant d’anticiper les conditions météorologiques à venir. Cependant, même avec ces outils, prévoir précisément la pluie sur plusieurs semaines reste incertain, car l’atmosphère est un système dynamique et imprévisible. Les prévisions à court terme sont généralement fiables, mais au-delà de dix jours, les erreurs augmentent en raison de la nature chaotique de l’atmosphère. Néanmoins, des tendances globales, comme des sécheresses ou excès de précipitations, peuvent être anticipées en analysant des phénomènes comme El Niño et La Niña, qui ont un impact majeur sur le climat mondial. Ces prédictions sont cruciales pour l’agriculture, la gestion des ressources en eau et la prévention des risques climatiques. Même si la précision des prévisions à long terme est limitée, elles permettent d’orienter des décisions stratégiques et de mieux se préparer aux événements climatiques extrêmes, contribuant ainsi à la résilience des populations face aux aléas climatiques.

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