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Autoroute de l’eau : Bilan positif d’un projet écoresponsable [INTÉGRAL]

Autoroute de l’eau : Bilan positif d’un projet écoresponsable [INTÉGRAL]

Un an après le lancement de la première tranche de l’Autoroute de l’eau Sebou-Bouregreg, le bilan social et environnemental s’avère positif, évitant de graves pénuries d’eau.

Dans Son Discours du Trône, SM le Roi Mohammed VI a fixé un nouveau cap pour dépasser la crise hydrique par laquelle passe le Royaume. Outre l’accelération de la construction des stations de dessalement et des barrages, le Souverain a insisté sur les projets de tranfert d’eau à l’instar de la fameuse Autoroute de l’eau lancée en août 2023 et dont les effets sur la région sont perceptibles. «Nous appelons à accélérer la réalisation des grands projets de transfert d’eau entre les bassins hydrauliques, en assurant la connexion entre le bassin de Oued Laou-Larache et Loukous et celui de Oued Oum Er-Rbia, en passant par les bassins Oued Sebou et Bouregreg», a insisté le Souverain, rappelant que ces projets permettront l’exploitation d’un milliard de mètres cubes d’eau qui se perdaient dans la mer et garantiront une répartition spatiale équilibrée des ressources hydriques nationales. En effet, pour atteindre les objectifs escomptés, des études ont été menées au niveau de la pluviométrie et l’historique des écoulements afin de pouvoir, au final, ne transférer que l’eau excédentaire du Sebou vers le Bouregreg. « Lorsque nous parlons d’eau excédentaire, nous entendons les ressources hydriques qui perdurent après le prélèvement de tous les usages (eau potable, agriculture, industries, etc.) et qui autrement auraient été rejetées en mer », nous expliquait Hammou Bensaâdout, Directeur général de l’Hydraulique au ministère de l’Equipement et de l’Eau, tout juste après la mise en fonction du projet.
 
 
La première préoccupation de la tutelle est d’éviter les pertes d’eau vers la mer et fournir de l’eau potable aux régions d’El-Jadida, Marrakech et Rabat, compte tenu du déficit hydrique que subit cette zone en raison de la succession des années de sécheresse. «Ces Autoroutes de l’eau permettent également de renforcer l’irrigation dans les périmètres de Doukkala et de la plaine de Chaouia, ainsi que d’assurer la recharge artificielle de la nappe de Berrechid», nous indique Abdelaziz Zerouali, Directeur de la recherche et de la planification au ministère de l’Équipement et de l’Eau. Il souligne que le ministère se penche actuellement sur les études de faisabilité de ce projet pour assurer le transfert de l’eau du barrage El Massira à Oued Laou. «À ce jour, un volume de 380 Mm³ a été transféré depuis août 2023», précise notre interlocuteur, notant que sans ce projet, la zone côtière de Rabat jusqu’au Nord de Casablanca aurait manqué d’eau depuis mi-novembre 2023. 
 
Impact environnemental
 
Ceci dit, les transferts d’eau posent avec acuité la question des écosystèmes littoraux qui sont en aval du barrage de garde du Sebou et dont le cycle écologique dépend de l’eau douce qui s’écoule en mer. L’enjeu environnemental est donc d’envergure. « La mise en œuvre du projet de transfert de l’eau a été précédée par une multitude d’études techniques très poussées. Ces études ont impliqué plusieurs préoccupations environnementales relatives principalement à la disponibilité de l’eau, puisqu’il était bien évidemment hors de question de « déshabiller Paul pour habiller Pierre » », selon Bensaâdout. 
 
Le volume annuel moyen de l’eau du Sebou qui est perdu en mer après satisfaction de tous les usages est estimé à près de 800 millions de m3. «Il n’a jamais été question de prélever tout ce volume jusqu’à stopper cet écoulement», affirme notre interlocuteur, qui précise que la tranche urgente du projet qui a été finalisée le 28 août correspond à un transfert de l’eau du Sebou vers le Bouregreg à raison de 400 millions de m3 par an. 
 
