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Hydrogène vert : Opportunités prometteuses, mais vigilance requise

Hydrogène vert : Opportunités prometteuses, mais vigilance requise

Bien que la stratégie du Maroc en matière d’hydrogène vert soit porteuse de promesses, notamment pour l’exportation, elle nécessite une évaluation minutieuse des risques potentiels. Un rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) met en lumière les défis à anticiper pour éviter des écueils majeurs.

Le Maroc, en tant que pays en développement, aspire à devenir un leader dans la production d’hydrogène vert, principalement orientée vers l’exportation. Cette ambition s’inscrit dans une dynamique mondiale où la transition énergétique est au cœur des priorités. Cependant, cette stratégie, bien qu’enthousiasmante, nécessite une réflexion approfondie pour anticiper et mitiger les risques qui pourraient compromettre son succès.

Dans son rapport intitulé « Green hydrogen strategy. A guide to design », l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) met en garde contre certaines vulnérabilités inhérentes à ce type de positionnement. L’une des principales préoccupations soulevées est la solidité des fondements sur lesquels reposent les stratégies d’hydrogène vert destiné à l’exportation.

Trois piliers justifient actuellement l’orientation de nombreux pays, dont le Maroc, vers l’exportation de l’hydrogène vert. Le premier repose sur la demande croissante des pays développés, tels que l’Allemagne et le Japon, qui ont intégré des objectifs clairs d’importation dans leurs propres stratégies énergétiques. Ces engagements offrent des perspectives de marché alléchantes pour les producteurs potentiels comme le Maroc.

Le deuxième pilier est constitué des analyses de marché réalisées par des organisations internationales influentes, notamment l’IRENA et l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Ces études, souvent citées dans les plans nationaux, offrent un soutien crédible aux ambitions d’exportation.

Enfin, certaines stratégies d’hydrogène vert s’appuient sur leurs propres projections ou sur celles de tiers, envisageant un marché mondial en pleine expansion pour cette énergie renouvelable.

Cependant, IRENA rappelle que la croissance rapide attendue du marché de l’hydrogène vert, sur laquelle de nombreux pays fondent leurs espoirs, n’est pas encore garantie. Des incertitudes demeurent quant à l’évolution de cette demande mondiale, notamment face à des alternatives énergétiques émergentes et aux défis logistiques liés à la production et au transport de l’hydrogène.

Facteurs d’influence et enjeux futurs
La stratégie marocaine pour l’hydrogène vert, qui vise à positionner le Royaume comme un acteur clé dans l’exportation de cette énergie renouvelable, est prometteuse, mais elle n’est pas sans risques. L’évolution des contextes géopolitiques, les incertitudes réglementaires et la concurrence des nouvelles technologies émergentes pourraient freiner la demande réelle et compromettre la croissance prévue des exportations d’hydrogène, avertissent les experts.

Selon IRENA, les prévisions actuelles sur le potentiel d’importation d’hydrogène s’inscrivent souvent dans une vision conventionnelle qui reflète les dynamiques mondiales existantes : les industries du Nord global en tant que principaux consommateurs, et les ressources naturelles des pays du Sud global en tant que principaux fournisseurs. Cependant, si ces prévisions ne se concrétisent pas, les exportations prévues pourraient ne pas atteindre les niveaux escomptés, entraînant un manque à gagner en termes de revenus et d’investissements futurs. Cette situation pourrait alors ralentir, voire interrompre, le déploiement de la stratégie d’hydrogène vert du Maroc.

La réussite de cette stratégie dépend en grande partie des investissements massifs requis pour développer les infrastructures nécessaires à l’exportation de l’hydrogène vert. Le rapport souligne que le Maroc devra investir dans des pipelines, des stations de ravitaillement, l’adaptation du pipeline Maghreb-Europe existant, ainsi que l’extension et la modernisation des infrastructures portuaires. Ces investissements sont essentiels pour soutenir l’exportation, mais ils représentent également un risque financier considérable si la demande mondiale d’hydrogène ne se développe pas comme prévu.

Un autre défi majeur identifié par l’IRENA est la possibilité que les pays en développement, en se concentrant principalement sur la satisfaction des demandes externes, négligent de développer leurs marchés intérieurs ou régionaux. Cette orientation pourrait limiter les opportunités d’innovation technologique et de création de valeur au sein du pays. Le rapport cite le Maroc et la Namibie comme des exemples de nations ayant des ambitions élevées dans le domaine de l’hydrogène vert, mais qui doivent équilibrer leurs stratégies d’exportation avec des initiatives pour renforcer leurs capacités locales.

Garantir des partenariats solides pour un avenir durable
La stratégie du Maroc pour l’hydrogène vert doit s’accompagner de garanties solides pour assurer sa pérennité. Pour qu’un secteur aussi capitalisé que celui de l’hydrogène vert soit résilient et durable, il est crucial de surveiller en permanence les évolutions du marché mondial et d’adapter les stratégies en conséquence, souligne IRENA.

L’un des points essentiels mis en avant dans son rapport est le concept de « risque d’achat ». Les pays, comme le Maroc, qui misent sur l’exportation d’hydrogène, doivent s’assurer de disposer d’acheteurs garantis, ou de ce que le rapport appelle une « demande d’ancrage ». Ce type de demande est primordial pour atténuer les risques liés à la forte dépendance vis-à-vis des marchés internationaux.

La mise en place d’une demande d’ancrage ne se contente pas de sécuriser les revenus à long terme pour les producteurs locaux. Elle joue également un rôle clé en favorisant la création d’un secteur national de l’hydrogène vert qui soit moins vulnérable aux fluctuations du marché mondial. En stabilisant ainsi le marché intérieur, le Maroc pourrait non seulement attirer davantage d’investissements mais aussi renforcer sa position en tant que leader régional dans les énergies renouvelables.

Le succès de la stratégie marocaine en matière d’hydrogène vert repose sur la capacité du Royaume à nouer des partenariats solides et à établir une demande locale forte, tout en restant agile face aux changements globaux. Une approche proactive et bien structurée pourrait non seulement garantir la robustesse de ce secteur, mais aussi ouvrir la voie à un avenir énergétique plus durable et souverain.