L’armée israélienne a bombardé la bande de Gaza vendredi pendant que les échanges de tirs avec le Hezbollah à la frontière nord d’Israël avec le Liban et les menaces brandies par les deux camps font craindre une extension de la guerre.
Des bombardements israéliens ont visé tôt vendredi le territoire palestinien assiégé, où la guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du mouvement islamiste sur le sol israélien.
Ce conflit, qui a fait des dizaines de milliers de morts dans la bande de Gaza, a provoqué une flambée de violence à la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs entre l’armée et le Hezbollah libanais, un mouvement islamiste allié du Hamas, se sont intensifiés récemment.
Pendant la nuit, l’armée a dit avoir intercepté une « cible aérienne » lancée depuis le Liban et des médias ont fait état de frappes israéliennes sur le sud du Liban.
A l’heure où les relations se crispent entre la Maison Blanche et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s’est entretenu à Washington avec des responsables israéliens. Il a « réitéré l’engagement sans faille des Etats-Unis pour la sécurité d’Israël », selon son porte-parole Matthew Miller.
M. Blinken a aussi souligné « l’importance d’éviter une nouvelle escalade au Liban » par le biais d’une « solution diplomatique permettant aux familles israéliennes et libanaises », déplacées par les échanges de tirs, « de rentrer chez elles », a ajouté M. Miller.
M. Netanyahu avait affirmé jeudi qu’Israël menait « une guerre pour son existence » et avait besoin des armes des Etats-Unis, son allié historique, après avoir déploré mardi des retards dans l’aide militaire américaine.
« Aucun autre pays ne fait plus pour aider Israël à se défendre contre la menace du Hamas », a répondu le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby.
Dans un discours incendiaire mercredi, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait averti qu' »aucun lieu » en Israël ne serait épargné par les missiles de son mouvement en cas d’attaque israélienne contre le Liban.
La veille, l’armée israélienne avait annoncé que « des plans opérationnels pour une offensive au Liban » avaient été « validés ». Le chef de la diplomatie, Israël Katz, avait menacé d’une « guerre totale » dans laquelle le Hezbollah serait « détruit ».
M. Nasrallah a également menacé Chypre, le pays de l’Union européenne le plus proche des côtes du Moyen-Orient, s’il mettait à disposition d’Israël « des aéroports et des bases » en cas d’attaque.
Comme en Israël, ces menaces ont provoqué l’inquiétude au Liban, où le Hezbollah, armé et financé par l’Iran, exerce une influence prépondérante.
« Le Liban ne veut pas d’une guerre. Nous sommes fatigués, il y a la situation économique, et en plus une guerre. Nous ne pouvons pas continuer comme cela », a déclaré Sofinar, une habitante de Beyrouth.
« On ne sait pas si cette histoire se terminera par une guerre ou un accord », a souligné Shimon Kamari, un habitant de Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël.
« Il est crucial que toutes les parties cessent les tirs », a lancé la coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert.
La guerre à Gaza a éclaté le 7 octobre, quand des commandos du Hamas ont mené une attaque dans le sud d’Israël qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 41 sont mortes, selon l’armée.
En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l’Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 37.431 morts, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
L’armée israélienne a annoncé vendredi la mort au combat de deux soldats, qui porte à plus de 310 le nombre de militaires tués depuis le début des opérations terrestres le 27 octobre.
La guerre a provoqué un désastre humanitaire dans le territoire palestinien, où l’aide internationale reste très insuffisante face aux besoins immenses de la population.
L’Organisation mondiale de la santé a affirmé vendredi que la pause quotidienne annoncée par l’armée sur une route du sud, et présentée comme un moyen de faciliter l’entrée de l’aide par le point de passage israélien de Kerem Shalom, n’avait eu « aucun impact ».
L’entrée de l’aide humanitaire « a été minime », a souligné Jens Laerke, le porte-parole de l’Office de coordination des situations d’urgence de l’ONU.
Vendredi, des bombardements et des tirs de chars et d’artillerie ont visé la ville de Rafah, dans le sud, ainsi que plusieurs secteurs du nord et du centre du territoire, dont le camp de Nousseirat et les environs de Deir el-Balah.
Le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Basal, a indiqué que « cinq corps d’employés municipaux avaient été retrouvés sous les décombres » d’un bâtiment municipal bombardé dans le centre de la ville de Gaza, dans le nord.
L’armée a indiqué que les combats au sol se poursuivaient dans le secteur de Rafah.
Un site de lancement installé dans une zone abritant des déplacés près de Khan Younès « a été ciblé par une frappe aérienne » jeudi soir, a ajouté l’armée, soulignant que « plusieurs mesures avaient été prises pour limiter les dommages causés aux civils ».
« Nous ne quitterons pas Gaza avant que les otages ne soient tous revenus et avant d’éliminer les capacités militaires du Hamas », a réaffirmé jeudi Benjamin Netanyahu, très critiqué dans son pays pour ne pas avoir obtenu la libération de tous les otages.