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Les craintes d’une escalade militaire au Moyen-Orient s’amplifient

Appels à quitter le Liban, renforcement du dispositif militaire américain dans la région et suspension de liaisons aériennes: les inquiétudes face à une escalade militaire au Moyen-Orient s’amplifient après la multiplication des menaces de l’Iran et de ses alliés contre Israël.

L’Iran, le mouvement palestinien Hamas et le Hezbollah libanais ont accusé Israël de la mort mercredi du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué dans sa résidence à Téhéran. Son assassinat est survenu quelques heures après une frappe revendiquée par Israël qui a tué le chef militaire du mouvement libanais, Fouad Chokr, mardi soir près de Beyrouth.

Les dirigeants iraniens ainsi que le Hezbollah et le Hamas ont juré de venger la mort de Haniyeh et Chokr. Le guide suprême d’Iran, Ali Khamenei, a menacé Israël d’un « châtiment sévère ». En face, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que son pays était à un « niveau très élevé » de préparation pour n’importe quel scénario, « tant défensif qu’offensif ».

Au vu de « la possibilité d’une escalade régionale par l’Iran et ses partenaires », les Etats-Unis, principal allié d’Israël, ont annoncé vendredi « modifier (leur) dispositif militaire » pour « améliorer la protection des forces armées des Etats-Unis » et « doper le soutien à la défense d’Israël ». Interrogé par des journalistes dans sa résidence balnéaire du Delaware pour savoirs ‘il pensait que l’Iran se tiendrait à l’écart, le président américain Joe Biden a répondu: « Je l’espère, je ne sais pas ».

L’ambassade des Etats-Unis a exhorté ses ressortissants à quitter le Liban en prenant « n’importe quel billet d’avion disponible ». « (…) Mon message pour les ressortissants britanniques est clair: quittez maintenant » le Liban, a aussi déclaré le chef de la diplomatie David Lammy.

La Suède a également annoncé la fermeture de son ambassade à Beyrouth et appelé ses ressortissants à partir. Le Canada a pour sa part appelé ses ressortissants à « éviter tout voyage en Israël en raison du conflit armé régional en cours et de la situation imprévisible en matière de sécurité ».

La guerre à Gaza a entraîné l’ouverture de fronts contre Israël par le Hezbollah et les rebelles yéménites houthis qui forment avec le Hamas et des groupes armés irakiens ce que l’Iran appelle « l’axe de la résistance » face à Israël. La représentation de l’Iran auprès de l’ONU a dit s’attendre à ce que le Hezbollah frappe en « profondeur » du territoire israélien, et « ne se limite pas aux cibles militaires », après que le chef du mouvement, Hassan Nasrallah, a parlé d’une « riposte inéluctable ».

Selon les Gardiens de la révolution, armée idéologique d’Iran, Ismaïl Haniyeh a été tué par un « projectile de courte portée » tiré sur le bâtiment où il se trouvait après avoir assisté à la cérémonie d’investiture du président iranien. « Le régime sioniste recevra certainement la réponse à ce crime au moment et au lieu appropriés », ont-ils averti. Tel-Aviv et Haïfa « font partie des cibles », a affirmé le quotidien iranien Kayhan.

Les Houthis ont eux aussi menacé Israël d’une « riposte militaire ». Entretemps, le cycle de violences quotidiennes se poursuit à la frontière israélo-libanaise. Le Hezbollah a annoncé la mort de deux de ses combattants dans des frappes israéliennes dans le sud du Liban. Et samedi soir, le Hezbollah a affirmé avoir lancé des « dizaines » de roquettes sur le nord d’Israël, en « solidarité » avec les Palestiniens de Gaza et en riposte aux attaques israéliennes sur le sud du Liban.

« La Résistance islamique a ajouté la nouvelle colonie de Beit Hillel (nord) à sa liste de cibles et l’a bombardée pour la première fois avec des dizaines de roquettes », a indiqué le mouvement pro-iranien dans un communiqué.

L’armée israélienne a de son côté assuré que « 30 projectiles ont été identifiés en provenance du Liban » dans la nuit de samedi à dimanche, « la plupart d’entre eux ayant été interceptés ». « Aucun blessé n’est à déplorer », selon les forces armées, qui précisent avoir « frappé » le site du Hezbollah d’où avaient été tirés les missiles dans le sud du Liban.

Signe de l’inquiétude croissante, plusieurs compagnies aériennes ont suspendu leurs liaisons avec l’aéroport de Beyrouth, dont l’allemande Lufthansa jusqu’au 12 août. Air France et Transavia ont prolongé cette mesure jusqu’à mardi inclus, et Kuwait Airways va interrompre ses rotations dès ce lundi.

« J’ai très très peur, je vais me préparer à partir. J’ai peur de ne pas pouvoir quitter ce pays et de mourir ici », déclare à Beyrouth Yana Abdelrida, une étudiante de 23 ans. Près de dix mois après le début de la guerre à Gaza, l’armée israélienne y poursuit son offensive.

Selon la Défense civile, une frappe israélienne sur un complexe scolaire abritant des déplacés a fait dix morts à Gazaville dans le nord du territoire palestinien assiégé, ravagé et menacé de famine selon l’ONU.

L’offensive israélienne à Gaza a fait jusqu’à présent 39.550 morts, d’après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas. En Israël, des milliers de personnes ont manifesté à Tel-Aviv et dans d’autres villes pour appeler M. Netanyahu à accepter un accord qui permettrait la libération des otages.