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L’envolée des taux immobiliers a plongé 320.000 Britanniques dans la pauvreté

Environ 320.000 personnes sont tombées sous le seuil de pauvreté au Royaume-Uni en raison de l’envolée des taux d’emprunt immobilier qui grève leur budget, selon une étude parue jeudi.

Ces derniers mois, le pays a connu son plus important bond des taux d’intérêt depuis les années 1980: ceux-ci sont passés de 0,1% en décembre 2021 à 5,25% actuellement, leur plus haut depuis la crise financière de 2008.

La hausse des coûts des emprunts immobiliers a ainsi réduit le revenu disponible de nombreux ménages qui ont renouvelé ou contracté des prêts depuis 2022, affirme le centre de réflexion Institute for Fiscal Studies (IFS), faisant tomber dès fin 2023, 320.000 personnes dans la pauvreté – soit des ménages aux revenus inférieurs à 60% du revenu médian.

Mais selon l’organisme, les statistiques officielles, qui se basent sur un taux d’emprunt moyen sans tenir compte des différences de remboursements entre foyers, ne prendraient en compte que 230.000 personnes supplémentaires entrées en situation de pauvreté du fait de la flambée des taux d’intérêt immobiliers.

Or nombre d’emprunteurs remboursent encore leur emprunt à un taux fixe négocié en amont de cette hausse, pour une période limitée, là où d’autres voient le montant de leurs échéances grimper nettement.

Les personnes ayant refinancé leur prêt immobilier en 2022 sont plus susceptibles d’être en retard sur leurs remboursements d’emprunt.

Malgré la pandémie de Covid-19 et la crise du coût de la vie, le taux de « pauvreté absolue » (touchant les ménages dont les ressources ne leur permettent pas de satisfaire leurs besoins élémentaires) au Royaume-Uni est resté à peu près stable, atteignant 18% en 2022-23, soit 12 millions de personnes – sur une population d’environ 68 millions de personnes au Royaume-Uni.

Le rapport de l’IFS suggère également que ces chiffres officiels ne prennent pas non plus en compte l’impact différencié, pour les ménages, de l’envolée de l’inflation en fonction de leur situation.

En effet, la hausse des prix de l’énergie et des produits alimentaires pénalise davantage les ménages à faible revenu et les retraités aux revenus modestes, que le reste de la population – leur reste à vivre étant nettement diminué.

« Ce rapport soulève de nombreuses questions quant à savoir si la protection sociale est adaptée aux défis qui menacent les ménages en difficulté », commente Peter Matejic, analyste en chef de la Fondation Joseph Rowntree, qui a financé l’étude.

Le parti travailliste, qui a pris la tête du pays depuis l’élection générale de juillet au Royaume-Uni, est depuis lors confronté au bilan économique du parti conservateur.

« Le nouveau gouvernement ne peut pas s’en remettre à la croissance » (pour améliorer la situation économique des ménages, NDLR), martèle M. Matejic, « après des années de coupes, de plafonds et de gels des mesures d’aide sociale qui ont laissé les familles sans la résilience financière et la sécurité dont elles avaient besoin pour faire face à la hausse des prix et des coûts. »