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Maroc – UE : Un chantier de décarbonation fructueux… sous conditions ! [INTÉGRAL]

Maroc – UE : Un chantier de décarbonation fructueux… sous conditions ! [INTÉGRAL]

Les vingt-sept se félicitent du Partenariat Vert Maroc-UE. En témoignent les déclarations faites, mardi, par Jean Christophe Filori, qui prône plus de dynamisme pour accélérer le chantier de décarbonation.

Le Maroc présente des vulnérabilités climatiques importantes qui s’expliquent par sa position géographique, sa structure topographique et la nature de son couvert végétal. Les changements dans les régimes de précipitations et la sécheresse, l’augmentation des températures moyennes et les vagues de chaleur, les inondations et l’élévation du niveau de la mer qui affectent de plus en plus les régions, témoignent des conséquences du changement climatique sur le Royaume. Cherchant à lutter contre ce fléau, le Maroc entend contribuer aux efforts mondiaux en poursuivant une transition rapide vers une économie résiliente et sobre en carbone, tout en renforçant l’équité et les progrès vers les objectifs de développement durable (ODD). Mais, outre l’aspect purement environnemental, la transition vers une économie décarbonée n’est plus un luxe et l’Europe, premier partenaire du pays, a commencé dès octobre dernier à déployer son mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF). Le chef de coopération à la délégation de l’UE, Jean Christophe Filori a  applaudi, d’ailleurs, la réactivité du Royaume, lors d’une conférence organisée par la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD).
 
« Le Maroc a pris à cœur l’urgence climatique comme en témoigne ses engagements exemplaires, notamment sur l’adhésion aux objectifs de l’accord de Paris de 2015 », a-t-il ajouté lors de l’événement tenu sous le thème « La décarbonation, enjeux et procédures pour les entreprises marocaines », notant que « c’est pour cela que le Maroc et l’Union Européenne (UE) se sont engagés à travailler ensemble ». Il a ainsi souligné l’importance majeure du partenariat vert bilatéral, « le premier du genre au monde », conclu en soutien aux réformes entreprises par le Royaume dans les domaines des énergies renouvelables et nouvelles. Car oui, les entreprises exportatrices qui traînent en matière d’économie verte payeront, sans doute, de lourdes factures aux Etats. Outre l’action gouvernementale pour promouvoir cette démarche, l’Association Marocains des Exportateurs (ASMEX) a également lancé une série d’initiatives en amont pour préparer le tissu économique national. « L’ASMEX accorde une grande attention aux restrictions imposées par les marchés en matière de réduction des émissions de CO2, et alerte ses membres pour s’y préparer à l’avance afin de leur permettre d’éviter, dans la mesure du possible, tout blocage et toute perte de compétitivité », nous indique Hassan Sentissi El Idrissi, Président de l’Association, notant que cette dernière a créé une Commission dédiée aux Energies Vertes qui organise des actions de sensibilisation à travers les régions du Maroc afin de proposer des solutions en matière de décarbonation à travers le recours aux énergies propres.
 
Chantier fructueux
 
Le Partenariat Vert Maroc-UE, lancé en 2021, constitue un cadre de coopération pour accompagner la transition vers des modes de production et de consommation plus durables, pour faire face ensemble aux défis de la transition écologique et de l’urgence climatique, tout en soutenant les efforts de croissance. Selon Filori, ce partenariat a permis, depuis, d’engager un dialogue technique et politique « fructueux avec les autorités marocaines sur l’ensemble des thématiques vertes dans le cadre par exemple d’ateliers concrets qui rassemblent des acteurs et des décideurs politiques et des associations ». Dans ce même sillage, un nouveau programme d’appui budgétaire, en soutien à l’économie verte, notamment la décarbonation de l’industrie marocaine, était en cours de formulation, apprend-on de même source.
 
Ceci dit, le chef de coopération à la délégation de l’UE a affirmé que la neutralité carbone nécessite des financements mais surtout des idées, de l’énergie et de la mobilisation de tous pour construire ensemble un futur durable et une transition juste vers une société inclusive.
 
Un point partagé par le directeur de la BERD au Maroc, Antoine Sallé de Chou, qui déclare que leurs actions aux Royaume prennent leur rythme de croisière, ce qui reflète la dynamique très positive que l’on voit au niveau de l’économie et de l’investissement. Cette dynamique touche les différents secteurs dont l’industrie, l’énergie renouvelable mais aussi les PME, qui constituent une grande priorité, a-t-il insisté.
 
Par ailleurs, il est à noter que le grand défi aujourd’hui que le Maroc devrait relever concerne la verdisation des secteurs des transports, de la production d’électricité et du résidentiel qui sont les trois secteurs clés pour la décarbonation du mix énergétique du Maroc. Les émissions totales de gaz à effet de serre (GES) liées à l’énergie du Royaume atteindraient 163 Mt- CO2eq en 2050, si les actions du Maroc demeurent dans le statu quo. Le secteur des transports représenterait à lui seul 55 % des émissions totales de GES liées à l’énergie. Les émissions de ce secteur peuvent être réduites à 31 MtCO2eq et 15 MtCO2eq d’ici 2050 respectivement, notamment par une électrification accrue des usages finaux de ce secteur.
 
