D’après ces données, la situation sur le marché du travail a continué de se dégrader au deuxième trimestre 2024, signant ainsi le pari perdu du gouvernement sur le chômage.
En effet, après avoir atteint 13,7% au premier trimestre 2024 contre 12,9% un an auparavant, le taux de chômage s’est accru de 0,7 point entre le deuxième trimestre de 2023 et celui de 2024. En glissement annuel, c’est la deuxième hausse trimestrielle consécutive de l’année encours.
« Il est passé de 12,4% à 13,1% au deuxième trimestre 2024 au niveau national (+0,7 point), de 16,3 % à 16,7% en milieu urbain (+0,4 point) et de 5,7% à 6,7% en milieu rural (+1 point) », indique le HCP dans sa note d’information relative à la situation du marché du travail au deuxième trimestre.
L’évolution du taux de chômage n’augure aucune lueur d’espoir pour les jeunes âgés de 15 à 24 ans qui ont encore été frappés de plein fouet et continuent d’enregistrer des taux de chômage élevés (36,1%).
Selon les experts de l’organisme chargé de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc, le taux de chômage a connu une hausse de 2,5 points parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, passant de 33,6% à 36,1%, de 1,6 point parmi les personnes âgées de 25 à 34 ans, de 19,8% à 21,4%, de 0,1 point parmi celles âgées de 35 à 44 ans, de 7,2% à 7,3%, et de 0,1 point pour les personnes âgées de 45 ans et plus, de 3,6% à 3,7%.
La situation reste tout aussi préoccupante du côté des diplômés (19,4%) et des femmes (17,7%), comme en témoignent les données relatives à ces deux catégories.
Les données recueillies montrent que le taux de chômage des diplômés a enregistré une hausse de 0,2 point, passant de 19,2% à 19,4%, constate le Haut-Commissariat précisant que « cette hausse est plus prononcée parmi les détenteurs de diplômes de l’enseignement secondaire qualifiant (+3,2 points), passant ainsi à un taux de 26,1%) ».
Il ressort globalement de la note du HCP que le nombre de chômeurs a augmenté de 90.000 personnes entre le deuxième trimestre de l’année 2023 et celui de 2024, passant de 1.543.000 à 1.633.000 chômeurs, ce qui correspond à une augmentation de 6%.
Comme l’explique l’institution dirigée par Ahmed Lahlimi Alami dans sa note, « cette hausse est le résultat d’une augmentation de 48.000 chômeurs en milieu urbain et de 42.000 en milieu rural ».
Un tableau sombre à bien des niveaux
Il est à noter que le volume des actifs occupés en situation de sous-emploi est passé, entre le deuxième trimestre de 2023 et celui de 2024, de 983.000 à 1.042.000 personnes au niveau national, de 549.000 à 552.000 personnes en milieu urbain et de 434.000 à 490.000 en milieu rural.
Après analyse, il ressort ainsi que « le taux de sous-emploi est passé de 9% à 9,6% au niveau national, de 8,4% à 8,3% en milieu urbain et de 9,9% à 11,6% en milieu rural », a fait savoir le HCP.
Aussi, le volume de la population active occupée en situation de sous-emploi en termes de nombre d’heures travaillées est passé de 465.000 à 583.000 personnes au niveau national, le taux correspondant s’est ainsi accru de 4,2% à 5,4%.
Quant à la population active occupée en situation de sous-emploi en termes d’insuffisance du revenu ou d’inadéquation entre formation et emploi exercé, la note du Haut-Commissariat indique qu’elle est passée de 518.000 à 459.000 personnes au niveau national. Le taux correspondant est passé de 4,7% à 4,2%.
Il ressort, par ailleurs, des mêmes chiffres qu’entre le deuxième trimestre de 2023 et celui de 2024, le taux d’activité a reculé de 0,6 point, passant de 44,8% à 44,2%, suite à l’accroissement de la population en âge d’activité (15 ans ou plus) de 1,4%, entre les deux périodes, et à une légère augmentation de la population active (+0,1%).
Ainsi, fait remarquer l’organisme public, «le taux a aussi baissé de 1,2 point en milieu rural, passant de 49,2% à 48% et de 0,3 point en milieu urbain, passant de 42,6% à 42,3%.
Le taux d’emploi a, de son côté, reculé de 0,9 point, passant de 39,3% à 38,4%, au niveau national. Il a baissé de 1,6 point en milieu rural, de 46,4% à 44,8%, et de 0,4 point en milieu urbain, de 35,7% à 35,3%. Il a également baissé parmi les hommes, de 62,2% à 61,0% (-1,2 point) et parmi les femmes, de 17% à 16,5% (-0,5 point).
Alain Bouithy