Face à la sécheresse, Casablanca innove en utilisant les eaux usées traitées pour arroser ses espaces verts. Une initiative pionnière qui redéfinit la gestion de l’eau au Maroc. Détails.
Dans la Métropole économique, l’eau est devenue un enjeu crucial. Face à une sécheresse qui n’en finit plus, la ville s’engage dans une démarche audacieuse : utiliser les eaux usées traitées pour l’arrosage de ses espaces verts. Cette initiative, qui prend racine dans l’urgence climatique, marque un tournant dans la gestion urbaine de l’eau au Maroc.
Arpenter les boulevards de la ville blanche, où le vert des jardins publics commençait à jaunir sous le soleil implacable. C’est là, le long du boulevard Mohammed VI, que l’on a pu assister aux premiers essais d’arrosage avec cette eau recyclée. Un spectacle qui pourrait sembler banal, mais qui revêt ici une importance capitale.
La source de cette eau précieuse ? La nouvelle station d’épuration et de traitement des eaux usées (STEP) de Médiouna. Première d’une série de cinq stations prévues, elle incarne les espoirs d’une ville assoiffée. Avec une capacité initiale de 4.000 mètres cubes par jour, elle permettra dans un premier temps de reverdir les quartiers de Ben Msick, Sidi Othmane, Moulay Rachid, El Fida, Derb Soltane, Aïn Chock et Médiouna.
Ce projet, né dans la douleur des retards et des obstacles administratifs, témoigne d’une volonté politique renouvelée. Moulay Ahmed Afilal, vice-président de la commune de Casablanca, ne cache pas sa satisfaction : « Ce qui aurait dû être une réalité dès 2019 voit enfin le jour. C’est le fruit d’une persévérance acharnée ».
L’implication personnelle de Mohamed Mdihia, wali de la région Casablanca-Settat, dans la supervision du chantier, souligne l’importance stratégique de ce projet pour la métropole. Malgré un chantier encore en cours, les autorités ont fait le choix d’une mise en service anticipée, priorisant l’essentiel : le traitement et la distribution de cette eau si précieuse.
Les premiers jets d’eau sur le boulevard Mohammed VI ont marqué plus qu’un simple test technique. Ils symbolisent l’espoir d’une ville qui refuse de se laisser gagner par la sécheresse. Le débit observé, plus que satisfaisant, laisse présager un renouveau pour les parcs et jardins de Casablanca.
L’ambition ne s’arrête pas là. D’ici septembre, la capacité de la STEP devrait doubler, atteignant 8.000 mètres cubes quotidiens. Une augmentation qui permettra d’étendre le périmètre d’arrosage à l’ensemble de l’autoroute urbaine de Casablanca. Un pas de plus vers une métropole plus verte, plus résiliente.
Cette initiative casablancaise pourrait bien devenir une école. Dans un Maroc confronté à des défis environnementaux croissants, elle incarne une approche novatrice de la gestion des ressources hydriques en milieu urbain. Elle témoigne aussi d’une prise de conscience : face à l’urgence climatique, les solutions doivent être à la fois audacieuses et pragmatiques.
Houda BELABD
Repenser l’avenir …
En observant l’eau recyclée couler sur les pelouses assoiffées de Casablanca, l’on ne peut s’empêcher de penser à l’avenir. Cette ville, qui a toujours su se réinventer, montre une fois de plus sa capacité d’adaptation. Elle trace peut-être ici la voie d’un nouveau modèle urbain, où la préservation des ressources n’est plus une option, mais une nécessité vitale.
Casablanca, cité aux multiples visages, s’offre ainsi un nouveau départ. Un départ vert, irrigué par les eaux d’un passé recyclé pour un futur plus durable. Une leçon d’écologie urbaine qui résonne bien au-delà des frontières marocaines.
Casablanca, cité aux multiples visages, s’offre ainsi un nouveau départ. Un départ vert, irrigué par les eaux d’un passé recyclé pour un futur plus durable. Une leçon d’écologie urbaine qui résonne bien au-delà des frontières marocaines.