L’Afrique dispose d’un potentiel éolien estimé à 59.000 gigawatts (GW), soit environ 90 fois la capacité globale actuelle, outre le solaire. Ce potentiel couvrirait 250 fois la demande énergétique du continent, où 600 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité. D’où la nécessité d’investir davantage dans les énergies renouvelables. Grille de lecture.
Près de 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité au même moment les énergies renouvelables offrent au continent la possibilité de s’attaquer à la pauvreté énergétique tout en réalisant ses objectifs climatiques.
L’Afrique dispose également d’un potentiel éolien estimé à 59.000 gigawatts (GW), soit environ 90 fois la capacité globale actuelle, selon les données du Conseil mondial de l’énergie éolienne. Ce potentiel couvrirait 250 fois la demande énergétique du continent. Il y a donc un hic quelque part.
C’est ce paradoxe que met en lumière le rapport de l’expert Olivier de Souza, qui suit au quotidien l’actualité du secteur africain des hydrocarbures. Intitulé : « Pourquoi l’Afrique n’attire pas assez d’investissements dans les énergies renouvelables », le document rappelle que l’Afrique possède l’un des plus importants potentiels au monde en matière d’énergies renouvelables.
A titre d’exemple, le continent bénéficie de niveaux élevés d’ensoleillement. D’après la Banque Mondiale, des pays tels que la Namibie, l’Egypte, le Botswana, le Maroc, le Soudan, le Mali et le Niger figurent parmi les pays affichant les taux d’irradiation solaire les plus élevés au monde. Le Royaume tire son épingle du jeu.
Pourtant, malgré ses abondantes ressources solaires et éoliennes, l’Afrique ne capte que 3% des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables, en raison notamment du coût élevé du capital lié aux taux d’emprunt exorbitants consécutifs à une perception du risque défavorable.
Car le continent n’attire qu’une infime partie des investissements dans les énergies renouvelables enregistrés à l’échelle mondiale malgré une demande énergétique sans cesse croissante dans un contexte de forte croissance démographique.
Résultat : les taux d’intérêt appliqués sur les emprunts souverains en Afrique du Sud, au Kenya, au Ghana et au Nigeria varient entre 7,75% et 29,5%. Dans les pays de l’OCDE, le taux d’intérêt moyen des emprunts souverains est passé de 1% en 2021 à 4% en 2023. D’après le think tank Energy For Growth Hub, l’énergie solaire non subventionnée coûte jusqu’à 140% de plus au Ghana qu’aux États-Unis, uniquement en raison des différences de coût du capital.
Ce constat a été confirmé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui a révélé dans son rapport « Financing Clean Energy in Africa » que le coût du capital pour les projets d’énergie propre à grande échelle sur le continent est au moins deux à trois fois plus élevé que dans les économies avancées. D’où il est impératif que les dirigeants africains revoient leurs politiques en matière d’attractivité et de financements dans les énergies renouvelables.
Pour ce faire, les Etats africains doivent mettre en place des incitations fiscales pour encourager l’adoption de nouvelles sources d’énergie. Car dans plusieurs pays, les technologies liées aux énergies renouvelables ne bénéficient pas, par exemple, d’exonérations de droits de douane et d’impôts. Ce qui permettra aux entreprises locales de s’intéresser au secteur des énergies renouvelables.
A ce sujet, l’auteur du rapport révèle que les investissements annuels moyens dans les énergies renouvelables en Afrique sont passés de moins de 0,5 milliard de dollars sur la période 2000-2009 à 5 milliards de dollars sur la période 2010-2020, avant de grimper à 10 milliards de dollars entre 2019 et 2023. Or, en moyenne, les besoins d’investissements annuels dans les énergies renouvelables sur le continent sont estimés à 100 milliards de dollars entre 2024 et 2030, d’après l’institut allemand Climate Analytics.
Pour lever ces handicaps, les politiques basées sur les quantités doivent fixer des objectifs d’intégration des énergies renouvelables dans le mix énergétique et s’appuyer sur des systèmes d’enchères ou des dispositifs de flexibilité tels que les certificats verts.
Tout naturellement, les partenariats public-privé (PPP) offrent un potentiel significatif pour stimuler les investissements dans le secteur, au regard de leur capacité à fournir un soutien financier significatif et à encourager la collaboration entre les acteurs étatiques et privés.
D’ailleurs, d’ici à 2030, le secteur privé est appelé à financer plus de la moitié des investissements énergétiques en Afrique, selon un scénario de l’AIE, contre un peu plus de 40% en 2023. A cet horizon, outre d’importantes ressources hydroélectriques, plus d’un quart de la production électrique du continent pourrait provenir du solaire et de l’éolien. Soit huit fois plus qu’en 2020.