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Interview avec Salima Haloui « Environ 16% des élèves réintègrent l’école grâce aux Centres de la deuxième chance »

Interview avec Salima Haloui « Environ 16% des élèves réintègrent l’école grâce aux Centres de la deuxième chance »

Les Centres de l’École de la Deuxième Chance ont évolué pour devenir des lieux dédiés à l’inclusion socioprofessionnelle des jeunes sortants du système scolaire. Dans cette interview avec Salima Haloui, présidente du Réseau des Associations des Écoles de la Deuxième Chance, nous explorons les facettes de cette expérience, bientôt généralisée à travers le Royaume.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur l’évolution du phénomène de l’abandon scolaire ?
Malgré un investissement massif dans le secteur éducatif, plus de 300.000 jeunes quittent l’école chaque année sans qualification. En l’absence de prise en charge précoce et d’intégration de ces jeunes, leur mise à la marge représente des coûts conséquents pour le pays que ce soit en termes financiers ou en termes de santé mentale des jeunes et de cohésion sociale. D’où l’intérêt du modèle de l’offre pédagogique et de formation dans les centres de l’Ecole de la Deuxième Chance-Nouvelle Génération. Ce projet cible les jeunes qui quittent le système formel de l’éducation pour leur permettre de reprendre leur scolarité ou de construire leur projet professionnel et les accompagner dans leur intégration socio-économique.
 

Effectivement, le ministère de tutelle a fait le choix de s’appuyer sur les Centres de l’Ecole de la Deuxième Chance en vue de réduire le taux d’abandon de 30%. D’après vos constatations, comment évaluez-vous l’impact de ces programmes sur l’intégration socio-professionnelle des jeunes, notamment en milieu rural ?

L’École de la Deuxième Chance-Nouvelle Génération intervient pour répondre aux défis qu’affronte le jeune marocain, en termes d’insertion professionnelle, et constitue une deuxième chance pour tous. Ces établissements adoptent un système scolaire flexible axé sur la découverte du marché de l’emploi,  sans oublier l’appui psychologique lui permettant de s’épanouir en apprenant et de gagner confiance en soi.

A ce jour, plus de 180 associations gèrent 210 centres à travers les différentes régions du Royaume opérationnels au profit de plus de 16.000 jeunes.  Avec les conventions nouvellement signées, ce chiffre passe à 223 centres.Ce modèle a donné jusqu’à présent des résultats encourageants avec un taux de sortie positive important réparti en retour à l’école pour 16% des élèves, l’intégration de centre de  formation professionnelle pour perfectionnement pour 22% des élèves et l’intégration professionnelle pour 36% .

Quelle approche d’enseignement adoptent-elles exactement et qu’est-ce qui les distinguent des autres écoles d’enseignement ? 
Les écoles de la deuxième chance nouvelle génération, gérées par la société civile en partenariat avec le ministère de l’Education Nationale, constituent une offre à même de répondre aux besoins de cette population en termes de mise à niveau éducative, de renforcement des compétences de vie, de qualification professionnelle, d’orientation et d’accompagnement pour une meilleure insertion socioprofessionnelle.

Les écoles de la Deuxième chance se distinguent par une approche bienveillante, personnalisée et un suivi individualisé centré sur l’élève et son projet  en tenant compte des spécificités et des besoins régionaux. Les matières enseignées sont adaptées à des cas pratiques directement en relation avec la formation professionnelle prodiguée à l’élève. Plus concrètement, l’élève en couture industrielle ne recevra pas le même lexique ni les mêmes outils techniques que l’élève en menuiserie ou celui en formation d’électricien. 

Nos formateurs et animateurs essaient toujours de rester au plus près des besoins futurs pratiques des élèves, qui, voyant l’utilité du contenu de l ‘enseignement, s’intéressent et s’investissent dans leur apprentissage. 
 

Quels types de soutien et de ressources sont offerts aux jeunes après leur graduation de ces écoles pour assurer leur transition vers le monde du travail ou des études supérieures ?

Nos écoles prodiguent une formation gratuite. Ils fournissent cartables, manuels et fournitures. Les sorties et toutes activités parascolaires sont financées par les associations. Les élèves n’ont aucun montant à payer pour quoi que ce soit. A la fin de leur parcours, nos élèves sont accompagnés dans leur recherche de stage ou d’emploi. Dans la majorité des cas, les stages aboutissent à une embauche. Nous veillons dans une grande majorité des cas à ce que les stages soient rémunérés.  Cependant, nos écoles ne donnent pas de soutien financier direct aux élèves en dehors de la gratuité de nos prestations. 
 

Dans cet élan, le Réseau des Associations des Écoles de la Deuxième Chance-Maroc a, récemment, signé seize conventions de partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale pour une gestion optimale de ces établissements.  Quels sont les aspects clés de la gestion des écoles de la deuxième chance qui seront améliorés grâce à ces conventions ?

Ces conventions sont destinées à soutenir le processus de renforcement des capacités des associations membres du réseau à travers la poursuite de nos séries de formations en gestion administrative et de projets pour des services de qualité aux élèves des centres de la deuxième chance.

Nous envisageons également d’organiser une conférence pour souligner l’importance de l’engagement de l’ensemble de l’écosystème dans le développement des centres de la deuxième chance, afin de lutter contre l’abandon scolaire.

De plus, des conventions tripartites ont été signées entre les associations, les Directions de l’Éducation Non Formelle (DENF) et les Académies Régionales de l’Éducation et de la Formation (AREF). Ces accords permettront d’augmenter le nombre de bénéficiaires en ouvrant de nouvelles classes dans diverses régions du Royaume.

Comment la collaboration entre les écoles de la deuxième chance et les autres acteurs éducatifs sera-t-elle renforcée grâce à ces conventions ?

Nos associations travaillent de concert avec les autres acteurs éducatifs et ces nouvelles conventions contribueront à renforcer cette collaboration, par exemple à travers la participation aux campagnes d’adolescent à adolescent qui sont organisées chaque année pour sensibiliser les jeunes des écoles par nos jeunes bénéficiaires aux effets de l’ abandon scolaire.  
 

Quels sont les défis auxquels fait face la gestion et la généralisation des écoles de la deuxième chance ?

Le défi majeur auquel se heurtent les associations est bien sûr celui du financement. Aujourd’hui, en dépit du soutien massif de la tutelle, les 183 associations actives arrivent à accueillir moins de 20.000 élèves. Si nous souhaitons augmenter de façon significative et remplir le rôle de remédiation des effets de l’abandon scolaire à la hauteur de nos ambitions et des attentes de nos jeunes, il est impératif de mobiliser des financements plus importants. 

A vrai dire, nous considérons que l’insertion des jeunes déscolarisés est l’affaire de tous et nous sommes convaincus que le modèle de la deuxième chance nouvelle génération est mûr et a montré des résultats encourageants qui lui donnent la crédibilité nécessaire pour recourir en toute confiance à des partenaires et à des bailleurs de fonds additionnels.
 

Pouvez-vous partager des témoignages ou des histoires de jeunes qui ont réussi grâce à ces programmes ?

C’est notre fierté : revoir des jeunes dont l’école de la deuxième chance a changé la vie et ouvert de nouvelles perspectives. De nombreux jeunes viennent vers nos écoles en ayant constaté la réussite d’un de leurs proches passé par nos écoles. Il faut aussi revoir nos anciens bénéficiaires qui travaillent et reviennent régulièrement nous rencontrer. C’est la meilleure preuve que nous sommes sur le bon chemin. 
 
Recueillis par Mina ELKHODARI

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