Les interruptions de distribution d’eau à Casablanca ne sont pas seulement fréquentes, mais aussi imprévisibles et prennent les citoyens au dépourvu. Sans préavis, des quartiers entiers se retrouvent privés de cette ressource essentielle, pendant des heures voire des jours, forçant les résidents à improviser pour assurer leur survie quotidienne. La situation est exacerbée par la chaleur estivale, rendant la privation d’eau encore plus insupportable.
Ce constat révèle non seulement une incapacité flagrante à gérer une ressource vitale, mais aussi un manque de respect manifeste envers les habitants de cette ville et de ses régions avoisinantes. En plus de priver des milliers de familles d’une nécessité aussi élémentaire que l’eau potable, les autorités locales omettent, par pure négligence ou par un mépris assumé, d’informer les habitants des coupures programmées. La gestion de l’eau dans la plus grande ville du Maroc souffre de problèmes structurels profonds, allant d’une infrastructure obsolète à une mauvaise planification urbaine, en passant par une absence de vision stratégique à long terme Les rares fois où les responsables daignent communiquer, c’est pour offrir des promesses oiseuses ou des solutions illusoires. On nous parle de projets ambitieux et de plans à long terme, mais dans l’immédiat, rien ne change. L’eau continue de manquer, les robinets restent à sec et les citoyens se sentent de plus en plus abandonnés. Ce décalage entre les discours officiels et la réalité sur le terrain est non seulement frustrant mais aussi profondément insultant.
Lorsque l’eau finit par couler des robinets, souvent à débit réduit, elle est généralement loin d’être potable. Les Casablancais rapportent des changements de couleur, d’odeur et de goût, des signes particulièrement inquiétants. La population craint, à juste titre, les risques sanitaires liés à l’utilisation d’une eau qui ne serait pas si potable que ça.
Face à cette situation, les habitants de Casablanca et des villes environnantes ne cachent plus leur exaspération. Les réseaux sociaux se sont transformés en tribunes publiques où les citoyens, poussés à bout, dénoncent l’incurie des autorités. Les commentaires affluent, mettant en lumière l’indignation et la frustration d’une population qui se sent délaissée. Des régions comme Had Soualem, Sidi Rahal, Bir Jdid, Sidi Bennour, El Jadida, Berrechid, Bouznika et Settat, en plus de certains quartiers de Casablanca, tous touchés par cette crise, voient leurs habitants perdre patience.
Les experts en eau et en environnement pointent du doigt la baisse dramatique des niveaux d’eau du barrage Al Massira qui alimente le sud de Casablanca et les villes avoisinante. Certes, les autorités ont tenté d’instaurer des mesures de rationnement, mais les efforts semblent totalement dérisoires face à l’ampleur de la crise.
Bien qu’ambitieux, le projet d’interconnexion entre le bassin du Sebou et celui du Bouregreg qui alimente plusieurs régions de Casablanca peine à apporter des solutions immédiates et tangibles. Quant au projet de liaison hydraulique entre le nord et le sud de la capitale économique, il semble, selon plusieurs spécialistes, inadapté à l’ampleur de la crise.
Cette situation de pénurie d’eau à Casablanca et dans ses environs n’est pas un simple problème passager. Elle n’est également pas le résultat exclusif de la sécheresse. La gestion de l’eau dans la plus grande ville du Maroc souffre de problèmes structurels profonds, allant d’une infrastructure obsolète à une mauvaise planification urbaine, en passant par une absence de vision stratégique à long terme. La consommation domestique, souvent pointée du doigt, ne représente qu’une infime partie du problème. C’est un système entier qui est à repenser, avec une urgence accrue face aux défis climatiques à venir. Des investissements massifs dans les infrastructures, une meilleure gestion des ressources existantes et une sensibilisation accrue à la consommation responsable sont autant de mesures nécessaires pour éviter que Casablanca ne se retrouve à sec.
Le cri de colère des Casablancais sur les réseaux sociaux est, en effet, un appel urgent à l’action. Les citoyens n’en peuvent plus d’être les victimes d’une gestion calamiteuse. L’accès à l’eau est un droit fondamental et ne doit en aucun cas être compromis par des politiques inefficaces. Les gens ont le droit de vivre sans craindre pour leur santé à cause d’une eau de mauvaise qualité et sans être contraints de subir des interruptions fréquentes de l’approvisionnement.
Mehdi Ouassat