Vendredi 23 août, à travers l’ensemble du territoire algérien le prêche de la prière hebdomadaire a étonné les millions de fidèles. Ce qui était interdit depuis les années 90’ est de retour dans les mosquées algériennes : le discours politique.
Le discours politique dans les mosquées a été interdit par le pouvoir en place au début des années 90’. « Il était à l’origine du déclenchement de la guerre civile qui a ravagé l’Algérie durant plus d’une douzaine d’années, faisant 250.000 morts et 20.000 disparus. Sans compter les nombreux enfants nés des viols commis par les membres des groupes terroristes, et les milliers d’orphelins » ne cessait-on de répéter inlassablement tout en appelant à fermer la porte des mosquées à la politique.
Ce vendredi 23 août, c’est ce même pouvoir qui ouvre les portes des mosquées au discours politique incitant la population à se rendre en masse aux urnes le 7 septembre prochain. L’appel n’est pas destiné à voter pour l’un des trois candidats en lice. L’heureux élu est connu d’avance. C’est l’actuel locataire du palais d’El-Mouradia qui compte y rester pour cinq autres années. Pour les décideurs qui organisent des élections sur mesure pour ne pas mettre en péril leurs intérêts, l’important est une participation massive au scrutin pour faire oublier le boycott de l’édition de décembre 2019.
Tebboune ne présente pas de certificat médical ni de déclarations de patrimoine
Ce grave dérapage n’est pas le seul à enregistrer à l’actif du président candidat. Il y a pire. Une flagrante violation de la loi électorale est commise par le candidat libre, Abdelmadjid Tebboune. Cela a commencé dès l’annonce de sa candidature pour briguer un second mandat.
Aussitôt l’annonce de sa candidature faite, le président-candidat Abdelmadjid Tebboune a délégué son directeur de cabinet de la présidence de la république, Boualem Boualem et le directeur général de la communication Kamel Sid Saïd au siège de l’Autorité Nationale Indépendante des élections (ANIE), pour déposer son dossier. C’est là, une première violation de la loi organique électorale. Ni la presse, ni les candidats concurrents et encore moins Mohamed Charfi, président de l’ANIE n’ont eu la moindre réaction.
Pourtant, la transgression est très grave. Le président n’a pas à mettre à son service des fonctionnaires de l’Etat. Mais ce n’est là qu’une entrée en matière. Dèjà que la collecte des parrainages est des plus douteuses. La candidate à la candidature Saïda Neghza l’a bien signalé. On ne peut prétendre ramasser 300.000 signatures à travers 58 wilayas du pays alors qu’on n’a vu aucun mouvement de masse devant les mairies pour la légalisation des signatures. Passons…
On peut palabrer autant qu’on veut du côté du candidat pour justifier ces infractions. Mais, là où il n’y a nulle explication et la violation de la loi est des plus claires c’est lorsque le candidat-président manque de déposer « un certificat médical délivré à l’intéressé par des médecins assermentés », comme l’exige l’article 139 de la loi électorale. Âgé de 79 ans, Abdelmadjid Tebboune souffre d’un problème pulmonaire provoqué par le tabagisme. Il a du mal à respirer après un quelconque effort. Il a, également, un problème au niveau du pied. On l’a vu lors de sa visite en Turquie éprouver les pires difficultés pour marcher droit. Ceci, en plus de son problème de sinusite.
Une autre violation de la loi électorale et non des moindres est l’absence dans son dossier de sa déclaration du patrimoine. L’article 139-16 de la Loi organique 16-10 du 25 août 2016, relative au régime électoral oblige tout candidat à la magistrature suprême à faire sa déclaration de biens immobiliers, mobiliers et ses comptes bancaires en Algérie et à l’étranger.
Ces deux dernières violations (le certificat médical et la déclaration du patrimoine) ont été généralisées aux autres candidats auxquels ces pièces n’ont pas été exigées.
Cependant, la plus grosse des affaires et qui est considérée comme le scandale de toutes les présidentielles est la fuite de capitaux. L’évasion des 2,4 millions d’Euros sortis illégalement du territoire algérien et saisis à l’aéroport Charles-De-Gaule Roissy constitue aux yeux de la loi un crime économique. Abdelmadjid Tebboune assume, en premier, la responsabilité de ce crime. Le silence imposé aux médias algériens sur ce scandale, comme si l’Algérie n’était pas concernée et le silence effarant de l’appareil judiciaire qui n’a pas ordonné l’ouverture d’une enquête sur l’affaire, en disent long sur la responsabilité de Tebboune et son clan.
« Tebboune candidat libre, oui… et encore ! Mais pas libre de violer la loi et de faire tout ce que bon lui semble » commente un citoyen algérien dépité.