Bilan positif
 
Le point de prise d’eau a été réalisé au niveau du barrage de garde du Sebou, qui correspond au dernier rempart des eaux douces de ce bassin. C’est-à-dire un stock de 40 millions de m3, qui est alimenté depuis les barrages d’El-Ouahda et d’Idriss 1er, notamment, et qui est destiné à bloquer la remontée des eaux salines qui arrivent jusqu’à son aval. Donc, l’impact sur les écosystèmes qui sont en aval est minime et le bilan environnemental et social du projet est globalement positif. D’ailleurs, le barrage de garde est muni d’une échelle à poisson pour permettre à certaines espèces migratrices de continuer leur cycle écologique. Le projet d’interconnexion des bassins du Sebou et du Bouregreg a par ailleurs impliqué d’autres dimensions environnementales et sanitaires derrière lesquelles une multitude de projets et d’infrastructures ont été soigneusement déployés. Il s’agit en l’occurence de la dépollution du bassin hydraulique du Sebou, en s’attaquant au problème des rejets des margines. Dans ce sens, un programme de délocalisation des unités industrielles polluantes vers la zone d’Aïn Baida a été lancé dans ce sens. 
 
Par ailleurs, le fait que le Maroc ait pendant plusieurs années étudié le projet d’Autoroute de l’eau (avant de se lancer dans la concrétisation) a donné l’opportunité aux experts et ingénieurs marocains de bénéficier d’une base actualisée de données et de solutions techniques et technologiques qui permettent de parer aux risques de toute nature. Une prouesse qui est scrutée par la communauté internationale dans un contexte où les changements climatiques imposent d’innover à grands pas pour garantir la sécurité hydrique des pays touchés par la raréfaction de l’eau.
 
Dans cette perspective, et conformément aux orientations Royales, le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a présidé en ce mois d’août une réunion à la Direction générale de l’Ingénierie hydraulique, durant laquelle il a invité les parties prenantes à la mise en oeuvre rapide des projets qui portent sur l’interconnexion des barrages afin de permettre une gestion intégrée et fluide des ressources en eau au niveau des bassins. 
 
M. ELKHODARI & Y. RHARDOUD

Trois questions à Yassine Wahby : “Nous veillerons sur l’augmentation du seuil de vigilance en termes de contrôle des prélèvements et des utilisations illicites de l’eau”
Quel est l’impact de l’interconnexion des bassins sur les ressources en eau des régions concernées après un an d’exécution du projet ?
 
L’interconnexion entre les bassins a joué un rôle primordial dans la satisfaction des besoins en eau, surtout tenant compte de la récurrence des épisodes de sécheresse observée au niveau de notre pays durant ces dernières années. En effet, au niveau de la zone Nord du Royaume, trois interconnexions ont été réalisées depuis 2016, ces interconnexions ont permis de sécuriser les besoins en eau au niveau des grandes villes de Tanger, Tétouan, la zone côtière de Tamouda Bay et la ville de Targuiste.

  Selon vous, quel est l’impact actuel de l’interconnexion des bassins sur l’écosystème marin ?  

L’influence sur les écosystèmes marins est plutôt observée dans le cas de construction des barrages qui limitent les apports en eau vers la mer. Il existe plusieurs espèces aquatiques marines dont la reproduction est faite au niveau des eaux douces. Ces espèces, qui ne trouvent plus les conditions favorables pour pondre leurs œufs, ont de plus en plus une tendance à la raréfaction, voire la disparition. On cite par exemple une espèce de poissons migrateurs nommée «l’Alose » qui a disparu des milieux aquatiques de l’aval de l’oued Loukkos à Larache après la construction du barrage de garde à 11 Km de l’embouchure.
 

Ces projets à l’échelle du Royaume suffiront-ils à éviter de futures pénuries d’eau, malgré les coupures actuelles dans certaines régions ?
 

Le transfert entre les bassins excédentaires vers les bassins déficitaires s’inscrit parfaitement dans le cadre de la politique de l’eau de notre pays. En plus du recours aux eaux non conventionnelles, ce projet constitue une solution durable pour la sécurisation des besoins en eau, notamment à la lumière de la baisse du niveau des précipitations.En plus de ces projets, des efforts importants seront déployés dans la préservation des ressources en eau à travers l’augmentation du seuil de vigilance en termes de contrôle des prélèvements et des utilisations illicites, ainsi que des rejets non contrôlés dans le milieu naturel.
 

