Cinquante-quatre années après sa disparition, le guitariste revient avec un coffret d’une quarantaine de titres dont trente-huit inédits. Une mine d’or à découvrir en septembre. Celui qui fait une visite furtive à Essaouira en 1969 enregistre dans la foulée un amas de compositions teintées d’improvisations, restées au fond d’un tiroir. Un documentaire accompagnera cette sortie.
Le film relate les années fastes du studio emblématique de Jimi Hendrix. Sa sœur Janie explique : « Avec ce projet, nous avons voulu mettre en lumière non seulement sa propre musique, mais aussi sa contribution durable aux Electric Lady Studios. Il était intérieurement motivé à l’idée de construire un lieu où il pourrait enregistrer tout ce qu’il ressentait. Si sa vie a été écourtée, tant d’autres artistes talentueux continuent de s’exprimer entre ces murs magiques du 52 West 8th Street. » Le coffret paraîtra le 13 septembre.
En 1970 toujours, Jimi Hendrix connaît un échec retentissant lors d’un concert américain au Madison Square Garden avec son groupe Band of Gypsys. Il raconte sur les colonnes du magazine Rolling Stone : « C’est comme la fin d’un commencement ou quelque chose comme ça, je pense que le Madison Square Garden est comme la fin d’un long conte de fées. Ce qui est génial (…) En ce qui me concerne, le Band of Gypsys était formidable (…) C’est juste histoire de changer de tête, de se renouveler (…) J’étais très fatigué. » Il ajoute ensuite qu’il a affronté la plus grande guerre intérieure de toute sa vie, et que « ce n’était pas l’endroit pour le faire. » Quant à la naissance des studios Electric Landy, le producteur Eddie Kramer déclare : « La construction a été un cauchemar. Nous étions toujours à court d’argent. Le pauvre Jimi devait repartir sur la route, gagner de l’argent, revenir, puis nous pouvions payer l’équipe. Nous avions atteint nos limites, financièrement parlant, et l’endroit a dû fermer. »
La même année, il rencontre le mannequin Linda Keith, petite amie du Stone Keith Richards. Elle lui présente Chas Chandler, bassiste des Animals et aspirant manager. L’entrevue a lieu au Café Wha ? Chandler « lui propose de venir se faire connaître et d’enregistrer son premier single au Royaume-Uni, alors en pleine effervescence musicale avec des groupes comme les Beatles et les Rolling Stones. Jimi Hendrix aurait accepté à condition de rencontrer celui qui apparaît comme la référence britannique de l’époque à la guitare : Eric Clapton. Sur le chemin, il adopte alors définitivement le nom de ‘’Jimi Hendrix’’ (au lieu de Jimmy) sur les conseils de son manager. » Il fait la connaissance de Clapton lors d’un concert de Cream (le trio que celui-ci vient de créer avec Ginger Baker et Jack Bruce). On est le 1er octobre 1966 au Central London Polytechnic. Etiqueté meilleur guitariste de blues anglais après son passage au sein des Bluesbreakers de John Mayall, Eric Clapton invite Jimi Hendrix à les rejoigne sur scène, malgré un avis défavorable de Ginger Baker. Plus tard, Clapton raconte comment Jimi Hendrix a alors interprété « Killing Floor » de Howlin’ Wolf : « Il a joué de la guitare avec les dents, derrière la tête, allongé par terre, en faisant le grand écart et d’autres figures. C’était stupéfiant et génial musicalement, pas uniquement un vrai feu d’artifice à contempler (…) Je pris peur, car, juste au moment où on commençait à trouver notre vitesse de croisière, voilà qu’arrivait un vrai génie. » Ce génie fait long feu, rejoignant le Club des 27.