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Tourisme CHAMALI: estivage ou «Grissage» ?

Tourisme CHAMALI: estivage ou «Grissage» ?
Le Maroc, ce très beau pays avec sa belle nature, son doux climat et surtout son immense littoral de 3500 kilomètres, tous les ingrédients sont en principe réunis pour convaincre le marocain « To stay » dans son pays pendant les vacances estivales. Certes, nous avons peu à envier à nos voisins européens en terme d’hôtellerie, de restaurants ou d’activités, surtout que même sur le plan transport, nous avons de belles routes et des moyens de locomotion aussi fiables, confortables et rapides que le TGV. Et pourtant le Marocain cherche toujours à passer son petit séjour à l’étranger une fois qu’il a obtenu son visa. Prétexte?: « ça revient moins cher un séjour la bas qu’ici ». Est-ce vrai ? Quelles sont les raisons réelles de ces changements de destination ? A qui profite le tourisme au nord du Maroc? Focus sur notre cher et aimable «Chamal».
 
Destination Nord
Cette belle mer Méditerranée tant appréciée par les petits et les grands baigneurs, attirant grand nombre de voyageurs, continue aujourd’hui comme avant à alimenter les fantasmes et les envies. En effet, rien n’est plus relaxant que de profiter d’une baignade dans les eaux calmes et claires de plages dotées d’un sable doré sous un ciel bleu, on se croirait aux Maldives. Pourtant, ce n’est pas si vrai. A part les quelques plages privées et très difficiles d’accès qui profitent à une population très restreintes de happy few comme « Al Mina » ou encore « Kabila », à titre d’exemple, le reste des plages même à aspect paradisiaque ne sont plus ce qu’elles étaient auparavant. 

Commençons par les jet skis autorisés en masse. L’eau de mer y sent à plein nez le Gasoil, sans parler des nuisances sonores empêchant de profiter de moments paisibles au bord de la mer. En passant, les prix 2024 de location d’un Jet ski sont entre 600 et 1500 Dhs la demi-heure ! Se rajoute à cela le nombre de parasols, chaises et relaxes qui débordent dans tous les sens, sur un sable plein de déchets, ne laissant que rarement un petit endroit vierge pour les amateurs de la « bronzette sur serviette », les prix méritent aussi une petite attention. Les chaises à 20 Dhs, les parasols  et relaxes à 50 dhs, soit le double du Tarif proposé en côte atlantique, et la liste est longue!
 

Home trop cher home 
Passons maintenant aux logements. Si nous pouvons comprendre que les tarifs prohibitifs pratiqués par nos «chers hôtels » du nord pendant cette période d’été à forte affluence, puissent être justifié par le nombre limité de lit et que leur cible principale n’est point le marocain résidant au Maroc, mais plutôt les étrangers, qu’en est-il des résidences estivales qui longent la côte, avec piscines et accès direct à la mer? Entre Fnideq et Mdiq, les prix de l’été 2024 pour une nuitée varient entre 3000 et 5000 Dhs. Il est donc clair que monsieur tout le monde ne peut y accéder, mais plutôt les CSP++ en quête de belles vacances. 

Même avec ces prix, la qualité des équipements et de la literie proposées laissent à désirer. Climatiseurs en panne, réfrigérateurs non réfrigérants, ustensiles de cuisines cabossés et matelas inconfortables sont au rendez-vous. Ne parlons surtout pas de la guerre quotidienne autour des transats et surtout face à mère nature, qui balance ses guerriers nommés moustiques et cafards, chaque soir pour mettre un peu d’ambiance et d’inconfort.
 

Il était une fois Trabendo 
 
Comme tout le monde n’a pas les moyens d’être voisin direct de la mer, la quasi majorité du “people” – moyen standing- estivant cherchera à louer un “habitat” selon ses moyens et son budget de voyage, surtout lorsqu’il s’agit de familles de 3 personnes ou plus. A la recherche de Hmizates, ces derniers trouveront refuge à Mdiq ville ou à Martil. Des appartements basics à des prix allant de 800 à 1500 dhs la nuitée, le nombre de chambres – ou plutôt de lits- et la proximité de la mer feront varier le prix. Ftour chamali le matin, Bocadillos au déjeuner et Gamila au diner sont typiquement le menu standard des vacanciers lambda. Encore une fois à quel prix? Quand on achète les pommes de terre à 10 Dhs le kilo, et les œufs à 3 Dhs pièce, on vous laisse deviner le reste!! Et notamment les prix exorbitants de parkings qui vont de 10Dhs l’heure jusqu’à 50 Dhs!

