Donald Trump a été reconnu coupable jeudi de l’ensemble des chefs d’accusation à son procès pénal à New York pour des paiements dissimulés à une star de films X, un séisme pour l’ex-président américain en pleine course à la Maison Blanche. Détails.
Le verdict prononcé à l’égard de Donald Trump n’empêche pas le milliardaire républicain de 77 ans d’être candidat à la présidentielle de novembre, face au démocrate Joe Biden, même en cas de condamnation à une peine de prison.
L’ancien président républicain est resté stoïque, les épaules basses, dans la salle d’audience après la lecture du verdict, selon un journaliste de l’AFP.
A la sortie de l’audience, il a immédiatement dénoncé un procès « truqué », une « honte », et assuré que le « vrai verdict » tomberait le 5 novembre, jour de l’élection présidentielle.
Dans le parc devant le palais de Justice, des manifestants anti-Trump se sont congratulés lorsqu’ils ont appris le verdict.
Après deux jours de délibérations, les 12 jurés ont déclaré à l’unanimité Donald Trump coupable de l’ensemble des 34 délits de falsifications de documents comptables, destinées à cacher un paiement de 130.000 dollars à l’actrice de films X Stormy Daniels pour éviter un scandale sexuel à la toute fin de sa campagne présidentielle de 2016.
« Vous avez accordé à cette affaire l’attention qu’elle méritait », a dit aux jurés, la voix tremblante, le juge Juan Merchan, que Donald Trump a traité de « corrompu » hors du tribunal pendant tout le procès.
La peine sera prononcée le 11 juillet.
En théorie, Donald Trump encourt jusqu’à quatre ans de prison ferme, possiblement assortis d’une amende. Mais le juge peut aussi prononcer une peine de prison avec sursis probatoire, voire des travaux d’intérêt général.
Le verdict tombe en pleine campagne présidentielle, alors que se profilent le premier débat entre Donald Trump et Joe Biden le 27 juin et la convention républicaine à Milwaukee (15-18 juillet), où le milliardaire recevra officiellement l’investiture de son parti.
A cinq mois de l’élection, les conséquences de cette décision sur le scrutin sont difficiles à prédire, d’autant que le magnat républicain devrait faire appel.
D’après plusieurs sondages, une partie des électeurs favorables à Donald Trump pourraient désormais renoncer à voter pour lui. C’est la première fois qu’un ancien président des Etats-Unis est condamné par la justice pénale.
Mais depuis 2023, ses inculpations dans quatre affaires pénales distinctes et ses trois condamnations au civil, des ennuis judiciaires qu’il qualifie de « chasse aux sorcières » orchestrée par l’establishment démocrate, ne l’ont pas empêché de remporter haut la main la primaire de son parti.
Privé de campagne sur le terrain, Donald Trump s’est quand même servi de son procès pour capter l’attention médiatique, prenant la parole plusieurs fois par jour en dehors de la salle d’audience, flanqué de ses enfants ou d’élus républicains venus le soutenir.
Mais il a renoncé à témoigner durant son procès.
Pendant six semaines, les jurés ont plongé dans les coulisses de la campagne présidentielle de 2016, finalement victorieuse mais où la peur d’un scandale sexuel semblait omniprésente dans le camp Trump.
Stormy Daniels avait reçu, à quelques jours du scrutin, 130.000 dollars pour se taire sur une relation sexuelle qu’elle affirme avoir eue avec Donald Trump en 2006, quand il était encore un magnat de l’immobilier et du divertissement et qu’il était déjà marié à son épouse Melania.
Le témoignage de l’ex-actrice a été un des points d’orgue des débats. Elle a notamment raconté en détail cette relation sexuelle, selon elle consentie mais où le « rapport de force » était « déséquilibré ». Donald Trump nie que cet épisode ait eu lieu.
Les 130.000 dollars avaient été versés à l’actrice par l’ancien homme de confiance du milliardaire, Michael Cohen, devenu depuis son ennemi juré.
Quand ce dernier s’était fait rembourser en 2017, par plusieurs chèques signés de Donald Trump, alors à la Maison Blanche, les dépenses avaient été maquillées en « frais juridiques » dans les comptes de la Trump Organization.
Pour les procureurs, derrière ces falsifications comptables, « le coeur de (l’)affaire, (était) un complot et une dissimulation » pour gagner l’élection contre Hillary Clinton en 2016.
La défense avait balayé cette thèse, assurant que Donald Trump, devenu président, ne connaissait pas les détails de la paperasse quand il a rémunéré Michael Cohen.