Les Bleus n’ont toujours pas marqué sur action de jeu, mais le capitaine, qui avait provoqué le but contre son camp de l’Autriche (1-0) avant de se casser le nez au premier match, a transformé le penalty (56e) consécutif à une faute de Jakub Kiwior sur Ousmane Dembélé.
Il a pris calmement Lukasz Skorupski à contrepied (56e s.p.), et a tout de suite enlevé son masque pour fêter son but devant le demi mur bleu du stade du Borussia Dortmund.
Mais l’égalisation de Robert Lewandowski sur penalty a gâché le plaisir de son retour au tableau d’affichage, son 48e but en 82 sélections.
Car « Kyk’s » a enfin débloqué son compteur dans un Championnat d’Europe à son sixième match, lui qui est déjà à 25 ans le sixième meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du monde avec 12 buts, comme Pelé.
Au précédent Euro, il avait même manqué le dernier tir au but de la série contre la Suisse, précipitant l’élimination des siens dès les 8e de finale (3-3, 5 t.a.b. à 4).
« J’ai pris une baffe à l’Euro avec une compétition ratée », admettait-il sans fard pendant la préparation. C’est « la grosse tâche noire dans mon CV en sélection ».
Le buteur masqué a commencé à se venger, mais il est resté nettement sur la retenue, visiblement trop gêné par son nez cassé et son masque de protection.
En première période, Mbappé a semblé hésiter à jouer les coups à fond, à l’image de cette action où il est à l’arrêt devant la surface (43e).
Une des rares fois où il a pu accélérer, Nicola Zalewski l’a arrêté en lui étirant le maillot pour l’empêcher de partir en contre (24e). Le Polonais a été averti.
Quand il a enfin pu donner son premier vrai coup de rein, lui et Bradley Barcola se sont gênés au moment de frapper et la balle a longé la ligne de but (44e).
Mbappé a réajusté plusieurs fois son masque, qui intensifiait sur son visage la lourde chaleur pesant sur la Ruhr. A la pause fraîcheur (30e), il a aussi échangé avec Antoine Griezmann, qui a commencé sur le banc des remplaçants.
Dans un département offensif encore bien atone, le champion du monde 2018 a été quasiment le seul à cadrer des frappes, mais il a perdu plusieurs face-à-face avec Skorupski (45e, 49e), comme cela lui était arrivé face à l’Autriche.
Mbappé n’était pas à 100% de ses possibilités, mais il avait trop envie de jouer.
Deschamps avait laissé entendre que son capitaine piaffait d’impatience. « L’hématome s’est bien résorbé, il s’est habitué au masque, il a autant envie de jouer » contre la Pologne « qu’il en avait envie contre les Pays-Bas », disait la veille du match Didier Deschamps dans un sourire.
Pendant huit jours frustrants, le sélectionneur et son staff ont accompagné Mbappé, qui montait en régime sur le terrain du SC Paderborn, le camp de base des Bleus.
« J’avais un peu oublié qu’il avait un masque, il a été bon, dangereux », a raconté N’Golo Kanté.
Mais il n’a pas aidé à gagner le match contre la Pologne. Il faudra que Mbappé retrouve plus d’aisance pour le 8e de finale contre le deuxième du groupe E, le plus serré, où Roumanie, Slovaquie, Belgique et Ukraine comptent tous trois points.
Les Bleus auront encore plus besoin de son talent pour la suite éventuelle, maintenant qu’ils sont tombés dans la partie la plus difficile du tableau avec l’Espagne, l’Allemagne et le Portugal…