Alors que la ville d’El-Jadida participe au projet « Coastwave » pour obtenir la labellisation « Tsunami Ready », le Maroc est-il menacé par des tsunamis à l’avenir ? Et comment peut-il se prémunir contre une telle catastrophe ?
« Itinéraire d’évacuation… » ; « Évacuation de la route… ». Ces messages que l’on peut apercevoir sur des panneaux installés dans certaines zones de la ville d’El-Jadida ont semé la panique auprès des riverains et des internautes, qui ont imaginé l’arrivée imminente d’un tsunami sur nos côtes. L’installation de ces panneaux qui coïncide avec l’observation d’un recul du niveau de la mer a davantage alimenté les inquiétudes.
Quelques heures après la diffusion de ces rumeurs, des démentis relayés par la presse ont expliqué que l’installation de ces panneaux s’inscrit dans le cadre du projet scientifique « Coastwave », sous la tutelle de la Commission Intergouvernementale Océanographique de l’UNESCO pour sensibiliser la population au risque côtier.
Ces panneaux ne seraient donc pas liés à l’approche d’un tsunami sur nos côtes. En effet, les experts questionnés sur un tel risque au Maroc sont unanimes. Il est peu probable qu’un événement de cette ampleur frappe les côtes marocaines prochainement.
Les niveaux bas de la mer qui ont été observés sur plusieurs segments côtiers en Méditerranée, ainsi qu’en Atlantique, s’expliquent par des facteurs qui se superposent, tels que la position de certains astres, la pression atmosphérique actuellement localisée dans le bassin méditerranéen, le changement des courants marins ou encore la distribution de la température à l’échelle planétaire, nous explique Nacer Jabour, responsable de la Division de l’Institut National de Géophysique au Centre National pour la Recherche Scientifique et Technique .
Quelques heures après la diffusion de ces rumeurs, des démentis relayés par la presse ont expliqué que l’installation de ces panneaux s’inscrit dans le cadre du projet scientifique « Coastwave », sous la tutelle de la Commission Intergouvernementale Océanographique de l’UNESCO pour sensibiliser la population au risque côtier.
Ces panneaux ne seraient donc pas liés à l’approche d’un tsunami sur nos côtes. En effet, les experts questionnés sur un tel risque au Maroc sont unanimes. Il est peu probable qu’un événement de cette ampleur frappe les côtes marocaines prochainement.
Les niveaux bas de la mer qui ont été observés sur plusieurs segments côtiers en Méditerranée, ainsi qu’en Atlantique, s’expliquent par des facteurs qui se superposent, tels que la position de certains astres, la pression atmosphérique actuellement localisée dans le bassin méditerranéen, le changement des courants marins ou encore la distribution de la température à l’échelle planétaire, nous explique Nacer Jabour, responsable de la Division de l’Institut National de Géophysique au Centre National pour la Recherche Scientifique et Technique .
Le précédent de 1755
Ainsi, le niveau moyen devrait petit à petit regagner sa place habituelle comme cela s’est produit début 2023 après le grand séisme de Turquie. Un phénomène similaire avait également été observé au niveau de Fnideq en février 2023, suscitant les mêmes inquiétudes sur la Toile. Ce phénomène surviendrait alors chaque année et peut être amplifié par certains facteurs. « Il n’y a pas de crainte, le retour à la normale se fera graduellement et dans quelques mois nous pourrons en parler davantage avec les scientifiques, qui nous diront ce qu’ils ont observé », explique notre interlocuteur.
Cela signifie-t-il pour autant que le Maroc est à l’abri d’un tel phénomène ? Pour Quentin Bletery, géophysicien et directeur de recherche à l’IRD, « un grand tsunami s’est produit en 1755 lors du séisme de Lisbonne. Cela peut donc se reproduire ». Toutefois, rien n’indiquerait qu’un tel événement peut se produire dans les 100 années à venir, précise-t-il.
