Les Trophées Marocains du Monde (Marrakech, 26-23 mai) ont de nouveau enlacé la réussite de compatriotes expatriés et forts en thèmes dans les domaines qui sont les leurs. Différentes branches réussissent à mettre au diapason un jury ébahi. Sous l’impulsion du créateur de l’évènement, Amine Saad, et de sa battante moitié Amal Daoud, la force de frappe ne pouvait rater sa cible. Récit aérien d’un séjour beau comme un lendemain de récupération.
Le Marrakech indoor comprend aujourd’hui et depuis six ans que quelque chose de déterminant se tient dans ses murs. Les différents talents de la diaspora marocaine ne se mettent en vedette que grâce à un évènement privé qui s’efforce à mettre en scène des lumières prêtes à faire exploser les spots de par leurs relatives spécialisations. Femmes et hommes -chaque année différentsviennent déployer leur savoir acquis et fructifié ailleurs, à l’insu troublant de l’officialité locale. Ils viennent, chantent leur amour pour leur pays d’origine, échangent et tissent des liens d’avenir avec des compatriotes qui ne relèvent pas forcément de leurs départements respectifs, mais prêts à collaborer sous différents drapeaux, le leur, historique, en première ligne. Ils sont là pour recevoir ou non des trophées, ils sont là pour communier et communiquer. Les catégories de compétition diffèrent mais jamais la claque qui les fait vibrer. A les voir évoluer dans les dédales de cet hôtel historique qu’est Essaadi, on les croit dans leur deuxième chez eux, l’ultime n’étant jamais défini pour ces boursouflés de rêves, heureux de rester là où ils réussissent. Le Maroc ne leur parle pas, Les TMM si.
Au flair des compétences
Mais que font ces Trophées Marocains du Monde ? Le bonheur de ceux qui y participent et la curiosité des invités qui découvrent et se découvrent à travers de lointains compatriotes, lointains par la force qu’ils mettent au service de leurs propres ambitions, lointains sans revendication aucune auprès d’oublieux ou d’incultes décideurs qui ne les évoquent que comme une source inépuisable d’apports en devises. Mais les TMM sont là pour parler plus réussite qu’importation de richesse souvent acquise avec douleur et abnégation. Ces Trophées ne se limitent pas qu’à la remise de prix jaugés par un parterre de jurés sélectionnés au flair des compétences, ils sont également des moments de convivialité et de discussions à élans ininterrompus lors de déjeuners ou de dîners précédant le fatidique rendez-vous des annonces et de la célébration. Dans le lot, il y a de la valeureuse animation. Cette année, c’est la doucereuse Joudia (lauréate de Studio 2M 2004) qui s’occupe de rythmer interventions et hommages brodés par l’organisation. De Piaf au grands classiques américains ou français en passant par des chants arabes, la Marrakchia éblouit en faisant son retour sur scène après quelques années de retrait. Mais il y a d’autres jeunes femmes au palmarès de cette édition telle la rifaine de Beni Chiker, la femme politique franco-marocaine Najat Vallaud Belkacem. Heureuse d’être aux TMM, elle sautille de joie gardant les pieds sur terre. Elle n’est pas la seule rifaine dans ce déversement de convivialité. D’autres femmes viennent de ce multiple ailleurs, y sont nées ou y ont leurs racines. Disons que cette année, les Trophées Marocains du Monde se laissent prendre par le Nord, sans perdre le Sud. Et puis voilà. La frappe des TMM 2024 démarre avec une rare rencontre, celle mettant en vedette la chimiste de formation, Ilham Kadri, CEO de Syensqo et ancienne de Solvay (Belgique), grande dame de 55 ans à ne rencontrer qu’en montrant patte blanche.
Lapalissade formulée avec vigueur
Les rencontres se suivent et ne se ressemblent pas. Chacun ses ressources et ses perspectives. A ne juger que par la panoplie des catégories mises sur le tapis des jurés qui ne brandissent leurs jokers que par inadvertance. Et ça chauffe pourtant. Entre entreprise, art et culture, sport, économie, recherche scientifique, société, politique… les avis des uns et des autres départagent les nommés non sans peine. Une lapalissade que le propos ainsi formulé tient à souligner avec vigueur, puisqu’à chacune des interventions des membres du jury cette même musique revient avec insistance. Mais bon, Rachid M’Barki, maître de cérémonie, est là pour enchaîner, donner plus d’espace à la remise des prix ou appeler Joudia pour stimuler autrement les émotions. Et les détenteurs des titres sont quelque part dans cette liste : Khalil Amine pour la recherche scientifique, issu de l’Argonne-USA ; Habib Dechraoui, fondateur du festival Arabesques pour le rayon culturel ; Aicha Less, première maroco-britannique élue municipale à Londres ; Fatima Zibouh, entrepreneure sociale en Belgique ; Hasnaâ Ferreira, fabricante de chocolat artisanal en France ; l’escrimeur évoluant en France, Houssam Elkord. Ainsi va cet évènement qui nous rappelle, une fois l’an, que le Maroc s’exprime au-delà de ses frontières avec la rage de s’imposer corps et âme, oubliant amnésiques ou désertiques d’esprit.