Le nombre de ménages qui n’accomplissent pas le sacrifice de l’Aïd Al-Adha est en constante évolution, passant de 4,7 % en 2014 à 12,6% en 2022, selon le Haut Commissariat au Plan (HCP)
Aïd Al-Adha est la fête religieuse la plus importante pour les Marocains sur le plan virtuel. Pourtant, une bonne partie d’entre eux ne cherche pas à tenir le mouton par les cornes au vu de la charge financière lourde que présente cette fête dans un contexte inflationniste marqué par la cherté de la vie. En témoignent les données du Haut Commissariat au Plan (HCP), selon lesquelles 12,6% des ménages marocains n’accomplissent pas ce rituel pendant l’Aïd Al-Adha contre 4,7% en 2014, et ce, en raison de ses implications financières en hausse graduelle.
A vrai dire, le rituel du sacrifice, souvent coûteux, représente une charge importante pour les ménages, malgré les mesures prises par le gouvernement pour rendre les bêtes dédiées au sacrifice plus accessibles à tous les budgets. En effet, cette augmentation du nombre de ménages ne participant pas au sacrifice demeure principalement observée parmi les citadins. Ceci dit, les habitants du milieu urbain sont plus enclins à ne pas faire le sacrifice comparé aux ruraux, soit 14,3% contre 8,7%, représentant une progression de 10 points par rapport au 2014, détaille le HCP dans une note récente portant sur les dépenses et pratiques du rituel de l’Aïd Al-Adha,
En plus des citadins, près de 56,4% des ménages composés d’une seule personne ne participent pas au rituel du sacrifice, contre 46,5% en 2014. Cette proportion est de 5,5% pour les ménages composés d’au moins six personnes, contre 0,8% en 2014. Le HCP relève, par ailleurs, que la participation au rituel du sacrifice est inversement proportionnelle au niveau de vie du ménage et au niveau d’instruction de son chef. Ainsi, près de 25,1% des ménages appartenant aux 10% les plus aisés n’effectuent pas le sacrifice à l’occasion de l’Aïd, contre 7,8% parmi les 10% les plus pauvres.
De plus, cette abstention passe de 20,1% pour les ménages dirigés par une personne ayant un niveau d’éducation supérieur à 11,7% pour ceux dirigés par une personne sans instruction. D’ailleurs, une étude menée par le ministère de l’Agriculture conforte les résultats de l’enquête du HCP au sujet de l’Aïd Al-Adha. Ladite enquête a révélé que 12,5% des ménages marocains n’ont pas accompli le sacrifice de l’Aïd en 2023, contre 87,5 qui l’ont accompli, dont 94% proviennent du milieu rural.
30% de la dépense globale des ménages
Par type d’animaux sacrifiés pour l’offrande, 95,6% des ménages optent pour les ovins, 4,3% pour les caprins et 0,1% pour les bovins. En outre, le HCP soutient que le sacrifice des caprins est plus enregistré parmi les ménages ruraux, avec 7,4% contre 2,8% en milieu urbain et parmi la catégorie des 10% des ménages les moins aisés avec 8,5% contre 2,7% pour les 10% des ménages les plus aisés.
En termes de dépenses, le HCP souligne que le sacrifice de l’Aïd Al-Adha représente près de 30% de la dépense globale des ménages marocains dédiée annuellement à la consommation des viandes. Cette part est de 41 % chez les ménages des 10% les moins aisés et de 23% chez ceux des 10 % les plus aisés. Par ailleurs, la consommation annuelle moyenne totale des viandes, y compris les viandes rouges et les viandes blanches, chez le ménage marocain est estimée à 141 Kg, dont 55,8 Kg de viandes rouges.
De ce fait, la quantité des viandes issues du sacrifice de l’Aïd Al-Adha s’est établie en moyenne à 22,8 Kg par ménage, ce qui représente près de 41% de la quantité annuelle des viandes rouges consommée par les Marocains. Cette proportion reste identique dans les deux milieux de résidence, atteignant 65,4% pour les 20% des ménages les moins aisés et 31,3% pour les ménages les plus aisés.
Il est à noter que l’Aïd précédent avait vu l’abattage de 6 millions de têtes, dont 5,5 millions d’ovins (soit 92%) et 510.000 caprins (8%). Le nombre de bêtes importées destinées au sacrifice s’élevait à 120.000 têtes, soit 2,1%, selon le ministre de tutelle, Mohammed Sadiki.