Trois questions à Abdelaziz Zerouali : “Une fois le projet de station de dessalement achevé, Casablanca ne devrait plus connaître de coupures d’eau”
Comment évaluez-vous les retombées des projets d’Autoroutes de l’eau sur les ressources en eau dans les régions concernées après un an de mise en œuvre de ce projet d’envergure ?
 
Le projet de transfert d’eau entre les bassins hydrauliques s’inscrit dans le cadre des orientations Royales visant à assurer l’alimentation des régions sèches en eau potable et en eau d’irrigation. Il consiste notamment à relier le bassin de Oued Laou et Loukous à celui d’Oued Oum Er-Rbia, en passant par les bassins de Oued Sebou et du Bouregreg. Ce projet ambitieux vise à éviter les pertes d’eau vers la mer et à fournir de l’eau potable aux régions d’El-Jadida, Marrakech et Rabat, compte tenu du déficit hydrique que subit cette zone en raison de la succession des années de sécheresse. Ces Autoroutes de l’eau permettent également de renforcer l’irrigation dans les périmètres de Doukkala et de la plaine de Chaouia, ainsi que d’assurer la recharge artificielle de la nappe de Berrechid. À ce jour, le ministère se penche sur les études de faisabilité de ce projet pour assurer le transfert de l’eau du barrage El-Massira à l’Oued Laou, sachant qu’une tranche urgente a déjà été réalisée, reliant les barrages de Sebou à Bouregreg. À ce jour, un volume de 380 Mm³ a été transféré depuis août 2023. Sans ce projet, la zone côtière de Rabat jusqu’au Nord de Casablanca aurait manqué d’eau depuis mi-novembre 2023.
 

Aujourd’hui, quel est, d’après vous, l’impact de l’interconnexion des bassins sur l’écosystème marin ?   

Aucun impact conséquent n’a été identifié sur le milieu marin. Par contre, nous avons observé une économie d’eau durant l’année 2022, où 23.340 millions de mètres cubes ont été perdus en mer. En revanche, le dessalement pourrait, à long terme, avoir un impact négatif sur le milieu marin en raison des saumures qui finissent dans la mer, bien que l’ampleur de cet impact n’ait pas encore été mesurée.
 

Ces projets lancés à travers le Royaume permettent-ils d’éviter le pire dans le futur à la lumière des coupures d’eau décidées dans certaines régions ?

 
Une fois le projet de station de dessalement de l’eau de mer achevé, Casablanca ne devrait plus connaître de coupures d’eau. De plus, l’extension de l’autoroute de l’eau entre les bassins de Sebou et du Bouregreg garantira, à moyen terme, un approvisionnement constant en eau potable pour la région côtière de Rabat-Casablanca, évitant ainsi les interruptions d’eau dans cette zone ainsi que dans les régions avoisinantes.
 

Interconnexion des bassins : Kézako ?
Projet stratégique par excellence, le vaste chantier d’interconnexion des bassins de Sebou, Bouregreg, Oum Er-Rbia et Tensift vise à assurer une souplesse et une meilleure gestion intégrée des ouvrages hydrauliques et à renforcer la robustesse des systèmes hydrauliques face au changement climatique. Nécessitant un investissement estimé entre 3 et 5.4 milliards de dirhams, ce projet permettra également de mieux valoriser les ressources hydriques en sécurisant l’approvisionnement en eau potable de la zone côtière Rabat-El Jadida et du Grand Marrakech et réduire ainsi le déficit en eau structurel enregistré notamment dans les périmètres irrigués des Doukkala et du Haouz Central-N’fis.
 
La première phase, achevée le 28 août 2023, a permis d’interconnecter le barrage de garde du Sebou au barrage Sidi Mohammed Ben Abdellah au niveau du bassin de Bouregreg. La deuxième phase permettra, pour sa part, d’assurer l’interconnexion du barrage Sidi Mohammed Ben Abdellah et du barrage Imfout au niveau du bassin Oum Er-Rbia.