Sur le plateau de ce film tourné au Nouveau-Mexique, la star avait brandi en octobre 2021 une arme censée ne contenir que des balles à blanc mais qui avait tiré un projectile bien réel.
Le tir avait tué la directrice de la photographie Halyna Hutchins, et blessé le réalisateur Joel Souza.
Jeudi, l’avocat de M. Baldwin a essayé de convaincre les jurés que les policiers n’ont pas assez creusé pour remonter aux origines de la tragédie: ils n’ont jamais établi comment des balles réelles, absolument interdites sur un tournage, ont terminé sur le plateau de « Rust ».
« N’est-il pas vrai que vous vouliez juste en finir avec ça, pour que les procureurs puissent se concentrer sur Alec Baldwin? », a-t-il lancé à une experte technique de la police, Marissa Poppell.
« Non », a-t-elle répondu, lors d’un interrogatoire tendu à la barre.
Elle a d’abord assuré que les policiers avaient scrupuleusement ouvert « chaque boîte » de munitions présente sur les lieux du crime, et dans l’entreprise du fournisseur d’armes de « Rust », un certain Seth Kenney.
Mais sous les questions pressantes de l’avocat, elle a finalement modéré ses propos, en estimant que l’inspection avait été d’une qualité « raisonnable ».
« Au lieu d’essayer de trouver la source de la balle mortelle, ils se sont concentrés sur M. Baldwin », a fustigé Me Alex Spiro, avocat de l’acteur.
Outre la balle qui a tué Mme Hutchins, une brillante directrice de la photographie de 42 ans, originaire d’Ukraine, d’autres munitions réelles ont été découvertes sur le plateau.
Elles se trouvaient dans le chariot d’accessoires, et dans les cartouchières des acteurs Alec Baldwin et Jensen Ackles, a raconté Mme Poppell, l’experte policière.
Selon elle, un faisceau d’indices laisse penser que ces balles ont pu être introduites par l’armurière du film, Hannah Gutierrez-Reed. Cela n’a toutefois jamais été clairement prouvé.
L’armurière a écopé de 18 mois d’emprisonnement pour homicide involontaire en avril. La peine maximale, qu’encourt également M. Baldwin, aujourd’hui âgé de 66 ans.
Costume bleu marine et lunettes carrées sur le nez, la star a observé les débats jeudi les bras croisés, d’un air concentré. Personne ne sait s’il compte témoigner au cours du procès, qui doit durer jusqu’au 19 juillet.
L’acteur a toujours expliqué qu’on lui avait assuré que l’arme était inoffensive, et nie avoir appuyé sur la détente.
Une version jugée « absurde » par le parquet, qui l’accuse d’avoir eu un comportement erratique en plateau, en négligeant les règles de sécurité élémentaires.
Jeudi, la procureure Erlinda Ocampo Johnson a convoqué le fabricant italien de cette reproduction d’un pistolet d’époque, pour balayer les doutes.
« La seule façon de tirer avec cette arme est d’appuyer sur la gâchette? », a demandé la magistrate à Alessandro Pietta.
« C’est comme ça qu’il faut faire », a répondu le fabricant.
« Y a-t-il une autre façon de procéder ? », a insisté la procureure. Ce à quoi M. Pietta a opposé un « non » catégorique.
Une expertise de la police fédérale américaine, le FBI, avait conclu que le pistolet n’avait pas pu faire feu sans une pression sur la détente.
Mais la défense la conteste car la police a endommagé certaines parties de l’arme en faisant des tests pour explorer la piste d’un tir intempestif.
Les avocats de M. Baldwin estiment surtout que ce débat n’est pas le coeur du procès, car selon les directives de l’industrie, ce n’est pas aux acteurs de vérifier qu’une arme est bien sans danger.
« Sur un tournage, on a le droit d’appuyer sur la détente », a désamorcé dès mercredi Me Spiro. « Donc même s’il a volontairement appuyé sur la détente, (…) ça ne le rend pas coupable d’homicide. »