Les indemnités versées par les assureurs au cours de la dernière décennie ont contribué à accroître la résilience des agriculteurs marocains en compensant partiellement les pertes subies. Toutefois, vu les aléas climatiques et la sécheresse que connaît le pays, les régimes d’assurance doivent êtres adaptés.
« La sécheresse de cette saison a réduit la surface ensemencée des cultures pluviales d’hiver de près d’un quart par rapport aux années précédentes. Les cultures qui ont fini par semer et lever ont souffert de stress hydrique et thermique », souligne le rapport.
Et de poursuivre que les revenus et la solidité financière des agriculteurs continuent d’être mis à rude épreuve. « En plus d’une série de mauvaises récoltes, la campagne d’hiver 2023/2024 a coïncidé avec des chocs sur les prix des matières premières et une hausse de l’inflation, entraînant une hausse des prix des intrants agricoles tels que les engrais et l’énergie », ajoute l’étude.
Elle estime même que les projections climatiques futures ne sont pas optimistes, en particulier pour les scénarios de fortes émissions de gaz à effet de serre. « Le réchauffement climatique actuel dans la région méditerranéenne a dépassé les taux moyens mondiaux. À court et à long terme, les événements extrêmes devraient continuer d’aggraver la pénurie d’eau dans la région, bien qu’avec de grandes incertitudes quant à l’amplitude des changements projetés. Le changement climatique devrait également réduire les zones propices à la culture de certaines cultures », précise la compagnie d’assurance suisse.
Elle rappelle, à ce propos, que le Maroc est situé dans une zone climatique de transition entre les régimes de circulation atmosphérique des latitudes moyennes et tropicales. « Le pays est bordé par la mer Méditerranée au Nord, l’Atlantique à l’Ouest et le désert du Sahara au Sud. La situation géographique du Maroc et sa topographie complexe composent une palette climatique hétérogène allant des régimes humides/semi-humides aux régimes arides/semi-arides qui présentent une forte variabilité saisonnière et interannuelle », affirme la compagnie d’assurance suisse.
Comment le secteur de la réassurance réagit aux risques liés au changement climatique
L’évolution rapide du paysage des risques indique la nécessité d’agir immédiatement sur différents fronts pour atténuer et gérer le paysage des risques, estime la compagnie d’assurance suisse.
Le secteur de l’assurance agricole au Maroc est le deuxième plus important d’Afrique (en termes de revenus de primes générés), indique-t-elle. Les agriculteurs sont principalement couverts par des programmes d’assurance multirisque agricole, basés sur des indemnités, proposés dans le cadre d’un partenariat public-privé réussi entre les ministères de l’Agriculture et des Finances et la Société marocaine d’assurance mutuelle agricole (MAMDA), souligne-t-elle.
Les primes d’assurance agricole sont fortement subventionnées par le gouvernement marocain, en particulier pour les petits exploitants agricoles, ajoute-t-elle.
Suiss Re affirme même que les principaux produits d’assurance des récoltes ont été ajustés ces dernières années pour mieux refléter l’environnement actuel. Cependant, poursuit la même source, les changements ont peut-être déjà atteint la limite supérieure des limites de durabilité économique pour les agriculteurs.
Quoiqu’il en soit, d’après la compagnie d’assurance suisse, « le gouvernement marocain a déjà pris de nombreuses mesures positives, et la réforme des régimes d’assurance des récoltes pourrait également contribuer à maintenir l’assurabilité des zones très vulnérables ».
Le Plan Maroc Vert, lancé en 2008 et suivi par la stratégie Génération Green 2020-2030, a aidé les agriculteurs à moderniser leurs systèmes d’irrigation et à améliorer l’efficacité de la gestion de l’eau, est-il souligné.
Suisse Re suggère toutefois que des mesures supplémentaires sont nécessaires. La compagnie d’assurance suisse recommande d’adopter de nouvelles variétés de cultures, de mettre en œuvre des pratiques de gestion modernes non conventionnelles telles que l’agroforesterie, et d’adapter les régimes d’assurance des récoltes pour mieux tenir compte de l’évolution des risques.