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Exposition : Houda Benjelloun nous confie ses « Chuchotements » au centre culturel de l’Agdal

Du 20 juillet au 4 août 2024 a lieu l’exposition « Chuchotements » de l’artiste peintre Houda Benjelloun au centre culturel de l’Agdal. L’occasion pour l’artiste de nous faire part, avec un penchant surréaliste et néo-naïf, de ces « petits bruits » qui la hantent au quotidien.

Quoi de mieux que des « chuchotements » pour évoquer son monde intérieur ? Parfois colorées avec des teintes vives, parfois en noir et blanc, à l’acrylique, à la peinture à l’huile, au fusain, au pastel ou à l’encre de chine, parfois aussi avec des collages de papiers journaux, les figures curieuses et énigmatiques issues de l’univers onirique de Houda Benjelloun lui ont été susurrées à l’oreille, comme elle nous le suggère entre deux mots.
 
Avec une peinture qui emprunte au surréalisme, à l’expressionnisme et au néo-naïf, Houda Benjelloun nous invite au voyage, adopte un comportement non conformiste, le plus souvent dans un flamboiement de couleurs. L’artiste est désireuse de s’affranchir des carcans, comme elle le dit elle-même : « j’explore ma propre approche, loin de l’imitation ou de marcher sur les traces d’autres artistes ».
 
Les chimères, corps animalisés qui peuplent les tableaux, empruntent à l’homme et à l’animal, avec des traits régressifs. L’étrangeté de ces créatures, qui semblent parfois se dévorer elles-mêmes, reflète, comme une structure interconnectée avec le réel, l’interdépendance et la complexité des éléments qui constituent notre société actuelle. De ce fait, elle compose ainsi une œuvre marquée par une grande émotion.
 
Agée de 33 ans, peintre autodidacte, née et installée dans la capitale de Rabat, Houda Benjelloun est toujours armée de son carnet dans lequel elle dessine ses croquis, lesquels sont parfois repris pour des tableaux à plus grande échelle. De son propre aveu, on retrouve dans ses différents cahiers pas moins de huit-cents esquisses, lesquelles témoignent de son imagination profuse.
 
Si on avait pu la reconnaître pour ses expériences de peinture sous l’eau ou dans les cieux, relayées par les médias et les réseaux sociaux, elle les évoque, malicieuse et joueuse, avec un brin de subversivité. Une façon, selon elle, de conjuguer ensemble, l’art, le sport et son amour de la nature. « Quand je l’ai annoncé à mes amis, ils ne me croyaient pas, me mettaient au défi. J’ai fini par les surprendre en allant au bout de mes idées », nous dit-elle d’un ton espiègle.

Toujours dotée de son esprit ludique, elle pousse le soin jusqu’à installer un atelier au sein de l’espace de l’exposition, peignant ses formes et démontrant la genèse de ses tableaux devant les visiteurs curieux.
 
Dotée de 71 tableaux, il s’agit de la cinquième exposition de Houda Benjelloun après une exposition collective à la galerie d’art Margui Lopez y ArteAdiscar (Malaga, 2023), une participation à la 16ème édition du festival le printemps Agdal-Riyad (Rabat, 2023), puis une exposition individuelle à la galerie Nadira (Rabat, 2023) et une autre à l’espace d’art de l’hôtel Oscar (Rabat, 2021).
 
L’exposition aura lieu jusqu’au 4 août au Centre Culturel de l’Agdal, à Rabat. Une autre sera prévue au mois d’octobre, à Malaga, 

3 questions à Houda Benjelloun
Vous avez accompli l’exploit de peindre sous l’eau, grâce à des outils de peinture adaptés à l’eau salée, et dans les airs, en deltaplane. Quel était le but de ces expériences insolites ?
 
– La pratique du parapente et de la plongée sous-marine m’a permis de combiner l’art et le sport. J’ai réalisé une peinture sous l’eau et une peinture dans le ciel, comme un défi mais en même temps comme un message pour la préservation de l’environnement, de l’air. Concernant les animaux, les poissons, je suis descendue sous l’eau et j’ai peint cette œuvre comme un message de leur part. En effet, les animaux jouent un rôle crucial dans l’équilibre de l’environnement, et sont victimes de la pollution des plages et du rejet des déchets. Il s’agit donc d’œuvres pour la protection de l’environnement, contre les usines, la fumée, les déchets, car notre environnement est en danger. En tant qu’artiste, j’ai voulu partager ce message avec mes suiveurs et les personnes intéressées par l’art et le sport en général.
 
Bien que votre travail s’approche des courants surréaliste et néo-naïf, vous vous définissez comme loin de toute imitation ou du fait de marcher sur les traces d’autres. Est-ce pour mieux vous affranchir des règles et vous exprimer en toute liberté ?
 
– Je me fie à mon imagination et à mes rêves, loin des imitations, des règles et des restrictions. Quand j’ai commencé à peindre, je représentais la nature, les couleurs, en utilisant différentes matières. En tant qu’être humain, chacun trouve son propre équilibre ; pour moi, ma paix intérieure réside dans le fait de tenir un crayon ou un stylo, et je laisse s’envoler loin mon imagination. Je sens que je peux créer quelque chose qui n’existe pas, des choses issues des illusions et des rêves : en regardant le ciel, on peut voir des formes et des motifs, c’est ainsi que mon imagination ne se perd jamais, je les pose sur une toile ou une surface. Aussi, j’ai toujours mon carnet de croquis avec moi, c’est ma source d’inspiration qui m’aide dans mon travail. Je note et dessine chaque idée qui me vient à l’esprit, ce qui nourrit mon imagination. Chacun a sa propre perspective et imagination, chacun de nous peut créer quelque chose de nouveau, quelque chose qui n’existe pas encore. C’est pourquoi j’ai nommé mon univers artistique « Hamassate » (chuchotements), car ce sont des choses issues de l’imagination, qui n’existent pas dans la réalité. Chaque artiste a sa propre empreinte et doit suivre son propre chemin, c’est la voie que je suis, et grâce à Dieu, je continue d’avancer.
 
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre technique, les supports et les matériaux utilisés ?
 
– J’ai le courage d’aborder les couleurs et les différents espaces, que ce soit pour des tableaux petits ou grands. J’ai expérimenté la peinture sur toile, bois, papier kraft, encre, et différentes matières, parfois même naturelles comme le safran, en les intégrant dans mes œuvres pour apporter une touche esthétique. J’utilise des peintures à l’huile, acrylique, cire, et différentes techniques pour redonner vie aux choses. Par exemple, je peux peindre sur des vieux papiers, les lire et les réinterpréter. En ajoutant des couleurs, cela crée une beauté et un mouvement dans mes œuvres, ce qui prend du temps, car je collectionne les matériaux que je peux utiliser. J’ai de nombreux projets en cours, notamment la sculpture, je prévois de me lancer bientôt dans ce domaine. Par ailleurs, cette peinture que je partage dans la vidéo a été commencée lors du festival de Rabat et témoigne de la technique que je peux adopter.