Depuis le début de la guerre en Ukraine, le marché de charbon connaît de grandes instabilités, surtout suite aux sanctions imposées à la Russie. Aujourd’hui, le cours de charbon passe par une nouvelle flambée avec des risques de pénurie, obligeant le Maroc à revoir ses cartes.
En outre, les tensions géopolitique qu’a connu l’Occident ces dernières années et les perturbations qu’a connu le marché mondial depuis la crise Covid-19, se présentent comme une opportunité pour accélérer encore plus l’installation des énergies renouvelables. Actuellement, le Maroc a développé plus de 4 GW de projets d’énergies renouvelables. Un investissement de 52 milliards de DH est en cours de planification pour la production de 4,5 GW supplémentaires. De plus, le Royaume, dans sa stratégie de mix énergétique, mène une bataille sur plusieurs fronts, notamment le développement de l’hydrogène vert et l’introduction du gaz naturel bas carbone. Selon la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, le pays devra investir annuellement 10 milliards de dirhams d’ici 2030, et garantir une capacité supplémentaire de 700 MW à 1 GW pour atteindre l’objectif de 52%.
Retour aux gisements nationaux ?
L’instabilité du marché de charbon pose par ailleurs la question de la production locale au début des années 2000. Expert en développement durable et en transition énergétique, Hassan Agouzoul estime que « si on suit la logique économique et financière, c’est effectivement une option envisageable. Cela dit, notre doctrine climatique et notre vision à long terme nous imposent de garder le cap surtout que le contexte géopolitique pourrait rapidement changer. Les liens et les interconnexions que nous avons avec les divers marchés, notamment en Europe, sont également un facteur qui nous incite à maintenir notre cap actuel et à accélérer la généralisation du recours aux énergies renouvelables plutôt que d’envisager un retour vers l’exploitation minière du charbon ». Encore faut-il vérifier si les gisements dont dispose le Maroc sont exploitables. Quand les mines fermaient leurs portes, les experts considéraient qu’il existait encore un gisement – quoique de plus en plus difficile à valoriser – qui pouvait encore durer une dizaine d’années. Cela dit, toutes les infrastructures d’exploitation ont depuis été détruites et une décision pareille impliquerait également de relancer les prospections. Il s’agirait donc d’un investissement considérable à méditer, mais qui serait à l’encontre de la vision énergétique prônée par le Maroc.
– L’impact de la hausse du cours de charbon sur l’économie nationale est perceptible du fait que le charbon constitue la pierre angulaire des produits énergétiques au Maroc. Entre 2007 et 2021, la facture énergétique du Royaume a connu une hausse d’environ 30%. Cette hausse a été accompagnée par une explosion des importations en charbon. Donc, n’importe quelle fluctuation de prix augmentera systématiquement la facture énergétique du Maroc. Naturellement, cette tendance se répercutera sur le coût de production des unités industrielles et des entreprises à même de générer une petite inflation.
Le Maroc devrait-il envisager un retour vers l’extraction du charbon ?
Le Maroc dispose encore d’un gisement important à Jérada, qui a été découvert par les Français. Son exploitation a été arrêtée durant les années 2000 pour des raisons minières et de ressources. Toutefois, des études récentes démontrent que la région dispose encore d’un grand potentiel exploitable et rentable. Donc, aujourd’hui, si le marché connaît une flambée, la reprise de cette activité minière pourrait aider le Maroc à se protéger contre les aléas des cours mondiaux. Mais malgré la tendance haussière de la consommation de charbon au Royaume et l’impératif de trouver des solutions économiques rentables, il y a des enjeux climatiques à prendre en considération.
Outre les enjeux climatiques, il y a aussi des investissements à faire pour relancer la machine…
– En effet, les unités minières de la région n’ont pas fonctionné depuis plus une vingtaine d’années, une mise à niveau s’impose. Cependant, il y a un écosystème et une base favorable, il y a une structure minière avec un chemin de fer, il y a la ressource, la proximité. Donc, sur le plan purement économique, c’est exploitable.
En revanche, la production privée d’électricité a quasiment stagné (-0,2%) et celle de l’ONEE a reculé de 7,3%. S’agissant des échanges du secteur de l’énergie électrique avec l’extérieur, le volume importé s’est accru de 40,1% au terme du premier semestre de 2024, au lieu d’une hausse de 50,4% à la même période de l’année précédente.
Concernant le volume exporté, il s’est replié de 20,5% (après -38,4%). Du côté du volume de l’énergie appelée nette, il a maintenu quasiment le même taux de croissance enregistré l’année précédente, soit +2,7% après +2,6%. Quant à la consommation de l’énergie électrique, elle a reculé de 1,2% à fin juin 2024 au lieu d’une hausse de 3,7% un an auparavant, précise la DEPF. Cette baisse est imputable à la diminution des ventes de l’énergie de « très haute, haute et moyenne tension, hors distributeurs » de 6,2%, et ce, malgré l’accroissement des ventes de l’énergie électrique adressée aux distributeurs et aux ménages de 1,3% chacun.