Il y est décédé, apparemment d’un suicide au lendemain du décès de son épouse, Annie, avec laquelle il était marié depuis 60 ans.
Au début des années 60, sa mère lui achète une librairie qu’il transforme en boutique de disques d’occasion. Elle devait devenir un rendez-vous d’artistes, fréquenté par César, Arman et d’autres. Ce magasin-musée sera transféré au Centre Pompidou, à Paris, en 1972.
Ben se revendiquera de Fluxus, mouvement avant-gardiste né en 1962 et inspiré du « ready made » de Marcel Duchamp, qui s’est employé à désacraliser l’art.
Cet arrière petit-fils du peintre suisse Marc Louis Benjamin Vautier, exposé au MoMA à New York, est connu du grand public par ses « écritures », des maximes écrites avec une graphie enfantine et déclinées sur divers supports.
Ben défend la présence de l’art dans la vie quotidienne, sur les objets les plus banals, avec à chaque fois une pincée d’humour. Insolent, chaleureux et amical, il multiplie les performances: « gestes », installations, signatures, pour choquer, interpeller, contredire, faire réfléchir aussi. Et appose sa signature sur les tableaux des autres et jusque sur la peau de sa fille, Eva. En sortant du « cadre protégé des musées », en refusant de voir l’art comme le fruit d’une formation et d’un talent, Ben a irrité nombre d’artistes qui le considéraient comme un opportuniste, usurpant le titre d’artiste Ses formules sont tracées d’une écriture arrondie, souvent à la peinture blanche sur fond noir, et semblent au premier abord sorties de la tête d’un écolier potache. Mais elles bousculent les certitudes installées de l’art contemporain: « A quoi sert l’art? », « Le nouveau est-il toujours nouveau? », « Que faites-vous ici? », ou « Mon plus grand soucis, c’est moi » (avec une faute d’orthographe)…
L’électron libre fera « art de tout », collectant par exemple des cageots de légumes pour peindre dessus des phrases entendues sur les marchés.
« Mon art sera un art d’appropriation. Je cherche à signer tout ce qui ne l’a pas été. Je crois que l’art est dans l’intention et qu’il suffit de signer », s’amuse-t-il, détrônant l’œuvre de son piédestal.
Selon lui, les artistes étaient préoccupés par leur ego, et c’est une manière normale de s’exprimer, d’imprimer sa marque, d’exister au monde. « Mon territoire est actuel pour toutes les écoles d’art: c’est l’étude de l’ego. Est-ce qu’on peut faire autre chose que de l’ego » dans l’art?
Sa création avait débuté dans les années 50 « où se posait la question +qu’est-ce qu’une oeuvre d’art?+ Et il déclare oeuvre d’art des choses qui n’en étaient pas », expliquait Andres Pardey, directeur délégué du Musée Tinguely de Bâle (Suisse).
Cet art de l’affichage dans la rue, de l’ironie provocatrice a fait des émules.
Pour Andres Pardey, « Ben est son propre iconoclaste. Il détruit son oeuvre par son oeuvre », manifestant ainsi que l’art peut être éphémère. « Si j’étais critique d’art, j’esquinterais Ben », disait l’artiste.
En sortant du « cadre protégé des musées », en refusant de voir l’art comme le fruit d’une formation et d’un talent, Ben a irrité nombre d’artistes qui le considéraient comme un opportuniste, usurpant le titre d’artiste.
Celui qui s’assoit sur une chaise en pleine rue, un écriteau au cou avec la mention: « Regardez-moi cela suffit » ou appose sur la Promenade des Anglais, à Nice, sa signature sur la peau de passants (avec leur consentement), voit ses « gestes » comme autant d’oeuvres d’art.
Il se vantait de « créer un film qui va s’appeler +Il ne se passe rien+ ». « C’est du non-art, de l’anti-art ».
Ben se défendait de ne pas avoir de message. « Je ne suis pas une machine à fric, mais une machine à communiquer », disait-il, assurant être toujours dans « une recherche philosophique » sur les « limites de l’art ».