Novembre 2022: l’ancien Premier ministre Jean Castex prend les rênes de la RATP, traversée par une crise profonde à 20 mois des JO (26 juillet-11 août).
Une pénurie de personnels et une situation sociale tendue du fait de l’ouverture à la concurrence désorganisent la production. Près d’un quart des bus prévus ne circulent pas et, dans le métro, 10% de l’offre n’est pas réalisée.
Un an plus tard, en novembre 2023, la maire de Paris Anne Hidalgo lâche même « on ne va pas être prêts » au sujet de la question cruciale des transports pendant les Jeux.
« L’inquiétude qu’on a pu avoir, c’est sur la capacité des opérateurs à avoir assez de conducteurs », constate avec le recul Laurent Probst, directeur général de l’autorité des transports Ile-de-France Mobilités (IDFM), architecte du plan de transport pendant les JO.
Des campagnes de recrutement massives et des négociations sociales ont permis de rétablir la situation. « On a commencé à gagner en confiance quand on a vu qu’on allait réussir notre plan de recrutement », garantissant des effectifs suffisants pendant la compétition, se remémore Jimmy Brun, porte-parole de la RATP.
« La situation générale des transports ferrés s’est nettement améliorée » ces six derniers mois, insiste-t-il. « On part de plus haut, avec le bon élan », affirme-t-il.
Plus de 40.000 agents seront mobilisés pour faire rouler trains, bus et métros entre le 26 juillet et le 11 août, soit 30% de plus qu’un été classique, selon IDFM.
IDFM travaille depuis huit ans sur le dispositif inédit mis en place pour transporter en moyenne 500.000 spectateurs tous les jours ainsi que 200.000 accrédités, en plus des voyageurs du quotidien.
L’autorité a planché sur un total de 125 « plans B » en cas de défaillance du réseau de transport ferré, d’un décalage des sessions sportives pour raison météorologique ou de blocages des navettes de spectateurs sur la route à cause d’un accident par exemple.
En cas d’incident, « on sera capables en quelques minutes de regarder 125 scenarii, de déterminer lequel est le bon, de l’adapter, puis de le communiquer à la préfecture de police, aux opérateurs, etc », explique Laurent Probst.
« On a jusqu’au 12 juillet pour caler le dispositif », ajoute-t-il. A cette date, l’arrivée des premiers athlètes et accrédités signera le coup d’envoi de l’évènement pour les transports franciliens.
L’inauguration du prolongement de la ligne 14 ce lundi, souvent présentée comme « épine dorsale des Jeux », constitue aussi un marqueur important, à un mois de la cérémonie d’ouverture.
Signe de l’importance de l’infrastructure, qui desservira le village des athlètes et le stade de France au nord, mais aussi l’aéroport d’Orly au sud, Emmanuel Macron sera présent.
Une ombre demeure: les conséquences politiques des législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet.
« L’irruption de la politique dans l’organisation de ces Jeux n’est pas une bonne nouvelle », a déploré la présidente d’IDFM Valérie Pécresse cinq jours après la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Macron.
Elle a appelé à une « trêve olympique », espérant ne pas voir « des mouvements sociaux à quelques jours des Jeux liés » au contexte politique: « Les querelles politiques peuvent attendre et peuvent être suspendues pendant deux mois ».
Elle a également réclamé « de la continuité » à la tête de la RATP alors que l’avenir de Jean Castex dépendra de la majorité sortie des urnes le 7 juillet.
Il doit en effet être auditionné par les commissions compétentes de l’Assemblée nationale et du Sénat avant d’être reconduit puisqu’Emmanuel Macron l’a proposé pour un deuxième mandat. L’actuel prend fin le 23 juillet.
D’après son entourage, l’ex-Premier ministre a accueilli la nouvelle de la dissolution avec « sidération ». En attendant, il devrait être prolongé en intérim pour au moins passer la période des Jeux.