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Interview avec Nawal Sekkat : « La réalité augmentée révèle l’art marocain à l’international »

Interview avec Nawal Sekkat : « La réalité augmentée révèle l’art marocain à l’international »

Aujourd’hui, la réalité augmentée dans l’art a franchi de nouvelles dimensions, influençant tant les artistes que le public. Avec son riche bagage artistique et sa vision mêlant tradition et modernité, Nawal Sekkat, artiste plasticienne, explore les vérités sous-jacentes de cette tendance émergente.

– Comment percevez-vous l’évolution de la réalité augmentée dans l’art, depuis ses débuts comme simple ajout numérique jusqu’à son rôle actuel en tant qu’élément central de l’expérience artistique ?
L’évolution de la réalité augmentée dans l’art a franchi un seuil déterminant, cette technologie ne se contente plus d’ajouter une simple dimension numérique ; elle devient un véritable médium d’innovation et de solutions pratiques. Selon mon expérience personnelle, une œuvre originale est exposée physiquement, tandis que la réalité augmentée enrichit cette expérience en offrant des interactions supplémentaires. Elle « augmente » la réalité en ajoutant un nouvel élément.
 
Cependant, en tant qu’artiste, les contraintes logistiques et administratives, notamment pour les expositions internationales, sont considérables. C’est dans ce contexte que j’ai choisi de collaborer avec une équipe d’experts marocains formés au Maroc et perfectionnés au Canada : l’équipe TMU. Ensemble, nous avons lancé un défi pour créer des œuvres en QR code, des œuvres graphiques que la réalité augmentée transforme en une exposition réelle. Grâce à un simple scan, l’œuvre graphique révèle l’œuvre originale.

Ainsi, les spectateurs peuvent découvrir ces œuvres via un smartphone, une tablette ou un casque de réalité augmentée, même lorsque l’œuvre originale est physiquement absente. Cette avancée ouvre de nouvelles perspectives, notamment pour les expositions internationales, en réduisant les contraintes logistiques et en offrant une accessibilité inédite à l’art.

– Quels changements notables avez-vous observés dans la manière dont les artistes et le public interagissent avec cette technologie au fil du temps ?
D’après mon expérience personnelle, je n’ai pas encore eu l’opportunité de découvrir une exposition utilisant la réalité augmentée au Maroc. Cependant, j’ai pu observer de telles expositions à l’étranger, où les œuvres interactives captivent de plus en plus les spectateurs. De nos jours, le public est plus réceptif à l’idée d’interagir avec les œuvres d’art via des dispositifs numériques tels que les smartphones, casques ou tablettes. Cette interaction active permet de créer un lien profond avec l’œuvre, transformant le spectateur en acteur de sa propre découverte, plutôt qu’en simple observateur.
 
Cette évolution technologique transforme radicalement la manière dont l’art est créé, perçu et apprécié. L’Intelligence Artificielle, la réalité augmentée et la réalité virtuelle sont des technologies en constante évolution, et leur intégration dans le monde de l’art est essentielle. Il est crucial d’oser utiliser ces outils de manière audacieuse, tant dans la création artistique que dans la présentation des œuvres, afin de révéler tout le potentiel de cette nouvelle ère de l’art.
– Quels avantages spécifiques la réalité augmentée offre-t-elle aux artistes, tant sur le plan créatif que professionnel ?

La réalité augmentée offre aux artistes des opportunités créatives et professionnelles majeures. Créativement, elle permet de dépasser les limites physiques des œuvres, en superposant des éléments virtuels sur des supports réels et en créant des installations immersives et interactives. Cela permet une expression artistique multidimensionnelle, inaccessible avec des médiums traditionnels. Professionnellement, elle, ainsi que l’Intelligence Artificielle et la réalité virtuelle, permet aux artistes d’atteindre un public plus large et d’élargir leur influence en offrant des expériences artistiques innovantes et captivantes.
 

