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Mohammedia : Le quotidien palpitant des maîtres-nageurs

Mohammedia : Le quotidien palpitant des maîtres-nageurs

Sur la plage « Mannessmann » de Mohammedia, Khaled et Hassan, deux maîtres-nageurs dévoués, veillent sur les baigneurs avec une complicité forgée par l’océan. Plongée dans leur quotidien rythmé par les vagues et les sauvetages.

 
Nous sommes à la plage « Mannessmann » de Mohammedia. A cette heure de la matinée, deux silhouettes se démarquent, à quelques encablures des foules et des flots. Khaled et Hassan : deux maîtres-nageurs. Deux gardiens de cet océan déchaîné, veillant sur les âmes téméraires qui s’y aventurent, de jour comme de nuit.

Khaled, ancien marin aux yeux charbonneux, a la peau burinée par les années passées à scruter l’horizon. Pour lui, la mer est une confidente silencieuse. Ses mouvements précis et sa capacité à anticiper le danger font de lui une figure rassurante. « Sans prétention aucune, j’ai sauvé plusieurs centaines de vies depuis que je fais ce métier », affirme-t-il. « Aux dernières nouvelles, j’ai sauvé le chiot d’une touriste française. Elle m’a ramené une enveloppe de 10.000 dirhams que j’ai refusée. Pouvoir sauver des vies humaines et animales est ma plus grande récompense », poursuit-il.

A ses côtés, Hassan, plus jeune, est une sorte de légende en devenir. Si Khaled est le roc de l’océan, Hassan est l’écume du bonheur, apportant une énergie débordante et un amour profond de l’eau. Pour lui, chaque sauvetage est un nouveau thriller. Son dévouement à sauver les âmes en détresse le rend aimable par les jeunes et les moins jeunes.

« Un mélange de terreur et de gratitude »

Hassan, pour sa part, se souvient d’un de ces jours comme si c’était hier. Alors qu’un groupe d’enfants jouait non loin du rivage, un petit chérubin, 6 ans à peine, s’aventurait un peu plus loin que les autres.« J’ai senti un avertissement silencieux quelque part », se souvient-t-il. « Quelques secondes plus tard, une vague sournoise a soudainement frappé, emportant le garçonnet au large. Le visage de l’enfant a, en une nanoseconde, disparu sous l’écume».Hassan a plongé, défiant la vitesse et la robustesse des vagues.« L’eau était glacée, tranchante, et le courant, puissant. Je voyais à peine la tête de l’enfant à travers les vagues. Je l’ai atteint en quelques brasses, l’ai agrippé, sentant son corps tremblant d’épuisement et de peur. Chaque vague qui nous frappait était une lutte pour rester à la surface. Je lui ai murmuré des mots rassurants, cela fait partie des premiers gestes de sauvetage», dit-il.

« Je me souviens encore de ses yeux agrandis par un mélange de terreur et de gratitude, cherchant désespérément une ancre, un espoir […] Je n’oublierai jamais ses petits bras collés à mon cou, depuis la dernière vague jusqu’au sable, ni ses sanglots mêlés aux larmes de joie de sa mère qui s’est jetée sur mes mains pour les embrasser », relate-t-il d’une voix saccadée, comme pour camoufler son émotion.

Ensemble, Khaled et Hassan forment un duo indéfectible, comme deux faces d’une même médaille. Leur respect mutuel transcende les mots, et la mer, constante, les unit. À la tombée du jour, quand la plage se vide, ils échangent un regard complice, conscients que demain, ils seront là, veillant, écoutant les secrets que l’océan murmure à ceux qui savent l’entendre.
 
Houda BELABD