« Les failles connues au large du Maroc ne laissent pas penser qu’un grand tsunami est particulièrement probable. En comparaison, des pays comme le Japon, l’Indonésie, le Chili, le Pérou… sont situés proches de grandes failles très actives que l’on sait produire de grands séismes tsunami-géniques. Ce n’est pas le cas du Maroc, où les failles connues sont de tailles plus modérées ». Mais si toutefois un événement semblable à celui de 1755 venait à se reproduire, « toutes les côtes marocaines seraient probablement touchées, les plus grandes amplitudes seraient sur la côte atlantique Nord », ajoute le spécialiste.
“Un tsunami dans les 30 ans en Méditerranée”
C’est ce qu’annonce l’UNESCO. La probabilité pour qu’un tsunami touche les côtes méditerranéennes dans les 30 années à venir serait très élevée. Pour Nacer Jabour, il s’agirait d’une approche probabiliste basée sur la fréquence des tsunamis dans le bassin. « On retourne à l’historique des tsunamis, leur hauteur… il n’y a pas que des grands tsunamis, il y a aussi des petits qui sont enregistrés, et à partir de ces catalogues nous pouvons faire des prédictions, ce n’est donc pas une mesure exacte ». Il ajoute qu’un tsunami est généralement causé par un grand séisme océanique. S’il n’y a pas de choc sismique, il n’y aurait donc pas de raison de s’inquiéter.
Le Maroc est-il paré pour la menace ?
Serions-nous informés à l’avance ? Sommes-nous suffisamment préparés en cas d’alerte ? S’il n’est pas possible de prédire un séisme, les scientifiques peuvent estimer l’amplitude d’un tsunami quelques minutes après. Les Centres fournisseurs d’alerte régionale de tsunamis (présents en France, Grèce, Turquie, Italie, Portugal) donnent l’alerte en quelques minutes. Celle-ci est ensuite gérée localement. Le CNRST peut ensuite relayer le message d’alerte vers les points côtiers qui se chargeront de la diffusion et de la répétition des communications, explique Nacer Jabour.
Mariam MAAZOUZ
3 questions à Quentin Bletery : « Les systèmes d’alerte sous-estiment l’amplitude des grands tsunamis »
Pensez-vous qu’il y a un risque de tsunami au Maroc ?
Un grand tsunami s’est produit en 1755 lors du séisme de Lisbonne. Cela peut donc se reproduire. Les failles connues au large du Maroc ne laissent pas penser qu’un grand tsunami est particulièrement probable. En comparaison, des pays comme le Japon, l’Indonésie, le Chili, le Pérou… sont situés proches de grandes failles très actives que l’on sait produire de grands séismes tsunami-géniques. Ce n’est pas le cas du Maroc, où les failles connues sont de tailles plus modérées. Cela dit, comme cela s’est déjà produit, on ne peut pas exclure qu’un tsunami arrive dans un futur proche, mais cela est improbable car les grands séismes de ce type sont heureusement rares.
Hormis les séismes en mer, quels autres phénomènes peuvent causer un tsunami ?
Des phénomènes plus rares tels que les grands glissements de terrain, les éruptions volcaniques sous-marines et les chutes d’astéroïdes. Les chutes d’astéroïdes sont heureusement extrêmement rares. Une éruption volcanique sous-marine a eu lieu dans l’archipel des Tonga en 2022 occasionnant un (petit) tsunami dans tout l’océan Pacifique. Une éruption semblable est possible aux Canaries et affecterait les côtes marocaines. Les glissements de terrain peuvent également produire des tsunamis. Ils peuvent par ailleurs être générés par les séismes et les éruptions volcaniques et donc augmenter l’amplitude des tsunamis.
Peut-on prédire l’arrivée d’un tsunami ?
On ne peut pas prédire les séismes, mais on peut estimer l’amplitude d’un tsunami une fois que le séisme s’est produit. Des systèmes d’alerte tsunami existent dans un certain nombre de pays. Selon la distance entre le séisme et les côtes, le temps d’alerte peut être plus ou moins long. Lors du grand séisme du Japon de 2011, le tsunami est arrivé 2 heures après. Malheureusement, ces systèmes sous-estiment systématiquement l’amplitude des grands tsunamis, même dans les pays ayant investi dans des systèmes de surveillance très onéreux (comme le Japon). Améliorer ces systèmes est un domaine de recherche très actif.
