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Mohammedia : Entre grains de sel et grains de colère, les estivants désespèrent

Mohammedia : Entre grains de sel et grains de colère, les estivants désespèrent

À Mohammedia, l’été vire au cauchemar. Des « gilets jaunes » rackettent les plages publiques, exigeant des sommes exorbitantes pour le stationnement. Face à cette situation, la colère gronde. Détails.


Le soleil de Mohammedia caresse de ses rayons les rivages de la cité portuaire. Sur les plages publiques, où le sable fin épouse l’écume de l’Atlantique, une ombre plane, persistante comme un nuage d’été. Ce ne sont pas les embruns qui obscurcissent l’horizon, mais les silhouettes des gilets jaunes, sentinelles autoproclamées des parkings côtiers de l’ex-Fedala.

« C’est un véritable racket », s’indigne Fatima, mère de trois enfants, venue profiter d’une journée en famille. « On nous demande 30 dirhams pour garer notre voiture. C’est le prix d’un repas pour mes enfants ! » Son mari renchérit : « Et si on refuse, ils insinuent que dès qu’ils ont le dos tourné, des adolescents viendraient rayer notre voiture. C’est du chantage, voire de l’extorsion pure et simple ».

Le long des plages publiques de Mohammedia, défouloirs pour les familles modestes, se joue désormais une pièce aux accents tragiques. Les acteurs, vêtus de gilets fluorescents, surgissent tels des gangs dès qu’un véhicule ose s’aventurer sur leur territoire. Leurs gestes sont une chorégraphie bien rodée : ils orientent, exigent et jettent des regards torves, signes de menaces. Les tarifs, aussi fluctuants que les marées, grimpent au rythme de l’affluence et de l’audace de ces nouveaux maîtres du macadam.

Karim, jeune cadre aux tempes déjà grisonnantes, raconte : « J’ai voulu me garer près de la plage des Sablettes. Un homme m’a barré la route, exigeant vingt dirhams. J’ai osé lui rappeler le tarif officiel. Son rire cynique résonne encore dans mes oreilles : « Oublie ce que les autres ont pu te dire, ici, c’est moi qui décide de mes tarifs ».

Sur la Toile, la colère des habitants de Mohammedia se déverse en un torrent digital. Les hashtags fusent, cris de ralliement d’une population excédée. Certains appellent au boycott des plages, d’autres rêvent d’une intervention musclée des autorités. Mais les mots restent des mots, et le sable continue d’accueillir les pas résignés des baigneurs.

Rachida, commerçante, ne décolère pas : « J’ai un petit stand de glaces sur la corniche. Ces gardiens font fuir mes clients. Les gens préfèrent aller ailleurs plutôt que de payer ces sommes exorbitantes ».

Face à cette situation explosive, la municipalité de Mohammedia sort enfin de sa torpeur estivale. Des promesses sont lancées comme des bouteilles à la mer, paroles censées apaiser les flots tumultueux de la contestation. Mais, sur le terrain, le scepticisme a depuis longtemps pris racine dans les cœurs, aussi profondément que les algues s’accrochent aux rochers.

Houda BELABD

Une question suspendue…

L’été s’annonce brûlant à Mohammedia, et pas uniquement à cause de la canicule. Entre les estivants excédés et les gardiens accrochés à leur pactole comme des berniques à leur rocher, la tension monte, irrésistible comme la marée. Les plages publiques, autrefois synonymes d’évasion et de liberté, sont devenues le théâtre d’une lutte quotidienne, où chaque grain de sable semble peser le poids de l’injustice.

Alors que les vagues de l’Atlantique viennent couver inlassablement le rivage de Mohammedia, une question reste suspendue dans l’air salin : la cité portuaire saura-t-elle enfin briser les chaînes de ce racket estival ? Pour l’instant, le seul bruit qui couvre celui de la mer est l’écho des protestations et des négociations houleuses, se mêlant au fracas des vagues dans une symphonie dissonante de l’été marocain.