Effective à partir de ce jeudi 27 juin, cette décision prend le contrepied de la plupart des pronostics d’analystes et institutions qui laissaient présager le maintien du statu quo concernant le taux directeur.
La Banque centrale, qui marque ainsi une inflexion dans sa politique monétaire, se base sur un ensemble de considérations examinées lors de sa deuxième réunion trimestrielle de l’année. Elle souligne notamment des progrès très notables en matière de retour de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix et de préservation de la reprise post-Covid de l’activité économique.
Des résultats obtenus grâce au resserrement calibré de sa politique monétaire, au suivi régulier de la transmission de ses décisions, ainsi qu’aux mesures mises en place par le gouvernement pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages et certaines activités économiques, a expliqué l’institution à l’issue de sa réunion.
Prenant l’exemple de l’inflation domestique, le Conseil de Bank Al-Maghrib a noté qu’après des taux de 6,6% en 2022 et de 6,1% en 2023, « elle est revenue à des taux faibles ces derniers mois, principalement tirée par l’atténuation des pressions d’origine externe et la baisse des prix des produits alimentaires à prix volatils».
Prenant en considération ces réalisations ainsi que la reprise du processus de décompensation, le Conseil prévoit qu’elle devrait terminer l’année en cours sur un taux moyen de 1,5% et s’élever en 2025 à 2,7% ; tandis que sa composante sous-jacente, qui est ressortie à 2,1% en moyenne sur les cinq premiers mois de l’année, devrait rester proche de ce niveau d’ici fin 2025.
Dans un communiqué, Bank Al-Maghrib annonce également que le Conseil a pris note du bon ancrage des anticipations d’inflation telles qu’elles ressortent de son enquête trimestrielle auprès des experts du secteur financier, notant que celles-ci ont enregistré un repli significatif, revenant au deuxième trimestre de l’année à 2,7% pour l’horizon de 8 trimestres et à 2,8% pour celui de 12 trimestres.
Selon le Conseil, qui continuera de suivre de près l’évolution de la conjoncture économique et de l’inflation aussi bien au niveau national qu’international, la croissance économique a connu une accélération passant de 1,5% en 2022 à 3,4% en 2023.
Cette évolution résulte d’une amélioration de 3,5%, après 3,4%, de la valeur ajoutée non agricole, et d’un léger redressement de 1,4%, après une contraction de 11,3%, de celle agricole, a-t-il indiqué estimant qu’à moyen terme, « les activités non agricoles devraient se raffermir à des rythmes de 3,8% en 2024 et de 4,1% en 2025 ».
Ce raffermissement se fera « à la faveur notamment des différents chantiers lancés et programmés, de la poursuite de la dynamique des activités liées au tourisme et de la consolidation de la consommation des ménages en relation avec le repli de l’inflation et les revalorisations salariales », a justifié le Conseil prévoyant, en revanche, que la production agricole resterait tributaire des conditions climatiques.
Sur le plan des comptes extérieurs, après une quasi-stagnation en 2023, les exportations de biens devraient s’améliorer de 4,4% en 2024 et de 8,9% en 2025 ; tandis que les importations augmenteraient en parallèle de 6,1% puis de 9,7%, après un repli de 2,9% en 2023.
Les recettes de voyages devraient, pour leur part, poursuivre leur performance avec des accroissements annuels de 5,8% pour se situer à 117,2 milliards en 2025. De même, les données disponibles laissent présager une poursuite de la tendance haussière des transferts des MRE, avec des améliorations de 1,9% cette année et de 5,3% en 2025 à 123,7 milliards de dirhams.
Prenant en compte les financements extérieurs prévisionnels du Trésor, le Conseil de BAM s’attend à ce que les avoirs officiels de réserve continuent à se renforcer pour atteindre 382 milliards de dirhams à fin 2024 et 395,6 milliards à fin 2025. Ce qui représenterait une couverture avoisinant les 5 mois et demi d’importations de biens et services.
Le Conseil prévoit également une stabilité du déficit budgétaire à 4,4% du PIB cette année et son allègement à 4,1% en 2025.
Alain Bouithy