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MAGAZINE : Jimi Hendrix, du nouveau avec de l’ancien

MAGAZINE : Jimi Hendrix, du nouveau avec de l’ancien

Cinquante-quatre années après sa disparition, le guitariste revient avec un coffret d’une quarantaine de titres dont trente-huit inédits. Une mine d’or à découvrir en septembre. Celui qui fait une visite furtive à Essaouira en 1969 enregistre dans la foulée un amas de compositions teintées d’improvisations, restées au fond d’un tiroir. Un documentaire accompagnera cette sortie.

Un nouveau coffret de ce génie de la guitare est en préparation. Enregistré aux célèbres Electric Lady Studios de New York peu de temps avant sa mort en 1970, il comprend quelques surprises. Sur 39 titres, seul un est déjà connu. Un des inédits de cet album baptisé « Electric Lady Studios : A Jimi Hendrix Vision », est déjà en ligne. Il s’agit de « Angel (Take 7) ». L’album accompagne la sortie d’un documentaire éponyme. Il est projeté en avant-première ce 9 août à New York avant une programmation générale dans les salles dans les jours qui suivent.

Le film relate les années fastes du studio emblématique de Jimi Hendrix. Sa sœur Janie explique : « Avec ce projet, nous avons voulu mettre en lumière non seulement sa propre musique, mais aussi sa contribution durable aux Electric Lady Studios. Il était intérieurement motivé à l’idée de construire un lieu où il pourrait enregistrer tout ce qu’il ressentait. Si sa vie a été écourtée, tant d’autres artistes talentueux continuent de s’exprimer entre ces murs magiques du 52 West 8th Street. » Le coffret paraîtra le 13 septembre.

En 1970 toujours, Jimi Hendrix connaît un échec retentissant lors d’un concert américain au Madison Square Garden avec son groupe Band of Gypsys. Il raconte sur les colonnes du magazine Rolling Stone : « C’est comme la fin d’un commencement ou quelque chose comme ça, je pense que le Madison Square Garden est comme la fin d’un long conte de fées. Ce qui est génial (…) En ce qui me concerne, le Band of Gypsys était formidable (…) C’est juste histoire de changer de tête, de se renouveler (…) J’étais très fatigué. » Il ajoute ensuite qu’il a affronté la plus grande guerre intérieure de toute sa vie, et que « ce n’était pas l’endroit pour le faire. » Quant à la naissance des studios Electric Landy, le producteur Eddie Kramer déclare : « La construction a été un cauchemar. Nous étions toujours à court d’argent. Le pauvre Jimi devait repartir sur la route, gagner de l’argent, revenir, puis nous pouvions payer l’équipe. Nous avions atteint nos limites, financièrement parlant, et l’endroit a dû fermer. » 
 

Sam Cooke, Ike and Tina…
 
Fin 1965, Hendrix rejoint de grands musiciens : Sam Cooke, Ike and Tina Turner, Isley Brothers et Little Richard. Celui-ci estime que Jimi prend trop de place et se passe de ses services. Jimi Hendrix se fait également jeter par Ike Turner car le groupe Ike and Tina piochait dans la précision et que Hendrix ne pouvait s’empêcher d’improviser. Le témoignage du guitariste Mike Bloomfield (découvert en 1964 grâce à son travail en studio avec Bob Dylan sur l’album « Highway 61 Revisited », par le producteur John H. Hammond avant de rejoindre le groupe de l’harmoniciste Paul Butterfield) appuie cette thèse en 1966 : « La première fois que j’ai vu Jimi jouer, c’était avec Jimmy James & The Blue Flames. Je jouais avec Paul Butterfield et je pensais être le meilleur guitariste du coin ! Je n’avais jamais entendu parler d’Hendrix. Alors, quelqu’un m’a dit : ‘’Tu devrais aller écouter le guitariste de John Hammond.’’ J’étais au Cafe Au Go Go et il était au Nite Owl ou au Café Wha ?, j’ai traversé la rue et je l’ai vu. Hendrix savait qui j’étais, et ce jourlà, en face de moi, il m’a désintégré. Des bombes H dégringolaient, des missiles téléguidés volaient dans tous les coins. Je ne raconte pas les sons qui sortaient de sa guitare. Tous les sons que je devais l’entendre reproduire plus tard, il les a faits, dans cette pièce, avec une Strat, un Twin, une Maestro FuzzTone, et c’est tout. Il jouait à un volume très poussé. »

La même année, il rencontre le mannequin Linda Keith, petite amie du Stone Keith Richards. Elle lui présente Chas Chandler, bassiste des Animals et aspirant manager. L’entrevue a lieu au Café Wha ? Chandler « lui propose de venir se faire connaître et d’enregistrer son premier single au Royaume-Uni, alors en pleine effervescence musicale avec des groupes comme les Beatles et les Rolling Stones. Jimi Hendrix aurait accepté à condition de rencontrer celui qui apparaît comme la référence britannique de l’époque à la guitare : Eric Clapton. Sur le chemin, il adopte alors définitivement le nom de ‘’Jimi Hendrix’’ (au lieu de Jimmy) sur les conseils de son manager. » Il fait la connaissance de Clapton lors d’un concert de Cream (le trio que celui-ci vient de créer avec Ginger Baker et Jack Bruce). On est le 1er octobre 1966 au Central London Polytechnic. Etiqueté meilleur guitariste de blues anglais après son passage au sein des Bluesbreakers de John Mayall, Eric Clapton invite Jimi Hendrix à les rejoigne sur scène, malgré un avis défavorable de Ginger Baker. Plus tard, Clapton raconte comment Jimi Hendrix a alors interprété « Killing Floor » de Howlin’ Wolf :  « Il a joué de la guitare avec les dents, derrière la tête, allongé par terre, en faisant le grand écart et d’autres figures. C’était stupéfiant et génial musicalement, pas uniquement un vrai feu d’artifice à contempler (…) Je pris peur, car, juste au moment où on commençait à trouver notre vitesse de croisière, voilà qu’arrivait un vrai génie. » Ce génie fait long feu, rejoignant le Club des 27.