Face à la situation hydrique alarmante que connaît le Royaume, le département de tutelle travaille sur son réseau de stations de déminéralisation des eaux saumâtres afin de mettre à profit des ressources non-conventionnelles peu valorisées.
En effet, ce chantier se confirme comme une approche stratégique qui se complète par ailleurs par la mise en place de stations mobiles ciblant aussi bien le littoral (dessalement) que les ressources continentales en eaux saumâtres (déminéralisation). Aujourd’hui, le Royaume dispose de 200 stations mobiles de dessalement et de traitement des eaux minérales, distribuées dans toutes les provinces et zones rurales, outre les projets de fontaines et de barrages collinaires.
Selon ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka, les nouvelles unités mobiles de dessalement sont destinées à Kelaât Sraghna, Zagora, Taza, Sidi Kacem, Khémisset, Settat, Berrechid, Boujdour, Khénifra, Tinghir et Tan-Tan, « afin d’équiper ces régions pour faire face aux difficultés que nous vivons actuellement ». Cette planification prend en considération les orientations Royales, appelant à prendre des mesures urgentes et novatrices afin de prévenir la pénurie d’eau dans les régions fortement déficitaires.
En mars dernier, le ministre de l’Equipement et de l’Eau avait déclaré que les nouvelles stations « s’ajouteront à la station qui sera installée à Kassita dans la région d’Al-Hoceima, ainsi qu’aux 3 grandes unités mobiles de dessalement dont la capacité est de 100 litres par seconde, qui seront pour leur part positionnées à Taghazout et dans le Nord de la région d’Agadir ».
Par ailleurs, Baraka prête une attention particulière aux eaux saumâtres, qui, malgré leur abondance dans le territoire marocain, demeurent peu valorisées. Ainsi, les efforts entrepris pour la déminéralisation et la valorisation de ces ressources s’inscrivent dans le cadre d’un « programme majeur qui sera l’un des programmes phares du plan d’urgence et qui permettra de contribuer à répondre aux besoins des provinces du Royaume », selon le ministre. Un travail important est actuellement réalisé à travers une coopération entre le ministère de l’Intérieur et les Agences des Bassins Hydrauliques afin de cartographier les zones où existent des ressources en eaux saumâtres, ce qui permettra de positionner les unités mobiles de dessalement. A noter qu’un des projets avancés de déminéralisation des eaux saumâtres a été inauguré en novembre dernier dans la région de l’Oriental. La station en question est exploitée par la Régie autonome intercommunale de distribution d’eau et d’électricité (RADEEO) et met à profit des eaux saumâtres provenant des forages de la ville d’Oujda.
Cette station permet ainsi de faire face à la problématique de salinité qui affecte les eaux de la nappe phréatique locale. Ce projet, dont les travaux ont été lancés en novembre 2022 pour un coût global de 46,5 millions de dirhams, permet d’avoir un débit de 150 litres par seconde d’eau déminéralisée qui s’ajoute aux ressources hydriques provenant du barrage Machraa Hammadi par le canal de traction qui s’étend sur une longueur de 80 kilomètres et qui fournit environ 50% des besoins annuels en eau potable de la ville. Stations fixes dédiées à la déminéralisation des eaux saumâtres continentales, stations mobiles de grande taille positionnées dans une zone littorale ou encore petites stations monoblocs compactes, les solutions mises en place par le Royaume pour mobiliser des ressources hydriques alternatives se diversifient et s’adaptent aux besoins de chaque région. Gageons que les chercheurs marocains ne tarderont pas à concevoir des solutions innovantes qui pourront être produites localement.
Comment se forment les eaux salées ou saumâtres dans un milieu continental ?
Faut-il craindre que les eaux saumâtres souterraines se mélangent avec l’eau douce de la nappe phréatique ?
Lors de cette réunion, Baraka a exhorté les directeurs des Agences des Bassins Hydrauliques à élaborer un plan d’action précis pour atteindre les objectifs tracés. Il ainsi appelé à la mobilisation de toutes les parties concernées pour réaliser les projets programmés en application des Hautes orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Il a dans ce sens rappelé les objectifs énoncés par le Souverain, dont la satisfaction de 100% des besoins de la population en eau potable, tout en assurant 80% des besoins en eau destinée à l’irrigation. Ces projets concernent de manière plus spécifique le parachèvement du programme de construction des grands barrages et l’accélération de leur mise en œuvre en fonction des nouvelles priorités, ainsi que des projets de transfert d’eau entre les bassins de Laou, Loukkos, Sebou et Oum Er-Rbia vers le barrage Al-Massira.
Le ministre a également invité les parties prenantes à la mise en œuvre rapide des projets qui portent sur l’interconnexion des barrages afin de permettre une gestion intégrée et fluide des ressources en eau au niveau des bassins, appelant à l’élaboration d’un programme intégré pour la construction de stations de dessalement de l’eau de mer, en collaboration avec l’Office National de l’Électricité et de l’Eau potable (ONEE) et l’ensemble des intervenants. Il s’agit aussi d’augmenter le volume des eaux usées traitées d’ici 2030 et d’inciter les secteurs de l’agriculture, de l’industrie et du tourisme à les utiliser, en coordination avec le ministère de l’Intérieur.