Souhail AMRABI
 

3 questions à Hassan Sentissi El Idrissi : « Nous sommes obligés de décarboner pour continuer à exporter vers l’Europe en 2026 »
L’ASMEX est mobilisée pour organiser des ateliers sur la décarbonation au profit des exportateurs marocains. Quels sont les enjeux liés à cette mobilisation ?
 
En effet, nous travaillons à maintenir notre positionnement dans le marché de l’Union Européenne en préparant la décarbonation, et cela, en accompagnant les exportateurs marocains dans le cadre de la transition environnementale amorcée dans notre pays. Cette transition est un enjeu qui sera également déterminant à partir de l’année 2026, lorsque le commerce avec l’UE (qui représente actuellement près de 62% des exportations de notre pays) sera strictement conditionné aux efforts de décarbonation entrepris par les producteurs-exportateurs.
 

Quelles sont les activités que l’ASMEX organise pour accompagner et encourager cette décarbonation ?

 
L’ASMEX a pris les devants à travers un programme de sensibilisation que nous déployons dans toutes les régions du Maroc. Avec nos partenaires et experts, nous avons déjà organisé plusieurs rencontres, notamment à Fès, Tanger, El Jadida, et plusieurs autres villes et régions. Ces rencontres font l’objet d’un grand intérêt de la part des exportateurs et des hommes d’affaires marocains qui sont très nombreux à s’y inscrire et à participer.
 

Pensez-vous que la conformité des exportateurs marocains aux exigences de décarbonation de l’UE sera atteinte d’ici 2026 ?

 
Nous sommes obligés d’y arriver, autrement, il ne sera plus possible d’exporter vers l’Europe en 2026. D’ailleurs, cela fait près de trois ans que nous travaillons déjà dans ce sens. Nous mettons en place l’appui technique nécessaire et d’autres parties prenantes œuvrent également à contribuer à la réussite de cette transformation. C’est le cas de la CGEM par exemple ou encore du secteur bancaire qui a développé des lignes de crédits dédiés pour accompagner et faciliter cette transition. Nous sommes confiants que le défi de la décarbonation sera relevé, car il s’agit d’un enjeu de compétitivité qui est atteignable, mais également en totale conformité avec les orientations nationales et l’intérêt public.

Stratégie bas carbone : Les grandes ambitions du Royaume
Avec son engagement de réduire ses émissions de GES de 45,5% à l’horizon 2030, le Maroc est parmi les rares pays signataires de l’Accord de Paris à respecter, dans sa Contribution Déterminée au Niveau National (CDN), l’objectif de limiter à 1,5ºC l’augmentation des températures d’ici 2100. Sur le volet transition énergétique, le Maroc ambitionne d’augmenter la part des énergies renouvelables dans la puissance globale installée à 52%, et de réduire la consommation d’énergie de 20%, à l’horizon 2030.

Pour ce faire, le Royaume qui prépare sa Stratégie de développement bas carbone à l’horizon 2050, indique qu’il compte procéder à l’accélération du développement des énergies renouvelables pour une électricité décarbonée. A cela s’ajoute l’augmentation de l’électrification des usages dans l’industrie, le bâtiment et le transport. L’encouragement de l’économie circulaire et la réduction et la valorisation des déchets, sont également prévus dans la feuille de route nationale.

Taxe carbone : Mezzour appelle les entreprises industrielles à accélérer la cadence
Lors de de la 7ème édition des Rencontres Internationales de la RSO, organisé en février dernier à Casablanca, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, n’y est pas allé par quatre chemins. Il a appelé les entreprises industrielles à prioriser la responsabilité environnementale, en réorientant leurs stratégies en réponse à la mise en place de la taxe carbone. Mezzour a insisté sur l’importance d’accélérer ce processus de décarbonation qui constitue non seulement un challenge pour les exportations, mais également une opportunité cruciale pour renforcer le « Made in Morocco ».
 
Afin de parvenir à une décarbonation efficace, les entreprises industrielles doivent prioriser l’utilisation d’énergies à faible empreinte carbone, telles que l’électricité renouvelable, dans leurs opérations et leurs processus de production, a-t-il recommandé du fait que les objectifs de la décarbonation s’imposent de plus en plus fermement aux industriels et deviennent un critère de choix pour leurs clients.

Dans une déclaration similaire, Hassan Sentissi, Président de l’ASMEX (voir 3 questions à…), avait souligné que l’obstacle majeur qui s’oppose dans ce chantier, particulièrement pour les PME, est le financement. L’ASMEX a pris ce facteur en compte en s’associant à des partenaires apportant et les solutions technologiques et les financements nécessaires. « Nous avons déjà proposé des solutions innovantes pour les industrielles, et nous cherchons d’autres solutions économiques proposées par des opérateurs bancaires internationaux afin que les entreprises marocaines puissent accéder à l’utilisation des énergies propres », a rassuré Sentissi.