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Algérie : La présidentielle commence par un scandale judiciaire

Algérie : La présidentielle commence par un scandale judiciaire

Trois candidats à la candidature sous contrôle judiciaire et 68 suspects placés sous mandat de dépôt. C’est ce qu’indique un communiqué rendu public, ce lundi 5 août du procureur général près la cour d’Alger.

Jeudi 25 juillet, L’Autorité électorale (ANIE) en Algérie annonce avoir accepté trois candidatures pour l’élection présidentielle anticipée du 7 septembre. Ce sont le président Abdelmadjid Tebboune candidat à sa propre succession, le Secrétaire national du Front des Forces Socialistes, Youssef Aouchiche et le président du Mouvement pour la Paix, Abdelaali Hassani. C’est pour la première fois depuis l’avènement du pluralisme, de façade soit-il, depuis l’élection de 1996 qui avait vu le général Liamine Zeroual l’emporter, qu’une présidentielle enregistre trois concurrents seulement. Et quels concurrents ! Le premier, Abdelmadjid Tebboune imposé par le feu général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, alors chef d’état-major de l’armée et vice-ministre de la défense nationale.

Un candidat, sans appartenance partisane et sans base populaire, mais assuré de sa victoire. Une victoire qui se dessine dès maintenant puisque les décideurs ont fixé un seul tour et n’entretiennent aucun suspens sur l’issue finale du scrutin. Les deux lièvres choisis pour lui tenir compagnie l’ont été en fonction de critères bien définies. Le premier est choisi pour casser le boycott de l’élection en Kabylie. Comme c’était le cas en 2019. Le second est un islamiste qui aura pour rôle de mobiliser l’électorat de ce courant bien qu’il soit un inconnu au bataillon.

Ces trois postulants ont été retenus sur une liste de 16 aspirants. Sur les 13 autres dont la candidature a été rejetée, on trouve Saïda Neghza la présidente d’une des grandes organisations patronales. Réagissant à sa mise à l’écart, elle n’a pas été avec le dos de la cuillère pour dénoncer la fraude qui a marqué la sélection des concurrents. « Je ne crains personne, j’arracherai mes droits par la force de la loi », lance-t-elle, au cours d’une conférence de presse tenue au siège de sa permanence. Contestant avec véhémence la décision de l’Autorité Nationale Indépendante des Elections, elle fit une démonstration, documents à l’appui, de la fraude dont elle a été victime pour la faire écarter de la course au palais d’El-Mouradia. Ne mâchant pas ses mots, elle va jusqu’à accuser, sans le nommer, Abdelmadjid Tebboune, d’avoir été le grand bénéficiaire de la fraude en déclarant « certains candidats ont obtenu le parrainage de 300.000 électeurs, alors qu’on n’a pas vu des bousculades devant les sièges des mairies pour légaliser les formulaires. » C’est suffisant pour mettre en branle la machine à broyer les contestataires et opposants qui cherchent à jouer les trouble-fêtes d’une parodie électorale qu’on veut faire passer comme une lettre à la poste.

Une semaine plus tard, le jeudi 1er août, le procureur général près la cour d’Alger annonce avoir ordonné à la police judiciaire d’ouvrir une « enquête préliminaire approfondie » contre des dizaines d’élus et trois candidats à la candidature soupçonnés d’être impliqués dans « l’affaire de la vente et achat des parrainages pour la présidentielle du 7 septembre prochain ». Il promet que « toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans cette affaire seront arrêtées et poursuivies ». En un quart de tour et en moins de 48 heures, 77 personnes ont été présentées, samedi 3 et dimanche 4 août, devant le parquet de la République près le pôle pénal économique et financier de Sidi M’hamed, à Alger. Les trois candidats suspects sont Saïda Neghza, Abdelhakim Hamadi et Belkacem Sahli. Ces deux derniers servent juste comme couverture pour les sanctions qui seront prises contre la présidente de la confédération générale des entreprises algériennes. Les deux autres, Abdelhakim Hammadi, un vétérinaire de Constantine n’a absolument rien à se reprocher tout comme Belkacem Sahli, un habitué du rôle de lièvre et un homme totalement acquis au système en place.

Dans la soirée du samedi, Saïda Neghza est arrêtée à son domicile et emmené devant le juge d’instruction du pôle économique et financier du tribunal de Sidi M’hammed. Elle a été entendue le lendemain jusqu’à une heure très tardive avant qu’elle ne soit placée sous contrôle judiciaire. Attendons la suite.