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Économie Bleue : Secteur à fort potentiel, où l’essentiel reste à faire ! [INTÉGRAL]

Économie Bleue : Secteur à fort potentiel, où l’essentiel reste à faire ! [INTÉGRAL]

Secteur stratégique pour l’économie national, l’économie bleue se développe au Maroc, mais peine à prendre son rythme de croisière. Les professionnels appellent ainsi une réforme du secteur pour maximiser ses bénéfices socio-économiques.

Parmi les chantiers majeurs sur lesquels se focalisent le gouvernement figure, dont les contours se dessinent depuis depuis la signature du fameux accord de prêt d’un montant de 350 millions de dollars entre le Royaume et la Banque Mondiale pour le programme pour les résultats de l’économie bleue (PPR EB). Les signataires dudit accord ont, d’ailleurs, conclu en mars la quatrième mission de supervision y afférente, déployée du 26 février au 8 mars 2024, présentant  les progrès enregistrés tant au niveau des projets portés par les différentes parties prenantes audit Programme qu’au niveau des actions qui relèvent de son domaine d’intervention. Ces avancées permettent aux secteurs bleus de contribuer au produit intérieur brut (PIB) à hauteur de 3,8% en valeur ajoutée et à 4,6% en termes d’emplois. Cependant, le manque de convergence et d’intégration entre les approches sectorielles de l’économie bleue peut conduire à une utilisation inefficace des ressources et, dans certains cas, provoquer des conflits entre les utilisateurs de l’espace, du foncier et des ressources. Le manque de coordination réduit également les possibilités d’investissement, ce qui compromet le potentiel de création d’emplois, particulièrement pour les femmes et les jeunes, ainsi que le développement des affaires pour des groupes tels que les pêcheurs artisanaux. Par ailleurs, le rapport sur le Nouveau Modèle de Développement avait épinglé aussi le non-respect des dispositions de la Loi 81-12 relative au littoral et au domaine public maritime affecte la sécurité du littoral, tou en insistant sur la saisie des opportunités offertes par le potentiel maritime, dans « les secteurs économiques traditionnels tels que la pêche, le tourisme et les activités portuaires » mais également dans de « nouveaux secteurs à fort potentiel (aquaculture, algoculture, bioproduits marins, construction navale ou encore énergies marines renouvelables…) ».
 
 
Le même rapport insiste sur la mobilisation pleine et entière du potentiel de l’économie bleue requiert l’accélération de la mise en oeuvre des schémas de développement des neuf régions littorales du Maroc. Ces derniers serviront de levier au développement de « clusters côtiers » pour attirer des investissements orientés vers des activités créatrices de richesses et soucieuses de la préservation des littoraux ».
 
Clusters côtiers pour un modèle durable
 
Dans ce sens le ministère des finances, indique que son partenariat avec la Banque Mondiale s’articule également autour de la conception de clusters côtiers pilotes dans les régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Souss Massa.Ces clusters côtiers joueront un rôle crucial dans la stimulation de l’innovation et de la compétitivité locale. En favorisant la collaboration entre entreprises, institutions de recherche, et acteurs communautaires, ces clusters visent à créer des écosystèmes dynamiques propices à l’essor économique durable. Des infrastructures spécifiques seront développées pour soutenir les entreprises maritimes, encourager l’investissement et promouvoir la création d’emplois dans ces régions côtières stratégiques. Lors d’une réunion de haut niveau organisée par le Département de la Pêche maritime etl’initiative WestMED, les experts se sont également accordés sur le fait que « l’alliance des clusters méditerranéens est une opportunité pour les régions côtières du Maroc de partager leurs expériences et de créer des connexions de mise en réseau et de partage de connaissances entre pairs ». Il a ainsi été proposé d’organiser un deuxième événement de haut niveau dédié aux clusters maritimes régionaux avec l’Association des régions marocaines qui pourrait être programmé en octobre 2024.
 
Le ministère de l’Economie et des Finances a pour sa part souligné la nécessité de cartographier les financements bleus existants et leurs critères d’éligibilité, afin de les partager avec les institutions publiques et privées et les autorités locales au Maroc. Enfin, en matière de recherche et d’innovation, les participants ont proposé la création d’un cluster national transversal sur les enjeux et défis de la connaissance scientifique du capital maritime et marin et des nouvelles technologies vertes liées à l’économie bleue.  En intégrant innovation, collaboration et durabilité, le Maroc renforce la compétitivité économique des régions pilotes et ouvre la voie à une gestion éclairée et intégrée des ressources maritimes.
 
Avec une vision à long terme, le gouvernement vise à maximiser les bénéfices socio-économiques de ses vastes côtes tout en préservant leur richesse naturelle pour les générations futures.
 
