Au lendemain de l’annonce officielle de la reconnaissance française de la marocanité du Sahara, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a tenu une conférence de presse au siège de son département. Une conférence qui a suscité moult interrogations sur ses véritables desseins.
Et, ce n’est pas en déclarant que « La réponse du président de la République était ferme, résolue et très précise, mettant l’accent sur le fait que la position française n’est pas une simple reproduction de ses positions précédentes », qu’il finirait par convaincre l’opinion publique que le chef de l’Etat algérien avait bel et bien manifesté sa désapprobation à son homologue française. Ce n’est pas ce qu’ont montré les images diffusées sur toutes les chaînes de télévision du monde. On voyait bien Abdelmadjid Tebboune souriant, chaleureux et plein d’enthousiasme devant Emmanuel Macron. Echanges de bisous, câlins et grands éclats de rire entre les deux hommes. Une attitude rarement vue entre deux chefs d’Etat et surtout pas quand ils sont fâchés l’un contre l’autre. Du début jusqu’à la fin du sommet du G7.
La première réaction algérienne a été enregistrée le 25 juillet par un communiqué du MAE, au ton menaçant, certes, mais vide de sens. Aucune alternative proposée pour résoudre cette crise régionale entretenue par Alger sans le moindre soutien international. Aucune allusion à la rencontre Tebboune-Macron à Bari. Aucun rappel de la réaction de Tebboune en apprenant la nouvelle de la bouche de Macron. On faisait comme si la nouvelle venait de tomber.
En vérité et comme l’a souligné Ahmed Attaf, la réaction algérienne est venue lorsque « Les autorités françaises nous ont informés, par le biais de notre ambassadeur à Paris, du contenu de la lettre que le président français avait l’intention d’adresser au roi du Maroc, en particulier le texte relatif à la question du Sahara occidental ». Et les instructions données à l’ambassadeur algérien à Paris n’émanaient pas de Tebboune mais « des hautes autorités du pays, notre ambassadeur à Paris a exprimé aux autorités françaises la position algérienne sur cette démarche, en mettant en garde contre ses graves répercussions et conséquences ». Il y a bien nuance entre « le chef de l’Etat » et « les hautes autorités ». Ce sont ces dernières qui ont instruit l’ambassadeur de la réponse à donner aux Français et à l’inviter à rentrer immédiatement.
Tebboune a-t-il menti aux généraux pour s’assurer le second mandat ?
Si Alger avait gardé le silence, jusqu’au 27 juillet, alors que le président Tebboune était bien au courant et était informé officiellement par Macron en personne, cela signifie tout simplement que le chef d’Etat algérien avait gardé le secret pour lui. De retour à Alger, il ne semble pas avoir informé les généraux de l’armée, ces véritables décideurs du pays. Il a menti par omission. C’est le moins qu’on puisse dire. Pour une question si importante aux yeux des dirigeants algériens, le président de la république devait informer immédiatement, la hiérarchie militaire et le gouvernement pour étudier la question. Pour beaucoup moins que ça, le Haut Conseil de Sécurité s’était réuni le 17 août 2021 pour décider de la révision des relations diplomatiques avec le Maroc accusé, sans preuve aucune, d’être impliqué dans les incendies meurtriers qui ont ravagé le nord de l’Algérie. Quelques jours plus tard, le 24 août, Ramatane Lamamra, alors ministre des Affaires étrangères, annonce la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays voisins. Moins d’un mois plus tard, le 17 septembre, Alger durcit le ton. Le Haut Conseil de Sécurité, réuni de nouveau sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune, décide « la fermeture « immédiate » de son espace aérien à tous les avions civils et militaires marocains ainsi qu’aux appareils immatriculés au Maroc ». L’escalade avait atteint son summum et il ne restait plus à Alger qu’à déclarer la guerre à son voisin de l’Ouest.
Toute cette agitation et ces manifestations d’hostilité à l’endroit du royaume marocain qui s’est abstenu de répondre aux incessantes provocations algériennes ont fini par se retourner contre leurs auteurs par la récolte d’une série d’échec sur la scène internationale. Cela a commencé par l’impossibilité d’inscrire la question sahraouie à l’ordre du jour du sommet de la ligue arabe organisé les 1 et 2 novembre à Alger. Même lorsque les organisateurs ont tenté de présenter, la carte géographique du Maroc amputée de la partie sud de son territoire, ils ont été vite rappelés à l’ordre par les participants et ont vite fait de s’excuser en invoquant une erreur technique. A l’isolement sur la scène arabe s’est ajoutée l’isolement sur la scène internationale. Ayant beaucoup compté sur une adhésion aux BRICS qu’ils voulaient arborer comme un triomphe sans égal, les dirigeants algériens sont tombés de nues en se voyant fermer, au nez, la porte de cette nouvelle organisation économique que dirigent pourtant leurs alliés stratégiques, la Russie, la Chine et l’Afrique du Sud. Un affront sans pareil infligé par les propres amis. Tout récemment, les dirigeants des factions palestiniennes que Tebboune croyait avoir conquis par un dîner à l’hôtel Sheraton d’Alger, viennent de lui envoyer de Pékin, une cinglante gifle en signant une déclaration de leur union autour de leur cause sacrée. Un événement pour lequel le régime algérien a fait l’impossible pour qu’il se déroule en Algérie.
Avec l’annonce que lui avait faite Macron à Bari, Tebboune ne voulait, certainement, pas, avec cet énième revers, ajouter la goutte qui ferait déborder le vase et se voir refuser un second mandat par les décideurs de l’institution militaire. Il avait tout intérêt à garder le secret pour lui. Il voulait profiter du facteur temps puisqu’il savait que l’annonce n’allait se faire qu’à la fin du mois de juillet, à l’occasion de la fête du trône au Maroc. C’était largement suffisant pour se voir accorder ce fameux second mandat. Le 17 septembre, il obtient son ticket pour annoncer sa candidature. Une candidature qui lui assure une victoire sans grande peine puisque c’est la première fois depuis que l’élection présidentielle a vu le jour en Algérie, il n’y a que trois candidats. Tebboune et deux lièvres boiteux qui n’arrivent même pas à s’assurer les voix de leur voisinage. Deux inconnus de l’opinion publique dont vous ne trouverez nulle trace sur les moteurs de recherche de la toile.
Pourquoi ces aveux tardifs ?
En tenant une conférence de presse au lendemain de la décision française, Ahmed Attaf a fait des aveux graves. Pourquoi cette convocation d’une presse connue pour sa soumission aux véritables détenteurs du pouvoir ? Est-il l’initiateur de de cette conférence ? A quels desseins l’a-t-il convoquée ? Des questions que seul Attaf est en mesure de répondre et qu’aucun journaliste de la nombreuse assistance n’a osé poser. Nous en saurons, certainement, plus dans les prochains jours.