Il y a quelques jours, la ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville a créé la polémique en affirmant que les habitants des régions touchées par le tremblement de terre peuvent louer des maisons en attendant la reconstruction de leurs demeures ou rester dans des tentes provisoirement. «Chaque famille reçoit un montant de 2.500 dirhams de soutien mensuellement et a le choix entre louer un logement ou rester sur place dans des tentes », a-t-elle souligné. Cette réponse sidérante a laissé pantois les associations de la société civile qui considèrent qu’elle ne reflète pas la réalité.
Pour Ahmed Bernoussi, président de Transparency Maroc, l’objectif de l’observatoire, lancé avec l’appui de l’Institut Heinrich Böll Stiftung, est justement de traiter ce genre de problématiques pouvant être soulevées lors de la mise en œuvre du programme gouvernemental de reconstruction des zones sinistrées.
Selon lui, les autorités marocaines ont consacré un budget de 120 milliards de dirhams pour financer le programme de reconstruction s’étalant sur 5 ans, faisant savoir que Transparency Maroc veillera avec de nombreuses associations actives présentes dans les zones concernées, à collecter, analyser et diffuser l’information au grand public.
« L’observatoire est un mécanisme de veille pour éviter tout manquement à l’obligation de transparence et à la bonne gouvernance, plaidant pour la transparence des marchés publics conclus dans le cadre du programme gouvernemental de reconstruction et l’utilisation efficace et transparente des fonds publics», a assuré Ahmed Bernoussi.
Il a toutefois mis un bémol, Transparency Maroc n’entend pas se substituer aux instances administratives et aux organes de contrôle, qu’il s’agisse du Conseil de la concurrence, de la Cour des comptes ou des inspections des différents départements ministériels.
Certains ont critiqué le retard enregistré au niveau du lancement de l’observatoire. Ali Lahlou, membre du bureau exécutif de l’association, a souligné que «la conception et la réalisation de ce projet nécessitent un financement adéquat pour assurer son succès, ainsi que des procédures administratives, et la réalisation d’un état des lieux pour définir les principaux axes sur lesquels il va se baser». Et d’ajouter : «Il n’y a aucun retard, car le programme gouvernemental s’étale sur 5 ans, c’est-à-dire que nous sommes au début de sa mise en œuvre».
Ce programme vise, selon Transparency Maroc, à classer les informations collectées de différentes sources (administrations, presse, institutions spécialisées, associations professionnelles, société civile…), en vue de les traiter, les analyser et les diffuser au grand public.
En ce sens, Ali Lahlou a assuré que l’observatoire va mettre à la disposition du réseau des associations de la société civile un système informatique en vue de recevoir les informations collectées sur le terrain.
Transparency Maroc vise également à ouvrir un débat public continu sur les questions de la transparence et de l’éthique, à alerter sur les risques de déviation et de corruption dans le programme de reconstruction et de réhabilitation des zones sinistrées, conformément aux textes législatifs et dispositions réglementaires régissant le programme et les conditions d’octroi et d’exécution des marchés publics.
«Notre objectif est de contribuer à détecter d’éventuels dysfonctionnements et irrégularités dans la mise en œuvre du programme gouvernemental. Notre démarche est essentiellement proactive afin d’y remédier en amont », a fait savoir Ahmed Bernoussi.
Mourad Tabet