En effet, dans une note d’orientation du projet de Loi de Finances (PLF) au titre de l’exercice 2025 adressée par le Chef du gouvernement aux départements ministériels, l’Exécutif annonce placer l’emploi au cœur de ses priorités. Il faut croire que les résultats obtenus sur ce volet laissent penser que cela n’a vraisemblablement pas été le cas jusqu’à ce jour.
Une nième promesse vouée à un nouvel échec ? On s’interdit de le souhaiter. Une chose est cependant certaine, c’est que la hausse consécutive du taux de chômage, qui est passé de 12,9% au premier à 13,1% au deuxième trimestre 2024, n’a pas arrangé les choses du côté de l’équipe gouvernementale contraint de faire profil bas et d’espérer trouver en ce nouveau défi la recette magique qui lui permettrait d’inverser la courbe du chômage sur la durée et ainsi sortir la tête hôte au terme de sa mandature.
Douche froide. Pour le moment, rien n’indique qu’il y parviendra. Il faut dire que les chiffres du HCP, chargé de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc, sont frustrants à bien des égards pour toutes les catégories en quête de travail et insupportables pour les autorités qui doivent bien malgré elles avaler des couleuvres.
Mis à part le fait qu’ils n’ont cessé de progresser, au grand dam des jeunes et des diplômés qui en paient encore plus le prix, les chiffres du chômage publiés récemment remettent à terre toute la stratégie du gouvernement sur ce volet. Pire, ils viennent confirmer une tendance fâcheuse qui semble prendre corps depuis l’avènement de l’actuel gouvernement: plus les stratégies sont élaborées puis déployées moins sont probants les résultats.
A rappeler qu’entre 2022 et 2023, l’économie nationale a perdu 157.000 postes d’emploi, résultat d’une diminution de 198.000 postes en milieu rural et d’une augmentation de 41.000 en milieu urbain, après avoir perdu 24.000 postes une année auparavant.
Un avenir de plus en plus incertain du marché du travail
Selon les statistiques du Haut-commissariat, au cours de cette période, le taux de chômage est passé de 11,8% à 13% au niveau national, de 15,8% à 16,8% en milieu urbain et de 5,2% à 6,3% en milieu rural. Et sans grande surprise, il est resté élevé parmi les jeunes de 15 à 24 ans (35,8%), les diplômés (19,7%) et les femmes (18,3%).
Mais alors que les premiers, assommés par ces sombres chiffres, s’attendaient à un répit, voire une amélioration de la situation du marché du travail, le même scénario va se répéter au premier trimestre 2024 ; le volume du chômage s’étant accru cette fois-ci de 96.000 personnes, 59.000 en milieu urbain et 38.000 en milieu rural pour s’établir à 1.645.000 personnes, au niveau national.
Ainsi, le taux de chômage est passé de 12,9% à 13,7% au niveau national (+0,8 point), de 17,1 % à 17,6% en milieu urbain (+0,5 point) et de 5,7% à 6,8% en milieu rural (+1,1 point). Et comme si cela était devenu une fatalité, il demeure une fois encore particulièrement élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (35,9%), les diplômés (20,3%) et les femmes (20,1%).
Tout aussi inquiétant, les données relatives au deuxième trimestre 2024 qui font état d’une augmentation de 6% du nombre de chômeurs (90.000 personnes) en glissement annuel, passant de 1.543.000 à 1.633.000 chômeurs.
Comme l’explique l’institution publique dans sa dernière note sur l’évolution du marché du travail, « cette hausse est le résultat d’une augmentation de 48.000 chômeurs en milieu urbain et de 42.000 en milieu rural ».
En conséquence, le taux de chômage s’est accru de 0,7 point entre le deuxième trimestre de 2023 et celui de 2024, passant de 12,4% à 13,1%, de 16,3% à 16,7% en milieu urbain (+0,4 point) et de 5,7% à 6,7% en milieu rural (+1 point).
Evidemment, « le taux de chômage a connu une hausse de 2,5 points parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, passant de 33,6% à 36,1%, de 1,6 point parmi les personnes âgées de 25 à 34 ans, de 19,8% à 21,4%, de 0,1 point parmi celles âgées de 35 à 44 ans, de 7,2% à 7,3%, et de 0,1 point pour celles âgées de 45 ans et plus, de 3,6% à 3,7%», note le HCP.
Alain Bouithy