Cette technologie permet également de réduire les coûts associés aux expositions, au transport et aux assurances, notamment pour les événements internationaux. Elle simplifie les contraintes logistiques liées au déplacement et à l’installation des œuvres, éliminant ainsi la nécessité de gérer les complexités liées au transport et à la restauration des œuvres originales. Les artistes peuvent ainsi présenter leurs créations sans se soucier des défis logistiques, en mettant en avant la technique et la vision artistique sans les préoccupations habituelles de manipulation et de sécurité.
– Pensez-vous que l’intégration de cette technologie dans l’art pourrait, à terme, freiner la créativité en imposant des contraintes ou en orientant trop fortement le processus créatif vers des formats numériques ?
Je ne pense pas que l’intégration de nouvelles technologies dans l’art freine la créativité. Au contraire, elle ouvre de vastes avenues d’exploration pour les artistes, et offre de nouvelles expériences et perspectives. Par exemple, la réalité augmentée, bien qu’elle comporte ses propres défis et contraintes, comme la maîtrise des outils numériques, peut être vue comme un cadre stimulant l’innovation plutôt que comme une limitation.

Ces aspects techniques deviennent des opportunités pour enrichir la créativité en permettant aux artistes de repousser les limites traditionnelles et d’explorer de nouveaux horizons. La technologie contemporaine offre ainsi des possibilités infinies pour réinventer les formes et les concepts artistiques, tout en enrichissant l’interaction avec le public. Elle permet aussi la création d’œuvres hybrides, combinant des éléments classiques tels que la peinture, la photographie ou les installations traditionnelles avec des outils modernes comme l’Intelligence Artificielle et la réalité augmentée.

Cette fusion de techniques anciennes et nouvelles peut donner naissance à des œuvres originales et captivantes, enrichissant ainsi l’expression artistique dans son ensemble. Certains choisiront de continuer à travailler avec des supports traditionnels, d’autres opteront pour une fusion des méthodes classiques et modernes, tandis que certains se tourneront vers la création exclusivement basée sur l’Intelligence Artificielle ou la réalité augmentée.

 
– De quelle manière les artistes intègrent-ils les nouvelles technologies dans leur pratique ?

Nous évoluons dans un environnement en constante mutation, ce qui exige une conscience collective des tendances artistiques, surtout dans le milieu artistique. Les artistes doivent investir du temps pour se familiariser avec les outils et techniques avancés offerts par ces technologies de pointe. Cela passe par des formations spécifiques et des collaborations avec des experts du domaine, afin d’adapter ces innovations à leurs propres visions artistiques.

À mon avis, il reste encore beaucoup à explorer avec ces nouvelles approches. L’intégration de la réalité augmentée dans les pratiques artistiques représente une forme d’expérimentation, car la création artistique repose sur une recherche approfondie et une volonté de repousser les limites.
– Comment peuvent-ils utiliser ces technologies comme un outil de progression et d’innovation dans leur travail, plutôt que de risquer de stagner en s’appuyant trop sur cette technologie ?
Je pense qu’il est essentiel d’explorer ce médium comme un moyen de repousser les frontières de la créativité. Plutôt que de considérer la technologie comme une fin en soi, il serait préférable de la voir comme un nouveau langage artistique à découvrir. L’objectif devrait être de créer des œuvres inédites, qui n’auraient pas été possibles sans cette technologie.
– Comment la collaboration avec l’équipe d’experts de TMU a-t-elle enrichi votre projet ? Quels apprentissages avez-vous tirés de cette expérience collective qui ont contribué à la réussite de cette aventure artistique ?

Cette collaboration a considérablement enrichi mon projet en apportant une expertise technique essentielle. Mon premier contact avec ces jeunes talents remonte à 2023, lorsque je cherchais à comprendre comment intégrer les technologies avancées dans le domaine artistique pour ma rétrospective de 30 ans. À cette époque, le défi était de concevoir une exposition complète sans déplacer toutes mes œuvres originales, notamment celles des années 90, dont le transport, que ce soit au Maroc ou à l’international, représentait un fardeau logistique considérable.
 

En travaillant avec cette communauté de jeunes Marocains, nous avons lancé un projet de recherche et développement ambitieux. Ce projet a impliqué des tests expérimentaux auprès de divers spectateurs et de l’artiste lui-même, visant à créer une expérience artistique innovante en utilisant la réalité augmentée.
 
– Existe-t-il des initiatives au Maroc visant à encourager l’intégration de technologies comme la réalité augmentée dans l’art ?
La réalité augmentée n’est pas encore largement répandue dans l’art, bien que certains festivals et institutions commencent à l’explorer. L’intégration de ces technologies en création et événements culturels en est aux débuts, avec un potentiel considérable pour leur expansion au Maroc. Mon défi est de concrétiser cette recherche d’une interaction moderne entre le public et l’œuvre.

 
 

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