Souhail Amrabi

3 questions à Jamil Ouazzani : «Il faut des assises pour dresser un état des lieux de l’économie bleue au Maroc»
Comment l’économie bleue peut-elle être un vecteur de développement économique, pour le tourisme par exemple ?
 
Il y a beaucoup de paramètres qui ont changé dans le marché du tourisme. Les clients cibles aujourd’hui sont de plus en plus sensibles au tourisme durable. Il y a donc d’importants investissements qu’il faudrait faire pour répondre à cette nouvelle demande. Par exemple, le port de Tanger Ville a commencé à proposer ces dernières années des circuits de tourisme durable, qui sont très demandés par les croisiéristes, surtout de luxe. On arrive donc à augmenter le chiffre d’affaires et à accroître les marges de gain, avec peu de choses. C’est donc des circuits simples et faciles à reproduire.
 
Comment peut-on davantage tirer profit des ressources halieutiques d’une manière soutenable ?
 
La Méditerranée est une mer très polluée, ce qui menace gravement les ressources maritimes et aussi les sources de revenus du territoire national. Pour réduire le stress qui pèse sur la mer, il faut agir surtout sur le comportement de l’Homme. Par exemple, dans le cadre des campagnes de sensibilisation qu’on organise, on avait fait des labyrinthes sous-marins pour les enfants, et on demandait aux plongeurs de récupérer les déchets qui se trouvaient dans la mer. On trouvait des pneus, des bicyclettes, du plastique, etc. Pour prendre le cas des déchets plastiques, si en 2050, on continue encore à les utiliser de la même manière, dans les océans, on aurait plus de plastique que de poisson. Ce comportement tue ainsi tout l’écosystème marin. Il faut donc faire montre de vigilance pour pouvoir tirer profit des ressources maritimes de manière responsable. Au niveau du port, il y a des initiatives qui sont prises, notamment la mise en place des unités de valorisation des déchets, on prête attention au nombre de croisières accueillies par le port pour garantir des conditions de vie favorables à la faune marine et on va devenir pavillon bleu, ce qui impose plusieurs règles environnementales à respecter.
 
Quelles sont vos recommandations en vue d’une stratégie nationale pour l’économie bleue ?
 
Il faut tout d’abord organiser des assises pour dresser un état des lieux et discuter de ce qui doit être fait pour la promotion de l’économie bleue. Il y a donc un effort de communication à faire sur le sujet. Ensuite, il faut une conception claire de l’économie bleue. Il y a plusieurs définitions qu’il faudrait cadrer, car c’est ce qui va permettre d’élaborer des actions de sensibilisation ciblée et efficace, surtout auprès des jeunes et des enfants, qui sont les ambassadeurs de l’action écologique. De plus, il faut que la sensibilisation devienne partie intégrante des programmes scolaires au niveau de tout le territoire. Et finalement, il faut une coordination entre toutes les parties concernées du secteur pour éviter les chevauchements au niveau des décisions et des actions.

3 questions à Hassan Sentissi El Idrissi : «Nous prônons l’organisation des assises nationales pour définir les objectifs de développement durable»
Vous parlez souvent des enjeux d’une décarbonation imminente de l’industrie halieutique. Quelle est votre perspective concernant cet enjeu ?
 
La durabilité de l’industrie halieutique au Maroc est un enjeu qui passe par l’exploitation durable des ressources, mais également par la décarbonation des chaînes de valeur. Ce message s’adresse à tous les types d’acteurs qui font partie de l’industrie halieutique, d’autant plus que la décarbonation sera une condition pour continuer à exporter vers le marché européen à partir de 2026. Raison pour laquelle nous prônons l’organisation des assises nationales, réunissant tous les acteurs pour définir les objectifs de développement durable.
 
Comment l’enjeu de durabilité des ressources est-il perçu par les acteurs nationaux de l’industrie halieutique ?
 
En dépit des ressources maritimes importantes que compte notre pays, de sa position géographique avantageuse à cheval entre deux façades maritimes et des avancées de l’industrie nationale de valorisation des produits de la mer, la durabilité même des ressources halieutiques nationales demeure bien évidemment un enjeu cardinal et d’importance majeure pour les acteurs de l’industrie halieutique. Œuvrer à durabiliser ces ressources halieutiques permettra d’éviter la surexploitation et de nous aligner sur les orientations nationales en termes de protection des espèces et des écosystèmes. Cela nous permettra également de garantir la pérennité des retombées socio-économiques de cette industrie.
 
Quid de l’impact environnemental de cette industrie en termes de production de déchets, notamment ceux issus des solutions d’emballage ?
 
C’est un autre enjeu qui nous est très important. Nous aspirons à trouver des solutions d’emballage qui puissent être aussi bien écologiques qu’économiques. Nous travaillons sur des solutions innovantes (à partir d’intrants produits au Maroc) qui permettront d’améliorer l’attractivité de nos produits tout en optimisant les coûts liés à ces solutions.