Recueillis par Mariam MAAZOUZ
Recherche scientifique : Aux origines d’un tsunami
Série de vagues de mer géantes qui vont inonder le littoral, un tsunami, appelé aussi « raz-de-marée », est généralement d’origine sismique. Il peut causer des dégâts humains et matériels très conséquents. Ainsi, ils sont le résultat du rééquilibrage d’une grande masse d’eau élevée au-dessus du niveau de la mer. L’origine la plus fréquente est l’occurrence de grands séismes en mer. Un grand séisme élève le niveau des fonds marins de plusieurs mètres sur des centaines de kilomètres. L’eau située au-dessus se retrouve mécaniquement au-dessus du niveau de la mer. Plus le volume d’eau surélevé est important, plus le tsunami est grand. Le volume d’eau surélevé va augmenter exponentiellement avec la magnitude : une magnitude 9 produira un tsunami 30 fois plus grand qu’une magnitude 8.
Pour générer un tsunami significatif, il faudrait donc un très grand séisme (magnitude au-dessus de 8.5). Au Maroc, les effets d’un tsunami peuvent être dévastateurs du fait de l’importante activité touristique et économique, notamment sur le littoral atlantique. La multiplication des projets de résidences sur les côtes s’accélère, mais aussi l’activité économique et industrielle avec l’implantation d’importantes unités (textile, chimie, industrie mécanique et électrique…).
Pour générer un tsunami significatif, il faudrait donc un très grand séisme (magnitude au-dessus de 8.5). Au Maroc, les effets d’un tsunami peuvent être dévastateurs du fait de l’importante activité touristique et économique, notamment sur le littoral atlantique. La multiplication des projets de résidences sur les côtes s’accélère, mais aussi l’activité économique et industrielle avec l’implantation d’importantes unités (textile, chimie, industrie mécanique et électrique…).
Coastwave : Un projet d’envergure internationale
La déclinaison du projet Coastwave est initiée par le laboratoire géosciences marines et sciences du sol de l’Université Chouaïb Doukkali en partenariat avec le CNRST et un financement de la Commission Océanographique Intergouvernementale de l’UNESCO. Le Maroc participe au projet avec El-Jadida comme ville pilote. Le projet comporte plusieurs volets tels que la sensibilisation, l’éducation, la préparation du public, ainsi que l’installation de panneaux signalétiques pour indiquer les parcours ou les trajets d’évacuation en cas de diffusion d’une alerte précoce au tsunami. Enfin, un exercice d’évacuation à l’échelle locale sera organisé pour permettre aux personnes qui souhaitent participer, de prendre les trajets d’évacuation et d’atteindre les zones refuges sécurisées à quelques centaines de mètres de la côte.
Plusieurs pays méditerranéens sont également concernés par ce projet comme l’Espagne, la Grèce, Chypre, Malte, la Turquie et l’Égypte. À l’issue de ce projet, les villes candidates auront amélioré leur capacité à faire face à un tsunami et seront donc reconnues comme « Tsunami Ready » à travers une certification. Le programme « Tsunami Ready » est donc « le couronnement » du projet Coastwave. Basé sur le volontariat, le but est donc d’encourager les villes côtières à se préparer au risque. L’objectif est d’atteindre un niveau standard de capacité en matière de préparation, d’atténuation des risques et de réponse. À ce jour, plus d’une vingtaine de communautés ont été reconnues par la COI de l’UNESCO comme parées contre les tsunamis.
Plusieurs pays méditerranéens sont également concernés par ce projet comme l’Espagne, la Grèce, Chypre, Malte, la Turquie et l’Égypte. À l’issue de ce projet, les villes candidates auront amélioré leur capacité à faire face à un tsunami et seront donc reconnues comme « Tsunami Ready » à travers une certification. Le programme « Tsunami Ready » est donc « le couronnement » du projet Coastwave. Basé sur le volontariat, le but est donc d’encourager les villes côtières à se préparer au risque. L’objectif est d’atteindre un niveau standard de capacité en matière de préparation, d’atténuation des risques et de réponse. À ce jour, plus d’une vingtaine de communautés ont été reconnues par la COI de l’UNESCO comme parées contre les tsunamis.