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Au Soudan en guerre, des inondations aggravent le sort de milliers de déplacés

« Mon père est mort dans les inondations », raconte Amna Hussein, assise avec ses enfants devant une tente blanche flanquée du logo de l’ONU. Comme elle, des milliers de Soudanais ont été déplacés par les pluies torrentielles qui frappent leur pays ravagé par la guerre.

Depuis une semaine, le nord et l’est du Soudan, plongé dans un conflit entre généraux rivaux depuis avril 2023, sont principalement touchés par les inondations.

Elles ont fait au moins 34 morts et provoqué l’effondrement de milliers de maisons dans la seule localité d’Abou Hamad, située à 800 km au nord-ouest de la ville de Kassala (est), selon le Croissant-Rouge soudanais.
 
Face à cette catastrophe, les autorités de l’Etat de Kassala ont réclamé une aide « urgente » et « immédiate » de la communauté internationale.
« Des milliers de personnes ont été affectées par les inondations qui ont détruit de nombreuses habitations » dans cette ville, selon les autorités.

Les fortes précipitations, fréquentes entre mai et octobre, provoquent chaque année des inondations qui endommagent les infrastructures, détruisent les récoltes et laissent des familles entières sans abri.
Comme à Wadi Halfa (nord), où « environ 3.000 maisons et établissements de santé ont été endommagés », d’après les autorités.

« Je vous parle depuis une colline où ma famille et des dizaines d’autres ont trouvé refuge, après avoir été complètement encerclés par la montée des eaux, » raconte Mohammed Othman, un habitant joint au téléphone par l’AFP.

Au total, plus de 73.000 Soudanais ont été affectés par les inondations, dont plus de 21.000 ont été déplacés, selon le bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha). Plus de 14.300 maisons ont été détruites.
A Kassala, malgré la pulvérisation d’insecticides par les autorités sanitaires, les mouches pullulent dans les camps de déplacés, a constaté un journaliste de l’AFP.

Les pluies torrentielles apportent également leur lot de maladies, avec une hausse des cas de diarrhée, en particulier chez les enfants, alerte un médecin de Kassala.
Et pour de nombreux déplacés, il ne s’agit pas du premier départ forcé.

Depuis son déclenchement, la guerre entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 10 millions de personnes.

Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre et d’entrave à l’aide humanitaire, aggravant la crise humanitaire dans ce pays pauvre.
Selon l’ONU, près de 260.000 personnes ont été déplacées dans l’Etat de Kassala en raison de la guerre.

C’est le cas d’Omar Babiker et de sa famille qui ont trouvé refuge dans un centre d’accueil à Kassala après l’arrivée des paramilitaires dans l’Etat d’al-Jazira (centre).
Mais les inondations l’ont forcé à se déplacer de nouveau. Il vit désormais dans un camp de déplacés. « Nous avons été transférés ici la semaine dernière, mais les inondations nous ont rattrapés lorsque les eaux ont encerclé nos tentes », dit-il à l’AFP.
A Aroma, à 40 km à l’est de Kassala, les inondations ont submergé les habitations et forcé les résidents à se réfugier sur le bord de la route.

Après les fortes pluies, « toutes nos maisons se sont effondrées, la mienne a été totalement détruite, nous sommes à la rue », s’exclame Oum Ayman dans la localité d’Abou Hamad.
Les organisations humanitaires ont averti que la saison des pluies pourrait isoler des régions entières, compliquant davantage les secours.
Les précipitations et inondations risquent d’être particulièrement dévastatrices, alors que la guerre a contraint des millions de déplacés à se réfugier dans des zones inondables.

« Certaines personnes ont été déplacées trois ou quatre fois depuis le début du conflit. Elles ont perdu leurs biens, y compris leurs rations alimentaires, et ont beaucoup de mal à accéder à l’eau potable et aux installations sanitaires, ce qui accroît le risque de maladies », a alerté Olga Sarrado, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).
A l’ouest de Kassala, des tentes blanches s’étendent sur cinq kilomètres carrés.

« Ces tentes ne protègent pas de la pluie », déplore Fathiya Mohammed. Privée de tout, cette mère de famille dépend du seul repas quotidien distribué par des bénévoles.
« Nous savons que ce n’est pas suffisant, mais c’est tout ce que nous pouvons fournir », explique une bénévole.