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Viandes rouges : 30 mesures des Ingénieurs Istiqlaliens pour sauver le secteur [INTÉGRAL]

Viandes rouges : 30 mesures des Ingénieurs Istiqlaliens pour sauver le secteur [INTÉGRAL]

Le secteur des viandes rouges, en pleine crise, nécessite des actions immédiates pour stabiliser les prix et garantir la souveraineté alimentaire. L’Alliance des Ingénieurs Istiqlaliens (AIE) dévoile des mesures urgentes pour assurer un avenir durable à la production animale.

La crise sans précédent dans la production de viandes rouges au Maroc frappe de plein fouet notre souveraineté alimentaire. Alors que les prix explosent et que les ressources se raréfient, la nécessité d’une action immédiate et décisive n’a jamais été aussi pressante. Face à cette urgence, l’Alliance des Ingénieurs Istiqlaliens lance un plan audacieux pour redresser le secteur : stabiliser les prix, moderniser la production et garantir un avenir alimentaire stable et durable. C’est le moment de prendre des mesures radicales pour protéger l’économie nationale et assurer la sécurité alimentaire de chaque Marocain.

Le Maroc voit aujourd’hui son héritage agricole mis en péril, tel un arbre aux racines assoiffées, le secteur de la viande rouge est gangrené par la sécheresse, les maladies et les pratiques agricoles intensives, menaçant de faire tomber l’un de ses piliers économiques les plus précieux.

La flambée sans précédent des prix de la viande rouge menace le pouvoir d’achat et met à mal la survie des petits éleveurs, piliers de l’agriculture. Alors, il est urgent de prendre des mesures fortes et immédiates. Un soutien accru à ces acteurs essentiels permettra de stabiliser la production et de garantir une offre locale. Parallèlement, l’importation contrôlée de viande halal élargira l’offre et régulera les prix. 

Face à cette volatilité des prix, la diversification de la consommation devient essentielle. En promouvant les viandes blanches, les poissons et d’autres protéines alternatives, la dépendance à une seule source sera réduite, contribuant ainsi à la stabilité des coûts. Simultanément, l’instauration d’un système de régulation des prix est urgente pour protéger les consommateurs des fluctuations excessives tout en assurant des revenus équitables pour les producteurs. Cette stratégie garantit une alimentation équilibrée et accessible à tous, tout en soutenant une filière agricole durable.

 

Un nouveau souffle pour la production 
Pour revitaliser le secteur de la viande rouge, une série de réformes stratégiques est non seulement souhaitable mais indispensable. La première étape cruciale consiste à redynamiser les coopératives afin de regrouper les petits éleveurs et mutualiser leurs ressources, ce qui favorise une amélioration significative de la productivité et de la rentabilité. En parallèle, il est essentiel d’augmenter le taux de présentation des animaux aux commissions de sélection à 60% et de mettre en place un cadre renforcé de conseil et de formation pour les éleveurs. ”Entre 2008 et 2017, la production agricole avait une croissance annuelle moyenne de 7,5%, mais elle a chuté à 0,3% de 2018 à 2023, entraînant une perte significative d’emplois”, explique Aziz Hilali, Président de l’Alliance des Ingénieurs Istiqlaliens. 

La revitalisation du secteur exige également une attention accrue aux programmes d’amélioration génétique des races locales, ainsi qu’une relance de l’identification du cheptel, pour renforcer la résilience et la qualité du bétail. En soutenant le développement des petits élevages laitiers autour des centres de collecte, en accroissant les incitations pour la production de génisses, et en interdisant l’abattage des femelles de moins de 5 ans pendant une période de cinq ans, nous pouvons espérer reconstituer efficacement le cheptel national.