Qu’en est-il de la restauration ? Eh oui, le CHAMAL est connu pour ses snacks qui proposent tout type de nourritures, allant du Sfenj et churros le matin, en passant par les fritures, sandwichs et Twajen, jusqu’à la Harira, Bissara, jus et glaces. Le but étant de capter la clientèle  sur toute la journée avec un service Non-stop. C’est pour cette raison d’ailleurs que la majorité des repas a le même goût. A Chamal, certains restaurateurs cessent de servir les cafés au-delà de 13h et 19H, dans le but de faire marcher plats et jus. Les quelques franchises connues de restaurateurs, boucheries et épiceries fines ayant récemment ouvert au nord exercent des prix très chers et incompréhensibles. C’est comme si on les avait obligé à venir s’installer au nord. Vendre du fromage brie à 50 dhs les 100 grammes, ou encore des saucisses poulet à 180 dhs le kilo nécessite quelques éclaircissements ! Tout cela en l’absence de tout contrôle des prix, et sans doute aussi de l’hygiène, par les autorités compétentes. Face à cela, le client se retrouve  dans une impasse sans pouvoir d’agir, car telles sont les règles. Ici on a compris que le client n’est pas Roi!

Et pourtant, le nord regorge d’estivants marocains “wlad leblad”, et malgré tout, les gens continuent chaque année à venir en masse passer leur vacances au fameux CHAMAL, avec tant de frustrations certes, tout en espérant que quelqu’un intervienne pour réguler les prix à payer. Quand on leur demande la raison de cet engouement nordiste pour le moins fataliste, les réponses sont empreintes de nostalgie et de patriotisme: “ trop cher certes, mais ils nous attendent tout l’année, car ils n’ont que deux mois d’activité, tel est le prix à payer pour changer de rythme de vie tout en aidant ses compatriotes du Nord. Autant dépenser notre argent ici qu’à l’étranger, on a pris l’habitude de séjourner ici depuis notre enfance”. Nostalgie quand tu nous tient ! 

Certes, qui peut oublier qu’à une certaine époque, les estivants du Chamal revenait non seulement avec la tête pleine de beaux souvenirs, mais aussi avec les coffres de leurs voitures emplis de cadeaux et d’emplettes issues de l’autrefois florissant marché du «Trabando» de Fnideq, Mediaq et Martil? Tout le monde trouvait son compte à des prix très intéressants. Maintenant, les marchandises proposées sont tout sauf espagnoles, et la culture de consommation a aussi changé en conséquence. Peut-être que cela explique la hausse des prix subie sur les autres actes d’achat. Un écosystème autrefois basé sur la contrebande qui perdurait toute l’année, essaierait-il désormais d’amortir son actuel manque à gagner  sur le dos des estivants dont l’afflux saisonnier ne dépasse guère les deux ou trois mois par an ? La question reste posée. 

“The other side”
 
De l’autre côté du détroit, sans partir trop loin, la Costa Del Sol, paradis terrestre offrant une panoplie de formules aux estivants marocains de toutes classes et de tous budgets, s’est depuis longtemps positionné comme un sérieux concurrent face aux excès du Chamal. En dehors du visa dont le processus d’obtention ressemble toujours à un parcours du combattant, le reste est très facile.  Commençons par la traversée. Que ça soit par avion ou par bateau, les prix restent très abordables. 

Une fois sur place, des hôtels, appart-hôtels ou encore des logements privés Rbnb sont proposés à partir de 80 euros la nuitée. Se rajoutera à ceci un budget important du voyage: les activités! Surtout avec des gosses, il y a des musées, des cinémas, des sorties en bateau, des parcs aquatiques, des manèges… et la liste est longue et alléchante!! Tout cela à des prix très abordables. Sans oublier les adeptes du shopping qui trouveront leur compte dans les tas de malls de la région et leurs « Rebajas » plus qu’avantageuses. Au final et en dépit de toutes ces tentations dépensières, le prix à payer pour un séjour au sud de l’Espagne reste relativement moins cher que celui à débourser au nord du Maroc!

En conclusion et à l’attention de nos compatriotes commerçants et hôteliers du Nord, on part au Chamal d’abord par patriotisme, et ensuite pour ses eaux turquoises et son sable blanc de coquillage, son charme typiquement marocain, avec ses plages infestées de vendeurs de Pipas, de beignets, de «Ghlala» et de «tayeb ou hari». On y va aussi pour les délicieux bocadillos et pour le charmant accent Chamali. Mais on n’y va surtout pas pour la frime et le m’a tu vu que semblent encourager les prix excessifs que vous avez décidé de nous imposer… à bons entendeurs salut !