Alfred (23 ans) a largement dominé la finale en 10 sec 72 (-0,1m/s) devant Richardson (10.87) et une autre Américaine, Melissa Jefferson (10.92).
Sous la pluie diluvienne qui s’abattaitsur l’élégante piste violette du Stade de France, Sha’Carri Richardson, sprinteuse la plus rapide de la saison et championne du monde en titre, n’a pas réussi à surmonter la pression folle de l’évènement.
C’est bien Julien Alfred qui s’est offert dix secondes d’éternité sur la plus belle scène sportive du monde, en plus du tout premier podium de l’histoire olympique pour Sainte-Lucie, petite île des Caraïbes d’environ 180.000 habitants.
« Quand j’étais petite j’étais toujours dehors, pieds nus, je courais avec l’uniforme de mon école, partout. On n’avait pas vraiment les bonnes infrastructures, pas de stade. J’espère que cette médaille d’or va aider la jeunesse, permettre au gouvernement de construire un nouveau stade », a commenté la vainqueur.
Sainte-Lucie, île placée au sud de la Martinique et au nord de Saint-Vincent et les Grenadines, participe aux Jeux depuis 1996, avec son drapeau bleu ciel. Ancienne star universitaire aux Etats-Unis avec l’Université du Texas, Alfred s’entraîne dans le groupe d’Edrick Floreal, en compagnie de la Britannique Dina Asher-Smith et de l’Irlandaise Rhasidat Adeleke, prétendante au podium du 400 m.
Cinquième du 100 m des Mondiaux l’été dernier, Alfred était devenue championne du monde du 60 m en salle cet hiver à Glasgow. Elle avait manqué les Jeux olympiques de Tokyo en 2021 à cause d’une blessure à un ischiojambier.
« Ce titre représente beaucoup pour moi, pour mon coach, pour mon pays. Je veux fêter cela désormais, et remercier Dieu. Tout s’est parfaitement déroulé », a encore indiqué Alfred, qui a indiqué avoir « regardé les courses d’Usain Bolt », son idole, dans la matinée.
La sprinteuse, qui a perdu son père dans sa jeunesse -« il aurait été très fier que sa fille dispute les Jeux olympiques »-, avait quitté son foyer à 14 ans pour rejoindre 1.800 kilomètres plus loin la Jamaïque et son système scolaire, fabrique à sprinteurs.
« Je rêvais de rejoindre le pays d’Usain Bolt, l’homme le plus rapide du monde. Mamère ne s’y est pas opposée, elle savait que ce sacrifice de laisser famille et amis derrière moi était nécessaire pour atteindre mes objectifs », ajoute l’athlète qui fait également partie des favorites du 200m (séries dimanche, finale mardi).
Plus que son île, Alfred se dit fière de « représenter les Caraïbes », à la fête samedi soir avec le sacre au triple saut de Thea LaFond (15,02 m), pour la toute première médaille olympique de l’histoire de la Dominique.
La Jamaïque a elle perdu la main sur le 100 m féminin olympique après quatre succès consécutifs et le triplé de Tokyo. Mais aucune des trois médaillées au Japon n’a pu défendre ses chances en finale samedi au Stade de France.
La double tenante Elaine Thompson-Herah n’est pas à Paris, blessée, Shericka Jackson a décidé de se préserver pour le 200m, et l’éternelle ShellyAnn Fraser-Pryce, titrée en 2008 et 2012, a déclaré forfait juste avant les demi-finales samedi soir, pour ses derniers JO.
La désillusion est d’autant plus grande pour Sha’Carri Richardson (24 ans), qui décroche malgré tout sa première médaille olympique, trois ans après une courte suspension pour un contrôle à la marijuana qui l’avait privée des Jeux de Tokyo.
Mal partie, son point faible, l’Américaine n’a jamais pu remonter Alfred, trop solide. Elle devra patienter quatre ans pour espérer triompher à domicile sur 100maux Jeux olympiques de LosAngeles en 2028. En début de programme, la Néerlandaise Femke Bol avait réussi un superbe tour de piste pour offrir l’or du relais 4×400 m mixte aux Pays-Bas (3:07.43), prenant sa revanche après sa chute sur la même discipline l’été dernier aux Mondiaux de Budapest. RyanCrousers’est lui offert un troisième titre consécutif au lancer du poids (22,90 m).