Des programmes réguliers de vaccination et de traitement sont nécessaires pour prévenir les maladies et réduire les pertes. De plus, la création de nouvelles structures spécialisées dans la gestion des abattoirs, combinée à un encouragement soutenu de l’investissement privé, est essentielle pour moderniser et valoriser la chaîne de production. Enfin, il est crucial d’accorder une attention particulière aux filières camelines dans le Sud et caprines dans les zones montagneuses afin de diversifier et renforcer l’offre nationale en viande rouge.
 

Entre tradition et innovation
La stabilité du marché de la viande exige une approche multifacette. Il est essentiel de soutenir l’importation de viande congelée halal tout en renforçant les contrôles de qualité et de salubrité pour améliorer l’offre. Diversifier les sources de protéines, en incluant les viandes blanches, le poisson et la cuniculture, aidera à réduire la dépendance aux sources principales de viande. La mise en place de mécanismes de régulation des prix est nécessaire pour éviter les fluctuations extrêmes et assurer une rémunération équitable aux producteurs tout en maintenant des prix abordables pour les consommateurs. 

Réhabiliter les marchés de bétail et développer des circuits courts pour la distribution permettront de réduire les coûts de transport, tandis que soutenir les professionnels du transport contribuera à stabiliser les coûts de production. La suppression raisonnée des droits de douane pour l’importation de bétail doit être équilibrée pour ne pas favoriser les grands importateurs au détriment des producteurs locaux. Ces actions intégrées visent à garantir une offre stable et équitable de viande sur le marché national.

Pour renforcer la production de viande rouge, il est crucial de développer des systèmes de production durables, améliorer la gestion des ressources naturelles, et adopter des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Il faut aussi inciter financièrement les petits éleveurs à souscrire des assurances pour mieux gérer les risques.
 

Technologie et innovation : Le futur de l’élevage
L’intégration des technologies modernes dans l’élevage est une priorité. Des systèmes d’alimentation automatisés, des outils de surveillance à distance et des infrastructures modernisées transformeront le secteur. La création de centres de formation spécialisés et l’accélération des efforts en recherche et développement stimuleront l’innovation et la productivité.

Envisageons un Maroc où l’agriculture est prospère, où les consommateurs ont accès à des produits locaux et de qualité, et où les petits éleveurs jouent un rôle central. Le Plan Maroc Vert, bien qu’efficace pour le développement des investissements agricoles, doit être révisé pour mieux inclure les petits agriculteurs. La nouvelle stratégie « Génération Green » devrait se concentrer sur une réorganisation qui bénéficie davantage aux producteurs locaux et au marché intérieur.

3 questions à Aziz Hilali : “Nous avons importé de la viande rouge, mais les prix n’ont pas baissé comme prévu, ce qui est anormal”
Comment évaluez-vous l’ingénierie de nos terres agricoles dédiées à l’élevage ?   
La crise actuelle de la viande rouge touche profondément l’économie et le tissu social marocains, affectant particulièrement les petits éleveurs, qui représentent 80 à 85% des acteurs du secteur. Entre 2008 et 2017, la production agricole avait une croissance annuelle moyenne de 7,5%, mais elle a chuté à 0,3% de 2018 à 2023, entraînant une perte significative d’emplois. La sécheresse persistante et les coûts élevés de l’alimentation du bétail, représentant désormais 60 à 70% du coût de production, aggravent la situation. Les petits éleveurs, contraints de vendre leurs troupeaux, sont les plus vulnérables face à cette crise. Il est crucial d’agir pour redresser le secteur et assurer une souveraineté alimentaire durable.
  Depuis la période Covid-19, le cheptel national accuse de grandes pertes. Quelles sont, selon vous, les modalités de reconstitution du cheptel ?   
Le secteur de l’élevage au Maroc est en crise, avec une perte de 50% de bétail, majoritairement affectant les petits éleveurs. Pour remédier à cette situation, il est crucial de réorienter les subventions de l’État vers ces petits éleveurs et de moderniser les pratiques d’élevage en introduisant des technologies avancées. Il faut également renforcer la formation des éleveurs et améliorer les programmes d’amélioration génétique des races locales. Le développement des petits élevages laitiers et la valorisation des produits animaux, notamment la production de lait en poudre, sont essentiels pour éviter une crise similaire dans le secteur laitier. Enfin, une régulation stricte de l’importation de viande congelée halal est nécessaire pour garantir la qualité et stabiliser l’offre sur le marché national.
  Quel a été l’impact de l’autorisation d’importation des viandes rouges sur le secteur ?  
Nous avons importé de la viande rouge, mais les prix n’ont pas baissé comme prévu, ce qui est anormal. L’importation n’était pas bien encadrée, permettant des abus. Il est crucial de soutenir l’importation de viande congelée pour améliorer l’offre sur le marché national et renforcer les mesures de contrôle de qualité et de salubrité. Le gouvernement doit veiller à ce que les conditions d’importation soient strictement respectées et que les facilités fiscales bénéficient réellement au citoyen, plutôt qu’à une minorité monopolistique. Actuellement, les prix de la viande rouge sont élevés (110 à 140 dirhams le kilo) malgré les importations, indiquant la nécessité de réévaluer le système de régulation. Les importations doivent être surveillées pour garantir une offre suffisante tout en maintenant la qualité.
 

