Toutes les lunettes de soleil ne se valent pas. Bien que ces accessoires de mode soient devenus incontournables pendant l’été et se trouvent facilement sur le marché sans nécessiter de prescription médicale, il est crucial qu’ils garantissent une protection UV complète. Dr Mohamed Himmich, spécialiste en ophtalmologie, nous éclaire sur les critères essentiels pour s’assurer de leur fiabilité.
Le principe de la protection solaire repose sur deux actions complémentaires : d’une part, atténuer l’intensité de la lumière visible et, d’autre part, neutraliser les radiations nocives, notamment les ultraviolets. Ainsi, le verre solaire joue un rôle double : il réduit la luminosité visible grâce à sa teinte spécifique et bloque les rayons ultraviolets par ses propriétés matérielles, pour assurer une protection optimale contre les effets délétères du soleil. Il est important de préciser, d’ores et déjà, que tous les verres solaires ne protègent pas efficacement contre les rayonnements ultraviolets ou encore contre la lumière bleue.
Derrière des verres teintés, qui ne filtrent pas ces radiations nocives, l’œil est protégé de l’éblouissement par la réduction de l’intensité de lumière visible, la pupille se dilate alors par réflexe et laisse pénétrer dans l’œil une quantité de lumière plus importante, en conséquence, un niveau plus élevé de radiations nocives. On voit donc qu’un verre solaire de piètre qualité peut s’avérer pire qu’une absence de protection. Il est clairement inacceptable que de tels verres puissent être proposés à nos concitoyens.
– Est-il essentiel de porter des lunettes de soleil pendant la saison estivale ?
L’exposition aux ultraviolets est une cause importante de lésions oculaires. Elle peut être à l’origine d’irritations oculaires, de sécheresse de l’œil, de lésions de la conjonctive, de photokératites, d’ophtalmies (ou brûlures de la cornée comme la «cécité des neiges»), d’opacités cristalliniennes, de cataractes précoces et aussi d’atteintes rétiniennes, en particulier chez les enfants.
La lumière ultraviolette constitue donc un danger au quotidien et, plus particulièrement, quand sa concentration est plus élevée : saison estivale, quand l’intensité du rayonnement solaire est plus intense, en milieu de journée lorsque le soleil est au zénith, en montagne où la neige réfléchit 80% du rayonnement, en altitude où sa présence augmente de 10% tous les 1.000 m, en bord de mer par la réflexion de l’eau (20%) et du sable (10%), en ville où les surfaces brillantes réfléchissent la lumière et les UV. Il est donc essentiel de porter des lunettes solaires, autant pendant la saison estivale que lors de toute exposition aux UV.
– Un verre teinté n’offre-t-il pas nécessairement une protection efficace contre les rayons UV ?
Un verre teinté, qui ne filtre pas les radiations nocives, donne une fausse assurance par la réduction de l’intensité de la lumière visible et donc de l’éblouissement. Par ailleurs, il entrainera une mydriase (dilatation de la pupille), majorant ainsi la quantité de rayonnements nocifs (notamment les UV) pénétrant dans l’œil.
– Quelles sont les normes de qualité minimales que devraient respecter les lunettes de soleil pour garantir une protection efficace ?
Les normes européennes classent les verres solaires en cinq catégories, selon le pourcentage croissant de lumière filtrée : la catégorie 0 ne protège pas des UV solaires, elle n’est pas adaptée en cas d’exposition prolongée au soleil. Les catégories 1 et 2 sont adaptées aux luminosités solaires atténuées et moyennes, comme un ciel gris ou voilé, hors période d’été où la luminosité ambiante est en général à son maximum.
La catégorie 3 (recommandée) est celle que l’on retrouve le plus souvent pour les lunettes de soleil, et on comprend pourquoi. Ces verres solaires filtrent entre 83% et 92% des rayons du soleil et sont parfaitement adaptés aux contextes à forte luminosité solaire que ce soit pendant les périodes estivales (plage, mer) ou hivernales. La catégorie 4 est utilisée en cas de conditions extrêmes, comme par exemple l’alpinisme en haute montagne. Attention, elle est interdite pour la conduite automobile.
– Comment le consommateur peut-il distinguer entre des lunettes de soleil de qualité inférieure et des lunettes de haute qualité ?
Pour garantir la fiabilité des lunettes de soleil, le consommateur doit rechercher le marquage « CE » apposé de manière visible et lisible, signifiant qu’elles répondent aux exigences de construction et de performances. Les lunettes doivent être accompagnées d’une notice d’information détaillée, donnant les caractéristiques, performances et instructions d’entretien du produit.
La notice doit mentionner notamment le pouvoir filtrant (classe de protection) des verres. Si je n’avais qu’un seul conseil à donner, ça serait de checker la norme CE, ainsi que la catégorie de protection (idéalement catégorie 3) visibles à l’intérieur des branches des montures. La norme UV400 peut parfois figurer sur certaines étiquettes en gage de bonne protection contre les UV jusqu’à une longueur d’onde de 400 nanomètres.
Ces marques low-cost réduisent les coûts grâce à des processus de fabrication optimisés. En outre, elles offrent une alternative précieuse. Ces verres abordables rendent aussi la correction visuelle accessible à un plus large public en proposant des modèles à prix réduit grâce à des processus de fabrication optimisés et à des économies d’échelle. Bien que ces options soient généralement moins chères, elles respectent souvent les normes de qualité et de sécurité nécessaires pour une protection adéquate des yeux.
Pour garantir une protection anti-UV avec des lunettes bon marché, Sarah El Mortaji recommande de vérifier les normes de protection UV, d’acheter auprès de marques réputées, d’utiliser des traitements anti-UV sur des verres correcteurs, et de sensibiliser les consommateurs sur l’importance de la protection UV à travers des campagnes de sensibilisation.
Pour sensibiliser le public à l’importance de la protection solaire tout en prenant en compte les contraintes budgétaires, plusieurs stratégies peuvent être mises en œuvre. Selon elle, les opticiens ont la possibilité d’organiser des séances d’information, tant dans les magasins qu’en ligne, pour éclairer les clients sur les dangers des rayons UV pour les yeux, tels que le développement de la cataracte ou la dégénérescence maculaire. De plus, ils peuvent distribuer des brochures et afficher des posters dans leurs magasins pour rappeler l’importance de cette protection.
Afin de répondre aux préoccupations budgétaires, les opticiens peuvent offrir des promotions sur les lunettes de soleil et les verres correcteurs avec protection UV. Des remises saisonnières, des offres groupées (monture + verres avec protection UV) ou des ventes flash peuvent rendre ces produits plus accessibles. Ils peuvent également diversifier leur gamme en incluant des options à prix réduit tout en respectant les normes de protection. En collaborant avec des marques, qui proposent des lunettes abordables mais conformes aux normes de protection, ils peuvent offrir des solutions adaptées à tous les budgets.
Enfin, en intégrant la protection UV dans les verres standards, même pour les modèles d’entrée de gamme, les opticiens garantissent une protection de base à tous leurs clients, indépendamment de leur budget. Cette inclusion peut être présentée comme un avantage supplémentaire lors de l’achat, assurant ainsi une protection solaire adéquate pour chaque client.