Conjoncture : Prix en flèche, cheptel en chute
La relance de la production locale de viandes rouges a été différée, compromettant l’approvisionnement du marché local malgré les importations de bovins et ovins. Cette situation a entraîné une hausse significative des prix, atteignant récemment 85 à 100 Dhs/kg pour la viande bovine et 90 à 120 Dhs/kg pour la viande ovine sortie d’abattoirs, exacerbant ainsi l’insécurité alimentaire.
Cette flambée des prix est principalement due à l’augmentation vertigineuse du coût des aliments pour bétail, qui a atteint près de 88%, et à la réduction de près de 50% des effectifs bovins au cours des 20 dernières années, passant de 6,2 millions de têtes en 2000 à moins de 3,2 millions en 2020. De plus, la perte de 150.000 têtes de cheptel laitier entre 2020 et 2022 a aggravé cette situation. Avec une diminution du cheptel laitier, les éleveurs ont dû compenser en abattant d’autres espèces, notamment ovine et caprine, pour répondre à la demande de viande. Cela a créé une chaîne de répercussions qui a encore plus fragilisé la filière.

Viande rouge : Une crise alimentaire en urgence
Avec une demande en viande rouge qui a explosé, passant de 11 à 17 kg par habitant en une décennie, le Maroc se trouve face à un défi de taille : une crise de production qui menace la souveraineté alimentaire du pays. Tandis que les coûts de production grimpent en flèche, les producteurs laitiers, principalement des petits éleveurs, sont accablés par une crise de collecte et des difficultés économiques. Cette situation critique pousse de nombreux éleveurs à vendre leurs troupeaux, aggravant la pénurie.

Pour surmonter cette crise et restaurer la souveraineté alimentaire du Maroc, il est impératif de mettre en œuvre des stratégies audacieuses. Les Hautes Directives Royales, le programme gouvernemental 2021-2026, et les résolutions du 18ème congrès du Parti de l’Istiqlal mettent en avant la nécessité d’améliorer la production locale de viande rouge, de réduire la dépendance aux importations et de stabiliser les prix. Une réponse efficace à cette crise est non seulement une question de sécurité alimentaire, mais aussi de préservation de la stabilité économique et sociale du pays.

La sécurité alimentaire du Maroc dépend de sa capacité à réduire sa dépendance aux importations, à anticiper et à atténuer les risques associés aux fluctuations des marchés mondiaux, et à renforcer sa souveraineté alimentaire à travers des stratégies de développement durable. En abordant ces défis de manière proactive, le Maroc peut assurer une alimentation stable et accessible pour sa population, tout en préservant la stabilité économique et sociale du pays.